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Un vent de panique souffle par endroits. La France serait-elle prête en cas d’incident nucléaire ou même d’attaque sur une centrale en Ukraine ? À en croire la préfète de l’Oise, de nombreux élus se posent la question. Comme l’explique L’Oise Hebdo, Corinne Orzechowski, préfète du département, a invité les communautés de commune à se préparer en cas de nuage radioactif, en distribuant des comprimés d’iode à la population.
Nucléaire : se préparer en cas d'accident
Dans son courrier cité par le journal local, elle écrit : "J’attire votre attention sur la célérité avec laquelle cette distribution devra intervenir. Je vous recommande donc de formaliser cette procédure dans vos plans intercommunaux ou communaux de sauvegarde ou, à tout le moins, en élaborant une fiche réflexe". La préfète de l’Oise a-t-elle raison d’alerter les élus locaux au sujet d’un nuage radioactif ?
On peut avoir des accidents sur le territoire français ou en Europe
Christophe Quintin, inspecteur en chef de l’Autorité de sûreté nucléaire, explique à Planet que cette communication "n’est pas nécessairement liée à une attaque en Ukraine" et qu’il est de toute façon "nécessaire de se préparer à la distribution d’iode, car on peut avoir des accidents sur le territoire français ou en Europe". Certains réacteurs, notamment ceux qui fabriquent l’iode pour le domaine médical, pourraient en effet faire de petits rejets, dans l’Hexagone comme à l’étranger. "Des accidents après lesquels les Français auraient besoin de prendre l’iode peuvent exister, donc c’est important de pouvoir se préparer à ce type d’évènement", ajoute-t-il. Tout est prévu dans un plan, baptisé Orsec iode.
Que se passerait-il pour vous si ce plan était déclenché dans les prochaines semaines, les prochains mois ? Qui seraient les Français concernés ? Que devraient-ils faire ? On fait le point avec ce spécialiste.
Nucléaire : les Français concernés par le premier niveau du dispositif
Certains Français ont d’ores et déjà des stocks de comprimés d’iode stable, qu’ils peuvent aller chercher régulièrement à la pharmacie. Il s’agit des habitants situés dans une zone de 20 kilomètres autour des centrales nucléaires, listés par l’Autorité de sûreté nucléaire :
- Penly (Seine-Maritime)
- Paluel (Seine-Maritime)
- Flamanville (Manche)
- Saclay (centre de recherche) (Essonne)
- Dampierre-en-Burly (Loiret)
- Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher)
- Chinon (Indre-et-Loire)
- Belleville-sur-Loire (Cher)
- Civaux (Vienne)
- Blayais (Gironde)
- Golfech (Tarn-et-Garonne)
- Gravelines (Nord)
- Chooz (Ardennes)
- Cattenom (Moselle)
- Nogent-sur-Seine (Aube)
- Fessenheim (Haut-Rhin)
- Bugey (Ain)
- Grenoble (centre de recherche) (Isère)
- Saint-Alban (Haute-Garonne)
- Cruas-Meysse (Ardèche)
- Tricastin (Drôme, Vaucluse)
- Cadarache (centre de recherche) (Bouches-du-Rhône)
Comme l’explique Christophe Quintin, ces Français sont concernés par le premier niveau du dispositif, qui leur permet de récupérer des comprimés d’iode stable à chaque campagne auprès de leur pharmacien. Le deuxième niveau, lui, concerne l’ensemble de la population : "Les pouvoirs publics, dans tous les départements, ont des stocks d’iode stable pour toutes les situations où on pourrait être amené à demander aux populations françaises de prendre de l’iode".
Il peut s’agir "d’un nuage radioactif issu d’une installation en Europe, d’un réacteur en Ukraine, mais aussi d’un réacteur qui fabrique de l’iode dans les pays frontaliers", ajoute-t-il auprès de Planet. Dans ces cas-là, l’ensemble des Français seraient concernés… Voici ce qu’il se passerait pour vous.
Nucléaire : quels départements touchés en cas d'accident ?
En cas de nuage radioactif, tous les départements français pourraient être touchés ou seulement quelques-uns… En fonction de la météo. Christophe Quintin, inspecteur en chef de l’Autorité de sûreté nucléaire : "Le nombre de départements touchés dépendrait vraiment de la météo, un peu comme le nuage de Tchernobyl. On adapterait ça en fonction de la météo". Tout dépendra en fait du sens des vents, car il faudrait qu’ils aillent "d’est en ouest et ça n’est pas tous les jours, puisque la Terre tourne dans l’autre sens", précise-t-il à Planet.
On aurait plusieurs jours pour se préparer
En cas d’accident nucléaire, ou d’attaque sur un réacteur en Ukraine, l’Etat français aurait largement le temps de réagir. "C’est un nuage qu’on verrait arriver, il traverserait beaucoup de pays avant le nôtre et ils sont dotés de moyens de mesure fiable, comme l’Autriche et l’Allemagne. On aurait en réalité plusieurs jours pour se préparer", conclut Christophe Quintin.