Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
La colocation intergénérationnelle se développe de plus en plus en France. "Il s’agit pour les séniors de louer une chambre inoccupée de leur domicile à des jeunes. Ils peuvent ainsi dégager un revenu qui leur permet de continuer à vivre chez eux", nous explique Justine Renaudet, cofondatrice de Colette.
Créée en 2020, l’entreprise Colette, d’économie sociale et solidaire, sert d’intermédiaire aux séniors et aux étudiants intéressés par la cohabitation intergénérationnelle. Ce mode de colocation s’adresse aux personnes âgées de 60 ans et plus et aux jeunes de moins de 30 ans. Chacune des deux parties y trouve de nombreux avantages.
La cohabitation permet à la personne âgée de s’assurer une source de revenus supplémentaire mais aussi d’éviter l’isolement. "La plupart de nos hôtes vivent seuls et veulent une compagnie. Ils veulent aussi des revenus complémentaires, pour rester vivre chez eux et augmenter leur pouvoir d’achat."
La cohabitation intergénérationnelle serait la parfaite solution pour lutter contre l’isolement des personnes âgées. "Notre objectif est d’aider au maintien à domicile des séniors, le plus longtemps possible, dans les meilleures conditions possibles, donc en bonne santé. Et la santé passe par une vie sociale épanouie", explique Justine Renaudet.
Cohabitation intergénérationnelle : un loyer 35% moins cher pour les étudiants
Pour l’étudiant, la colocation permet de trouver un logement à prix modéré. "A Paris, le prix moyen d’une chambre Colette est de 580 euros par mois. C’est 35% moins cher que de louer un studio indépendant de 12m². Par ailleurs, tous les logements sont déclarés et donc éligibles aux Aides Personnalisées au Logement (APL), ce qui réduit encore d’une centaine d’euros le coût du loyer."
Il est possible de louer son logement n’importe où en France mais les villes étudiantes restent les plus plébiscitées. "Nous opérons particulièrement à Paris, plus généralement en Île-de-France, mais aussi à Lyon et à Bordeaux. Paris est un terrain d’expérimentation parfait pour la cohabitation entre génération : parce que les loyers sont très élevés et qu’il y a une forte tension sur le logement étudiant."
"On reçoit plus de demandes de jeunes à la recherche d’un logement que de séniors prêts à louer une chambre. Pour 1 chambre proposée, il y a 10 jeunes qui cherchent à se loger."
Et la tendance est à la hausse. "Il y a un boom, un intérêt de plus en plus important pour la cohabitation. Nous avons déjà accompagné 1 200 binômes. En 2020, lors de la première année de vie de l’entreprise, nous avons aidé une trentaine de personnes, en 2021 plus de 300 et en 2022 plus de 750", détaille la cofondatrice de Colette.
En quoi consiste la cohabitation intergénérationnelle au quotidien ? Comment louer ou devenir locataire grâce à ce dispositif ?
Colocation intergénérationnelle : un logement gratuit contre de petits services quotidiens ?
Encadrée par la loi depuis 2018, la cohabitation intergénérationnelle peut faire l’objet d’un contrat afin de déterminer les conditions de location. Dans certains cas, il est possible de se loger presque gratuitement en échange de services à la personne : faire les courses, bricoler ou encore jardiner.
"Il n’y a pas de logement contre service chez Colette, nous ne voulons pas d’un contrat trop engageant pour le jeune. Nous redirigeons donc les profils intéressés par ce type de contrat vers le réseau Cohabilis, qui fédère des associations. Via le réseau,des jeunes peuvent trouver des loyers très modiques en contrepartie de service rendu à l’hôte."
Pour les questions plus pratiques de vie quotidienne, toutes les locations sont encadrées par une charte officielle. "C’est un document qui est complété par l’hôte. Il renseigne toutes ses attentes mais aussi les règles à suivre dans le domicile. Par exemple, le fait que le jeune dîne avec lui un soir par semaine ou qu’il n’ait pas le droit de fumer dans sa chambre", présente Justine Renaudet.
Les craintes les plus fréquentes pour les futurs logeurs concernent leur indépendance et le partage de leur espace de vie. "Certains s’inquiètent de rester "maître à bord." On nous demande aussi s’il faudra s’occuper du jeune comme papa-maman…"
La relation entre les deux colocataires est très importante pour une cohabitation en harmonie. Certaines belles surprises peuvent avoir lieu.
Colocation intergénérationnelle : " Héberger un jeune change la vie"
"Nous avons des retours très positifs. De supers histoires d’amitié intergénérationnelle se créent. Certains séniors disent qu’on leur a sauvé la vie après le décès de leur conjoint ou après un divorce. Héberger un jeune change leur vie."
La grande majorité des cohabitations sont des réussites mais il peut y avoir des incompatibilités de caractère. "C’est très rare, mais au bout de 15 jours, on peut se rendre compte qu’il n’y a pas d’atome crochu. On oriente alors le jeune vers un autre hébergement et l’hôte accueille un nouveau locataire."
"Je conseillerai à toutes les personnes intéressées de faire confiance, d’oser. Une fois lancés dans cette aventure, nos colocataires se rendent compte que l’expérience est très enrichissante, qu’elle leur apporte beaucoup", conclut la cofondatrice de Colette.