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Le silence est un mot d'ordre au sein de cette communauté. Basée dans l'Est de Paris, la Famille est composée de quelque 3 000 membres pour seulement huit patronymes, informe Le Parisien. Très investie religieusement, elle existe depuis le XVIIIe siècle et fait aujourd'hui l'objet d'une note d'information venant de de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
L'organisme s'intéresse non seulement à la potentielle secte que représente la Famille, mais également aux retombées psychologiques pour les enfants. Jusqu'à présent, le groupe était inconnu, mais d'anciens membres ont accepté de témoigner sur ce qu'ils ont vécu pendant de nombreuses années.
Tout d'abord, il semble important de préciser que la Famille est un mouvement religieux. Elle a établi de multiples règles au fil des siècles pour mener, de nos jours, au conditionnement de la vie des personnes nées en son sein. De ce fait, les individus qui en font partie se marient entre eux. La consanguinité y est donc récurrente.
De nombreux enfants handicapés
"Avec ma femme, nous avions trois arrière-grands-parents communs, et nous ne nous considérions pas comme tel (ndlr. cousin)", explique Alexandre (nom d'emprunt), un ancien membre de cette communauté interrogé par le quotidien régional. "Mes cousins germains, mariés, ont eu cinq enfants", ajoute Pauline, une autre dissidente qui s'est confiée au Parisien. "Deux sont morts en bas âge et trois sont handicapés. Mais pour eux, c'est la volonté de Dieu…"
Cette situation entraîne effectivement la naissance d'enfants malades ou handicapés. Un énorme problème jusqu'à peu, puisque la Famille interdisait à ses membres d'avoir recours aux soins. Pour elle, il s'agissait d'une volonté de Dieu.
Heureusement pour eux, le manque de moyen financiers a incité plusieurs familles à accepter par exemple la reconnaissance de leurs enfants handicapés par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Mais ce repli sur soi-même entraîne d'autres problèmes comme l'interaction avec l'extérieur...
Des enfants similaires dans les écoles
Si la Famille limite autant que possible le contact hors communauté, une majorité d'adeptes optent tout de même pour la scolarisation de leurs enfants dans les écoles, souligne Le Parisien. Cependant, rien n'est fait comme tout le monde. Souvent, les parents les laissent dans les strictes limites légales de l'âge obligatoire. Évidemment, la présence de plusieurs enfants aux noms identiques a fini par éveiller les soupçons.
"J'ai demandé à mes enfants si ceux-là en faisaient partie, et j'avais vu juste : ils se ressemblent tous beaucoup, surtout les filles", indique Suzanne, extérieure à la Famille, qui a fait des recherches généalogiques. "Les mêmes cheveux blonds, le même regard, et aussi la même posture, différente de celle des ados de leur âge, toujours un peu sur la réserve", décrit-elle encore pour le journal régional.
"Je n'allais jamais à la cantine"
Les directeurs d'école semblent même au courant d'après le témoignage de Patricia,une des femmes à avoir rompu avec le groupe. Mais nombre d'entre euxvoient ce phénomène d'un bon œil, car "cela apporte de la mixité dans un secteur qui en a besoin", souligne un parent d'élève d'une école élémentaire du XXe arrondissement.
La plupart du temps, ces enfants restent entre eux et sont régulièrement rappelés à l'ordre par leurs aînés, indique encore Le Parisien.
"J'ai compris très vite que je n'étais pas comme les autres enfants", confie Céline, une trentenaire en ajoutant : "Je partais de chez moi le plus tard possible pour rester le moins longtemps possible dans la cour. Je n'allais jamais à la cantine, et je n'avais pas le droit d'aller chez mes copines". Une fois de plus, la justification passe par la volonté de Dieu, qui estimerait que "les autres sont dans l'erreur". Briser ce système qui se perpétue depuis des siècles semble donc être très complexe.
Des crimes au sein de la Famille
Même s'il s'agit d'une étape cruciale vers l'émancipation de ces jeunes, nombreux encore sont ceux qui témoignent positivement quant au fonctionnement de cette communauté religieuse. Mais d'un autre côté, des abus sexuels intrafamiliaux ont lieu, d'après certains témoignages.
"J'ai été violée par mon propre frère", dénonce Pauline, auprès du Parisien. "Ma mère l'a toujours soutenu. Il ne fallait pas faire d'histoire. C'est pour cela que je suis partie…" Des crimes qui ne sont jamais jugés, puisque la Famille s'en remet à la volonté de Dieu pour régler ses problèmes...