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Marion, une adolescente de 13 ans, s’est suicidée en février dernier après avoir subi des harcèlements dans l’enceinte de son collège. Les parents, après deux plaintes, ont décidé, ce jeudi, de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile afin qu'un juge enquête.
La plainte déposée ce jeudi au tribunal de grande instance de Paris pour "violence", "menaces de mort", "provocation au suicide", "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en danger" par les parents de Marion, scolarisée au collège Jean-Monnet à Briis-sous-Forges (Essonne), est "une démarche pour les autres enfants et pour faire face au silence de l'Éducation nationale" explique Nora Fraisse, la mère de l’adolescente au micro d'Europe 1.
"Elle était attendue le lendemain au collège par les harceleurs pour lui faire la peau"
"Nous demandons la nomination d'un juge d'instruction pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé", précise-t-elle. "Nous avons, du fait de notre enquête personnelle, trouvé des preuves accablantes contre le collège, démontrant un grave dysfonctionnement. Nous portons également plainte contre les élèves qui sont nommés dans la lettre d'adieux de Marion" ajoute la mère.
Marion, la vieille de son suicide, avait écrit une lettre : "elle disait que sa vie a dérapé, a basculé. Personne ne l'a compris. Elle décrit les principales insultes, les principales menaces. Elle donne les noms des principaux harceleurs. Elle garde cette douceur et cette sensibilité qui la caractérisaient. Elle trouve les mots justes, les mots doux, malgré sa souffrance. Et elle nous dit adieu. Et elle remercie, elle dit : "Merci pour ceux qui m'aimaient pour ce que je suis et non pas ce que je ne suis pas", témoigne Nora Fraisse.
Le jour de son acte désespéré, l’adolescente a été violentée dans son collège. Elle a alors appelé ses parents, Marion disait vouloir rentrer chez elle. "Elle était attendue le lendemain au collège par les harceleurs. Pour lui faire la peau", affirme sa mère.
D'autres collégiens victimes de ces harceleurs
La mort de Marion n’a pas pour autant stoppé les harceleurs du collège. Nora Fraisse évoque le cas d'"une jeune fille, qui a été prise à partie à plusieurs reprises, qui a été bloquée dans les vestiaires également, avec un briquet et un déodorant en lui disant: ‘on va faire de toi un chalumeau'". "On espère que Marion ne sera pas morte pour rien et que son cas permettra à d'autres parents et aux institutions de prendre conscience qu'il se passe des choses très graves au sein de nos établissements scolaires", déclare la mère de Marion.
Les parents, qui avaient déjà déposé deux plaintes à la gendarmerie puis auprès du parquet d’Evry, ont décidé de saisir le tribunal d’instance de Paris afin "que chacun soit face à ses responsabilités". Les parents demandent des vraies sanctions pour ces harceleurs. "Ceux de Marion sont connus du collège et agissent en toute impunité", rappelle Nora Fraisse.
Des manquements de l'Education nationale
Selon leur avocat, Me Père, une double faute a été commise par l'administration dans cette affaire: "la première, d'ordre pénal, tient aux manquements de l'Education nationale à ses obligations de surveillance dans le collège. La seconde faute est morale car l'Éducation nationale nous oppose depuis le drame un silence dédaigneux".
"Je dis aux harceleurs : ce que vous avez fait est intolérable, inadmissible, inexcusable. Ça doit être sanctionné de manière très sévère. Il n'y a pas d'excuse de minorité. Quand on a 14 ans, que délibérément on pousse quelqu'un au suicide, on l'anéantit, on lui fait perdre l'estime de soi, et bien on se met face à ses responsabilités", dénonce la mère de Marion.
"Je peux vous dire aujourd'hui : 9 mois après le décès de Marion, aucun enseignant n'a pris contact avec nous. Aucun n'a donné un mot de condoléances", témoigne Nora Fraisse avant d’ajouter : "je dis aux enfants qui nous écoutent : si vous avez peur, dites-le. Si vous ne voulez plus aller à l'école, n'y allez plus ! Il vaut mieux rater une année d'école que rater sa vie".