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Les pires rumeurs qui circulent sur Rouen : de nombreuses fake news qui polluent les médias ?
"Prendre de la distance avec ses a priori", assure le sociologue des médias Jean-Marie Charon. Dans les colonnes de France Bleu Normandie, il revenait ce lundi 1er octobre sur les nombreuses fake news qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux et parfois reprises dans la presse après l’incendie de l’usine Lubrizol, à Rouen. Au menu ? Les images d’une grave explosion, qui tournait déjà dans la matinée du 26 septembre, mais aussi les photos d’oiseaux morts sur les quais de Seine ou celles de poissons morts qui auraient été aperçus à 45 kilomètres en aval du site classé Seveso.
Dans la plupart des cas, note le journal régional 76Actu dont le site Actu.fr reprend les informations, ces informations sont erronées. La vidéo de l’explosion a en fait été tournée le 12 août 2015, dans le Nord-Est de la Chine. Les images diffusées étaient en fait celles d’un grave accident survenu dans un entrepôt de produits chimiques, installé dans la zone industrielle de la ville portuaire de Tianjin. L’internaute a d’ailleurs déclaré avoir voulu "tendre un piège aux journalistes", précise France Bleu.
Quid des oiseaux et des poissons retrouvés morts après le sinistre ? D’abord, il est impossible d’affirmer que c’est la toxicité de l’incendie. "S’il y avait un risque de mort prématurée, elle interviendrait plusieurs jours après", explique d’ailleurs un membre de la ligue de protection des oiseaux, contacté par 76Actu. Attention aussi aux fausses photos : celle qui fait montre d’une route jonchée de cadavres d’oiseaux date de janvier 2011. Elle a été prise aux États-Unis d’Amérique, rappelle Le Monde. "Les spécialistes de la qualité des eaux de la Seine que nous avons joints était très dubitatifs", écrivent de leur côté les journalistes de France Bleu, au sujet des dépouilles de poissons.
Les pires rumeurs qui circulent sur Rouen : l’eau noire des robinets, les faux communiqués
Les fake news ne s’arrêtent cependant pas à quelques photos diffusées çà et là, alerte le journal local. Certaines sont autrement plus graves et ont d’ailleurs poussé l'État à porter plainte. C’est le préfet Pierre-André Durand qui a annoncé les intentions des autorités compétentes.
En cause ? Les faux communiqués de presse, qui ont parfois été amenés à usurper l’identité de l’Agence Régionale de Santé (ARS), mais aussi celle de la préfecture. Diffusés sur Facebook ou Twitter, entre autres, ils représenteraient un enjeu de santé publique, à l’heure où "71% des 15-24 ans s’informent sur les réseaux sociaux", indique le sociologue Jean-Marie Charon.
La très médiatique affaire de l’eau noire des robinets, pourrait elle aussi être une fake news. Comme le rappelle France Info, le temps que la préfecture se rende sur place, l’eau était redevenue normale et, dans tous les cas, un tel événement ne peut pas être imputé à l’incendie. "C’est totalement impossible, le matin même on a obstrué la totalité de la ventilation de nos châteaux d’eau", explique Eric Herbet, directeur de l’eau à la Métropole de Rouen.
Les pires rumeurs de Rouen : pourquoi les fake news prennent-elles ?
"On se souvient, en France, des affaires comme Tchernobyl, la crise de l’amiante ou encore le sang contaminé", commence le sociologue Jean-Marie Charon, pour France Bleu Normandie. Selon lui, la raison pour laquelle de telles fake news peuvent s’ancrer dans l’opinion est à chercher dans notre histoire.
"On a tout un passif où on a eu l’impression qu’on n’avait pas été informé correctement. Si on arrive sur les réseaux sociaux avec cet a priori et si on trouve des médias qui relaient dans un premier temps - et c’est normal - les messages des autorités, immédiatement des messages qui vont dans un sens différent vont susciter chez nous le doute", explique-t-il.