Conçu dans l'urgence par l'Imprimerie nationale, le document officiel pourraient potentiellement mette en danger la "sécurité des Français". Ce que l'on sait.

La nouvelle carte d’identité, censée être davantage sécurisée, l’est-elle réellement ? Lancée en août dernier sous la houlette de Didier Trutt, PDG de l'imprimerie nationale (l’IN Groupe), et de la ministre de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, la CNIe, est, selon le gouvernement, un "titre robuste". Elle est d’ailleurs équipée pour la première fois d'une puce électronique "sécurisée", comme l’a imposée l’Union européenne aux États membres. Les normes de sécurité ont été fixées par l'Organisation de l'aviation civile internationale : plastique polycarbonate, composants électroniques biométriques, puce pouvant être lue "sans contact" comme une carte de paiement, empreintes digitales, photo, signes brillants… Une multitude de points a été exigée pour éviter la fraude, et fournir le meilleur niveau de sécurité aux concitoyens.

Or, en France, le ministère de l'Intérieur s'est chargé de la question, via l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), estime avoir manqué de temps.

Nouvelle carte d’identité : facilement falsifiable ?

"Le calendrier était extrêmement court, avec un délai de deux ans, qui a limité nos marges de manœuvre. Avec la crainte de potentielles sanctions financières de la Commission européenne si l'on ne respectait pas ce délai, et donc une difficulté pour les citoyens de se déplacer dans l'UE", admet un haut fonctionnaire place Beauvau au Figaro. Le support est tout de même être sécurisé, confectionné avec une encre sécurisée ainsi qu’un hologramme protégeant la carte. "Il n'y a pas de cahier des charges, juste quelques cases à cocher", se désole un expert du secteur.

Selon un expert industriel français, contacté par le quotidien économique, il n'y a "aucune innovation" dans cette nouvelle carte d’identité. Certains matériaux sont identiques au permis de conduire ou au titre de séjour européen (TSE), déjà "connus des faussaires". Il estime même que le QR code au dos de la carte, au format 2D-Doc, sera "facilement clonable". "N'importe qui pourra faire une photocopie", regrette-t-il. Malgré sa puce sécurisée, elle ne sera "90% du temps pas contrôlée", appréhende-t-il. "Pour ouvrir un compte, on vous demande une simple photocopie par exemple. Même chose pour contracter un prêt." L'État semble d’ailleurs réfléchir à une "V2" de la carte.

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Pour rappel, en 2020, près de 9000 personnes ont été arrêtées avec de faux papiers. 33 000 Français ont été victimes d’usurpation d’identité, lourde de conséquences : vol d'argent, fichage par la Banque de France, démêlés judiciaires… Les sénateurs auditionneront Marlène Schiappa sur ce dossier épineux ce mercredi 8 décembre 2021.