Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
La reine s’en est allée. Après plus de sept décennies de règne, Elizabeth II est morte, à l’âge de 96 ans, le jeudi septembre 2022. Elle s’est éteinte à sa résidence écossaise de Balmoral, ainsi qu’a eu l’occasion de l’écrire Planet, et la Grande-Bretagne fait encore aujourd’hui part de son deuil. Le protocole, d’ailleurs, est particulièrement strict à ce niveau. L’opération London Bridge, sur laquelle travaillent les autorités anglaises depuis des années, devrait permettre d’éviter tout accroc relatif à ce dernier.
Partout en Europe, sinon dans le Monde, le décès de la reine d’Angleterre provoque une onde de choc politique. En France, une série d’hommages est prévue, dont certains ont commencé le jour même de l’annonce de son trépas. Emmanuel Macron et ses équipes se sont, sans surprise, fendus d’un communiqué officiel. Le président devra aussi adresser un présent, ainsi que l’exige la tradition, au souverain nouvellement couronné. Plus important, peut-être, il a décidé d’exiger la mise en berne des drapeaux sur l’intégralité des bâtiments publics. Une manœuvre qui n’est pas sans déplaire à un certain nombre d’élus…
Drapeaux en berne pour Elizabeth II : pourquoi ces maires refusent ?
La demande, expliquent les maires qui refusent de mettre en berne le drapeau de leur mairie, est fondamentalement “incompatible” avec la République française. Le maire socialiste de Bourges (Centre-Val-de-Loire), Yann Galut, refuse de rendre hommage à un monarque, en tant que républicain, explique L’Express. “ rendre un hommage national dans toutes les mairies de France à un monarque, moi qui suis républicain, je suis dans l'incompréhension. Il doit y avoir une graduation dans l'hommage”, a-t-il ainsi déclaré, non sans estimer qu’une telle mesure ne touche pas assez son territoire et les habitants de sa ville pour justifier une telle réaction.
De quoi penser, dès lors, que le gouvernement en fait peut-être un peu trop ? Pas nécessairement.
Mort d’Elizabeth II : Emmanuel Macron en fait-il trop ?
Pour Christophe Bouillaud, enseignant-chercheur en sciences-politique à l’IEP de Grenoble (Sciences-Po), ce serait une erreur que de penser que la France en fait trop. “La reine Elizabeth II était la cheffe d’Etat d’un Etat ami, qui a participé au côté de la France à deux guerres mondiales. Elizabeth II elle-même a pris part à la deuxième, en tant que simple soldate. C’est un hommage logique et légitime compte tenu de notre histoire commune. Il s’agit de toute façon moins d’un hommage à la personne de la reine qu’à ce que celle-ci peut représenter : elle illustrait l’amitié franco-britannique des 70 dernières années, pendant lesquelles nos deux pays ne se sont pas affrontés. C’est important”, estime le politologue, qui n'hésite pas non plus à souligner combien la Grande-Bretagne a pu jouer un rôle décisif dans l’histoire récente de notre nation. “C’est cela que l’on honore”, soutient-il.
Et lui d’insister, pointant du doigt les intérêts politiques qu’Emmanuel Macron peut trouver à une telle démarche, soulevant d’autres éléments plus contemporains : “Le président de la République a tout intérêt à jouer la réconciliation avec la Première ministre du Royaume-Uni. Sur bien des points, cette dernière est à l’opposé de ses positions et c’est désormais l’occasion pour rétablir de bonnes relations”.
Mais peut-on seulement comprendre la fin de non-recevoir clairement opposée par certains édiles ?
Mort d’Elizabeth II : que répondre aux élus qui refusent de mettre leur drapeau en berne ?
Le refus affiché par certains maires, juge Christophe Bouillaud, traduit parfois certaines lacunes en matière d’histoire géopolitique. Dans certains cas, il se nourrit peut-être même d’une conception nationaliste qu’il juge étriquée. Pour autant, cette fin de non-recevoir n’est pas (toujours) sans fondement : elle peut aussi résulter d’une démesure… du côté des médias et tout spécifiquement des chaînes d’information en continu.
“A mon sens, deux grandes raisons expliquent une telle réaction de la part des édiles. D’une part, elle témoigne d’une certaine vision républicaine, très ancrée dans le XIXème siècle. Celle-ci les pousse à penser qu’honorer un monarque, ou ce qu’il est susceptible de représenter, est toujours une mauvaise chose. Du reste, il peut aussi y avoir une volonté de prendre le contre-pieds des médias audiovisuels qui en font beaucoup trop et parlent du sujet en des termes particulièrement répétitifs”, estime en effet l’universitaire.