De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Il y a une petite vingtaine d’années, la vie de Brigitte Cassigneul bascule, à l’orée de la retraite. Son époux décède soudainement. “J'avais 59 ans, nous confie t-elle. Comme il était aussi mon employeur, j'ai été brutalement mise au chômage. Cela a été un véritable tsunami.”
Pour autant, Brigitte refuse de se laisser aller et met tout en œuvre pour essayer de s’en sortir.
“J'ai donc décidé de chercher des "missions" tous azimuts, et c'est ainsi que j'ai pensé à être "mamie au pair"”, poursuit la retraitée.
Aujourd’hui, Brigitte Cassigneul a 78 ans et une vie remplie de souvenirs, glanés aux quatre coins du monde au gré de ses missions. Car non, la vie au pair n’est pas réservée qu’aux jeunes étudiantes !
“Il y a une demande partout dans le monde”, explique Brigitte, qui parle anglais et espagnol. Au départ, toutefois, elle a du mal à trouver ses premiers contrats. “Etant urbaine, je ne voulais pas aller à la campagne", nous raconte t-elle.Ses missions durent en général plusieurs mois, pas plus. ”Je ne m'engage pas pour de longues périodes : l'idéal est entre 3 à 6 mois, renouvelables”.
Mamie au pair : un “complément de retraite" avec ses avantages
Brigitte est adepte du système “demi-pair", c'est-à-dire qu’elle accepte de travailler pour le foyer environ 20 heures par semaine, en échange du gîte et du couvert. “Et je paie mon voyage!”, assure la septuagénaire. La situation lui permet de s’offrir un complément de revenu non négligeable. “Je n'ai pas de frais de nourriture, et comme je suis logée, je peux louer le duplex dont je suis propriétaire en France, et cela me permet de "doubler" mes revenus.
Mais dernièrement, Brigitte a eu la chance de se voir proposer, en plus, une rémunération pour ses services de “mamie au pair”. “Après le premier confinement, j'ai accepté une mission de 30h/semaine pour 200 euros par mois, car le contrat et les conditions étaient intéressantes (j’étais logée dans une très belle maison moderne d'architecte)”.
Mais surtout, cette activité est l’occasion pour Brigitte de vivre de nouvelles aventures. “Cela me permet de voir du monde, et de me sentir utile”, explique la retraitée.
“La seule limite est la "peur", maladie très française. Pour une personne active, le plus souvent une femme de plus de 60 ans (mais des hommes trouvent des missions avec une dominante de bricolage ...), c'est une super solution !”
Mamie au pair : des aventures autour du monde
Inde, Etats-Unis, Allemagne, Angleterre… La septuagénaire a visité, grâce à son activité de mamie au pair, de nombreux pays, et rencontré tout autant de familles.
Il y a quelques mois, elle est partie dans le Sud de l’Inde. “Je n'aurai jamais pensé partir en Inde toute seule, car je ne suis pas très attirée par l'Asie, mais les conditions étaient bonnes : j’étais logée et nourrie dans un logement indépendant, mon voyage et mon visa étaient payés et je recevais 200 euros par mois juste pour être "répétitrice" d'une enfant de 11 ans (pas de cuisine, ni ménage ni courses)...”. Elle a même raconté son aventure sur un blog.
De ses missions, Brigitte ne garde (presque) que des bons souvenirs. “Presque tous mes séjours ont été agréables”, relate-t-elle. “Mais une fois, en France, j'ai été mise à la porte au bout d'une semaine par un père de famille qui était un vrai "pervers narcissique" et martyrisait moralement son épouse. Il a même déposé plainte contre moi.”
En France, où elle vit en colocation avec des internationaux depuis toujours, la retraitée garde ses habitudes de “citoyenne du monde”. “J’ai ainsi rencontré plus d’une centaine de personnes en tout, et de plus de 20 nationalités différentes”, précise t-elle.
Aujourd’hui, Brigitte souhaite toutefois retrouver une vie plus tranquille. “J’aimerais devenir biographe pour compléter ma retraite sans trop de fatigue. Je me sens au “quatrième âge”, à plus de 75 ans, car je me fatigue et j'ai besoin de calme. Grâce à mon énorme carnet d'adresses et de contacts, j'aide aussi des femmes à trouver des compléments de retraite”, ajoute la septuagénaire.
"Que des enfants bien élevés" : les bons tuyaux de Brigitte, mamie au pair
En matière de séjour au pair, Brigitte n’a pas pour autant accepté pas n’importe quoi. Elle tenait à quelques critères, notamment concernant les enfants dont elle aura la charge. “Ils doivent avoir plus de 7 ans, car je ne suis pas à l’aise avec les bébés, et les trop jeunes sont fatigants pour moi”.
Elle s’assure également au préalable que les enfants sont bien élevés. “Par mail et au téléphone, je m’assure que nous avons, les parents et moi, quelques principes pédagogiques communs : un minimum de politesse : bonjour, au revoir, s'il vous plaît et merci, et un comportement qui fait qu'on range ce que l'on dérange !”.
Elle négocie ensuite son contrat s elon les modalités suivantes :
- un logement seul (une chambre indépendante fermant à clé) s’il s’agit de 10 heures par semaine,
- un logement et de la nourriture pour 20 heures par semaine
- un logement, de la nourriture et de l’argent de poche (variable) pour 30 heures par semaine.
Elle précise : “je demande aussi un document écrit très précis avant de prendre mon billet, et selon les cas, je demande le remboursement en train (en première classe) pour le retour. Je conseille aussi aux femmes qui veulent commencer à avoir un tiers de confiance ou, encore mieux, à passer par une agence”.
Pour trouver ses missions, Brigitte conseille les plateformes suivantes :
- aupair.com “Les deux sont payants, et très efficaces”, précise la retraitée.