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La France, ce pays de contestataires
Des scènes de violences urbaines en plein cœur de la capitale, des voitures et des kiosques brûlés, l’avenue des Champs-Élysées à feu et à sang… Autant d’images qui ont fait le tour du monde lors des dérapages qui ont ponctué les manifestations hebdomadaires des Gilets jaunes en France, et plus particulièrement lors de la journée du 1 er décembre 2018 lorsque l’Arc de Triomphe a été vandalisé par une poignée de casseurs. Un bad buzz qui a renforcé "l’idée que la France est un pays où l’on manifeste", confirme Saskia Cousin, anthropologue et spécialiste du tourisme, à Planet, tout en soulignant que la nouveauté résidait dans "les images de violences policières".
Sans surprise, les premiers à subir les conséquences de ces scènes de violence ont été les professionnels du tourisme. D’après le Parisien, une baisse d’activité de 10 % a été enregistrée en région parisienne au mois de décembre 2018 par rapport à 2017. Selon l’INSEE, le taux de fréquentation hôtelière au premier trimestre 2019 était, lui, en repli de 2,5 % par rapport à l’année précédente. Pour autant, à en croire le baromètre de l’activité touristique du CRT Île-de-France, les opérateurs et professionnels du tourisme étaient 94 % à juger "bonne" leur activité en juin, et 60 % l’estimaient même supérieure à l’année précédente.
Pour Saskia Cousin, ces résultats encourageants sont la preuve qu’il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure. "Tous les printemps, les prévisions annoncent une saison maussade en raison des grèves, avant de se raviser pour annoncer des fréquentations au-delà des espérances. Accuser les manifestants ou grévistes de ruiner l’économie touristique est une antienne omniprésente mais totalement contredite par les faits et les chiffres", explique-t-elle en ajoutant que "les médias devraient s’interroger sur la dimension politique de ces accusations".
Les manifestations françaises, un sujet de photographie touristique à part entière
Et pour preuve, même les attentats de 2015 n’avaient pas durablement impacté le tourisme en France. Au pis, ils n’avaient été qu’un frein temporaire à l’activité touristique qui avait rapidement retrouvé des couleurs. "La capacité de résilience du tourisme est fascinante, détaille Saskia Cousin. Il faut arrêter d’être égocentré, et ne pas surestimer le niveau d’information des touristes concernant la France et son actualité, surtout s’ils vivent à l’autre bout du monde. Combien de touristes sont partis en Thaïlande en pleine période de manifestations, sans en avoir jamais entendu parler ? Le régime politique et l’actualité sociale intéressent peu les touristes car ils cherchent d’abord à faire correspondre la réalité avec leurs désirs."
Plus encore, les manifestations semblent désormais faire partie intégrante du folklore français. "Elles sont devenues, en elles-mêmes, un sujet de photographie touristique, abondamment relayé. De fait, ce n’est certainement pas les Gilets jaunes qui vont régler le problème du surtourisme à Paris", s’amuse la spécialiste. Alors, que les professionnels du tourisme se rassurent : la France n’est pas près de perdre sa place de première destination touristique mondiale !