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La crainte des coupures cet hiver est dans tous les esprits, alors que les températures ont (enfin) entamé leur chute saisonnière. Depuis plusieurs mois, le gouvernement s’applique à mettre en œuvre un vaste plan de “sobriété énergétique”, encourageant les ménages français à faire davantage attention à leur consommation cette année. Car la situation est critique : en France, la plupart des réacteurs d’EDF sont à l’arrêt, tandis que le prix du gaz explose à cause de la guerre en Ukraine et que la sécheresse a drainé les barrages.
En cas de pic de consommation, cet hiver, RTE, le gestionnaire du réseau électrique, ne pourrait dès lors n’avoir d’autre solution que de couper le courant dans certains foyers. C’est le principe des “délestages tournants” évoqués par Elizabeth Borne il y a quelques semaines. Concrètement, l’électricité pourrait être coupée, pendant deux heures, à l’échelle d’une ville ou d’un quartier, de 8h30 à 13 heures, ou de 17h30 à 20h30.
Hiver 2022-2023 : un risque de coupures bien réel
Ces mesures sont avant tout dépendantes de la météo de cet hiver. Mais les chances d’y échapper sont minces, selon plusieurs acteurs du secteur. “Si nous avons un hiver normalement froid, ou très froid, nous ne pourrons pas nous passer de délestage", soulignait le secrétaire du comité social et économique d’EDF le 13 octobre.
"Si cet hiver, une grande ville européenne devait se retrouver plonger dans le noir, ce sera certainement Paris. Parce que la France fait face à un Waterloo électrique", commentait encore Javier Blas, reporter spécialiste de l’énergie chez Bloomberg.
Dans les mémoires, le souvenir de l’hiver 1978, au plus fort de la crise pétrolière, est encore vif : il s’agit, pour les pouvoirs publics, d’éviter un tel fiasco.
Cette année-là, le 19 décembre, le pays a vécu dans le noir, pendant plusieurs heure s : le black-out a provoqué une pagaille sans précédent.
Le black-out de 1978, 4 heures d’angoisse et de paralysie
Le matin du mardi 19 décembre 1978, il fait assez froid. Noël approche. A 8h27, alors que les commerçants s’apprêtent à lever le rideau, les trois quart du pays sont soudainement plongés dans le noir le plus complet.
La surconsommation des ménages a entraîné une surcharge électrique dans un poste EDF du côté de Nancy.
“Il a suffit qu’un gros câble saute pour qu'automatiquement, on coupe. Comme il se passe dans un appartement, quand on met trop d'appareils à la fois, brusquement le disjoncteur saute”, expliquait . Marcel Boiteux, directeur général d’EDF à l’époque.
L’Est de la France, en partie alimentée par l’Allemagne et l’Italie, est la seule région épargnée par le black-out.
Ailleurs, c’est la panique.
Les trains, les métros, sont à l’arrêt, les ascenseurs tombent en panne, les feux tricolores ne tournent plus. Certains hôpitaux, faute de générateur, ferment leurs portes.
De nombreux français sont privés de chauffage, certans sont coincés chez eux, au 15ème étage, sans moyen de communiquer avec l’extérieur.
A Paris, c'est le chaos dans la rue : les gens se ruent dans les bus et les taxis, les embouteillages paralysent la ville.
La situation va durer plusieurs heures. Aux alentours de midi, le courant commence progressivement à revenir. Bien heureusement, il y aura plus de peur que de mal…
Reste que, dès le lendemain, les Unes des journaux s’emparent de l'événement : “La France court-circuitée”, titre La Nouvelle République, “La vie économique s’arrête”, note Le Figaro, “La France a disjoncté”, commente Le Républicain Lorrain…
C’est la plus grande panne électrique de l’histoire du pays. Mais pas la seule.
1987, 1999… Les autres black-outs qui ont frappé la France
Un peu moins de dix ans plus tard, la France sera à nouveau touchée par un incident électrique majeur.
Lundi 12 janvier 1987, alors qu’une vague de froid traverse le pays, trois groupes de production de la centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique) disjonctent, provoquant des coupures dans l’Ouest et à Paris.
La Bretagne se retrouve entièrement dans le noir, pendant une demi-heure, tandis que la Normandie, les Pays de la Loire et la région parisienne sont partiellement délestées.
Dans la foulée, “Afin d'éviter que toute la France ne se trouve privée d'électricité, comme lors du "mardi noir" du 19 décembre 1978, la direction d'EDF a dû procéder à des délestages importants et "iloter" plusieurs centrales”, relate Le Monde à l’époque.
Le 27 et 28 décembre 1999, deux tempêtes d’une rare intensité frappent l’Europe de plein fouet. En France, le vent détruit 23 000 poteaux électriques et pylônes haute-tension, et provoque l’arrêt de 3 centrales nucléaires. 3,6 millions de foyers sont privés d’électricité. C’est la pire destruction jamais subie par le réseau électrique français. Il faudra près de 3 semaines pour le rétablir entièrement.
Si une tempête d’une telle ampleur n’est pas encore au programme cet hiver, se pourrait-il qu’à l’image de décembre 1978 et janvier 1987, un black-out imprévu paralyse le pays cette année ?
Aujourd’hui, une telle situation pourrait-elle se reproduire ?
I nternet, réseaux, technologie… Une telle panne généralisée pourrait avoir des conséquences bien plus lourdes encore qu’au siècle dernier.
Pour l’heure, les pouvoirs publics mettent tout en place pour éviter le pire. Au besoin, les délestages tournants pourraient venir soulager la tension sur le réseau. En 1978 et en 1987, c’est en décembre et en janvier qu’on eut lieu les pannes. Traditionnellement, ce sont en effet les mois les plus froids de l'année.
Toutefois, les dernières prévisions de Météo France, en la matière, sont assez rassurantes. Selon l’institution, les températures devraient se rapprocher des normales de saison, voire même, être supérieures, dans la continuité d’un automne assez doux.
Mais une inconnue subsiste : la France n’est pas à l’abri de "coups de froid", et ces perturbations ne peuvent être anticipées que quelques jours à l'avance.