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Violence sexuelle chez les pompiers : le déni de la hiérarchie
"Alizée*, y’a la place pour mettre deux bi*** entre ses cuisses !". Voilà un exemple de remarque auquel a dû faire face la jeune femme de 20 ans dont le rêve était d'intégrer la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Après avoir voulu mettre fin à ses jours, Alizée a décidé de briser le silence qui règne au sein de cette profession. Elle a raconté au Monde son calvaire. En tout, trois enquêtes ont été ouvertes pour des faits de harcèlements et d'agressions sexuelles. Deux d'entre elles concernent la caserne de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
Alizée a intégré la brigade des sapeurs-pompiers de Paris en juin 2016. Très vite, elle essuie des remarques sexistes et subit des humiliations. Elle décrit au quotidien son calvaire. "Tu es loin d'être dégueulasse, tu attires les regards", lui a dit un gradé. "Y'a un avion de chasse qui rentre à la brigade tous les deux ou trois ans. Tout le monde va vouloir te pécho", l'a prévenu un autre collègue. Elle dénonce bien les faits à sa hiérarchie, mais se voit qualifiée de "menteuse" et de "fouteuse de merde".
Violence sexuelle chez les pompiers : "Je ne fais pas l’autruche, c’est un fléau"
Ses supérieurs lui demandent ensuite d'aller consulter une psychiatre qui la déclare "inapte à exercer dans tout milieu militaire". Mais le calvaire n'est pas fini : le soir même, alors qu'elle se blesse sous la douche, un caporal vient lui désinfecter sa plaie. Elle détaille ensuite "la main sous le soutien-gorge, ses seins broyés, puis ces doigts qui la pénètrent". La jeune femme, pétrifiée, n'arrive pas à crier. À l'automne 2017, elle tentera de se donner la mort.
Après cet épisode, elle décide finalement de porter plainte. Une enquête est ouverte. Deux autres dossiers éclaboussent la brigade des sapeurs-pompiers. En mars 2018, deux femmes ont également porté plainte pour des faits de violences sexuelles à la caserne de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Sous le feu des projecteurs, le général Jean-Claude Gallet a réagi auprès du Monde : "Aujourd’hui, il est de ma responsabilité de détecter les signaux, pour taper tout de suite, et ne pas émettre un silence bienveillant qui laisserait croire que je cautionne ce type de pratiques. Je ne fais pas l’autruche, c’est un fléau, c’est inadmissible."
*Le prénom a été modifié
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