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La semaine dernière, un jeune homme de 19 ans a perdu la vie au cours d’une fusillade. Deux jours plus tôt, deux autres escarmouches avaient éclaté dans le centre-ville, sans faire de victime. Trois fusillades en trois jours, pour les Grenoblois, la coupe est pleine.
Le dimanche 21 juin, jour de la fête de la musique, plusieurs habitants se sont réunis dans le quartier Saint-Bruno, particulièrement touché par la délinquance, à l’appel de la mairie, qui voulait condamner "la privatisation de l’espace public par des petits groupes d’individus violents".
Sur place, le maire (EELV), Éric Piolle, a subi les foudres de plusieurs habitants venus signifier leur agacement face à cette situation. "Vous savez où sont les armes !", a lancé une manifestante au maire et à son adjointe à la tranquillité publique, Elisa Martin, qui a répondu par un "non, je ne sais pas". "Si, vous le savez. Elles sont là dans une cave, vous attendez quoi ? Un jeune est mort hier soir. Vous ne faites rien. On vous a élus !", a-t-elle fait entendre. "On a laissé faire. Regardez où on en est aujourd’hui… On les voit tous les jours faire leur trafic dans les rues, sous nos fenêtres et il ne se passe rien", dénonça encore un autre.
Une longue série de faits divers
Pour comprendre l’exaspération des Grenoblois, il faut savoir que les trois fusillades intervenues la semaine dernière sont le point d’orgue d’une multitude de faits divers survenus récemment. Ce vendredi, on apprend encore qu'une rixe au couteau a eu lieu dans le tristement célèbre quartier Saint-Bruno.
Le 31 mai, le Dauphiné rapportait le cas d’une fusillade place Bir-Hakeim, en plein centre-ville ; le 5 avril, celui d’un homme d’une vingtaine d’années poignardé dans le ventre ; le 31 mars, l’histoire d’un habitant d’une cité dont l’appartement a été criblé de balles après qu’il a voulu faire arrêter les rodéos en scooter d’un jeune du quartier ; le 13 mars, le cas d’un jeune de 16 ans blessé par balle à la poitrine, etc.
Signe que les armes à feu circulent tranquillement à Grenoble, le 18 juin dernier, un fusil de calibre 12 a été retrouvé caché dans un buisson du quartier d’Echirolles, au sud de Grenoble. Quelques jours avant, une autre découverte d’un revolver caché dans un buisson aurait pu virer au drame. En effet, deux enfants âgés de 9 et 11 ans tombèrent sur l’arme et l’un deux, voulant vérifier s’il s’agissait d’un jouet, a appuyé sur la détente de l’arme qui était chargée. Par chance, les deux coups de feu n’ont fait aucun blessé dans le parc fréquenté par des enfants.
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Rappelons qu’en mai 2013 aussi, un pistolet mitrailleur en état de marche avait été retrouvé dans un local à poubelles de ce même quartier de Grenoble. Enfin, le 16 juin dernier, la police grenobloise mettait la main sur plus de 100 000 euros, de la drogue et un arsenal d’armes de guerre au domicile d’un habitant du quartier du Lys-Rouge.
Grenoble, une ville gangrenée par le trafic de drogue
Depuis des décennies, la ville est la proie de bandes rivales qui s’arrogent des territoires et n’hésitent pas à s’éliminer entre eux pour défendre leur zone d’influence. "Le trafic à Grenoble est organisé selon un modèle très clair, celui de la Camorra, née au XIXème siècle à Naples, indique au Figaro Pierre Tholly, responsable du syndicat policier Alliance dans la région. C'est exactement comme dans la série Gomorra, qui raconte la guerre entre deux bandes mafieuses à Naples pour avoir la mainmise sur l'ensemble des trafics de la ville."
"Utiliser une arme est devenue à Grenoble un acte banal, explique Pierre Tholly, un passage presque obligé dans la défense d'un territoire dans le cadre d'un trafic de stupéfiants (…) A Marseille, on dénombre quasiment un mort par semaine. Ici, c'est la poudrière, et on n'en est plus si loin."
En 40 ans, ces règlements de compte ont fait plus de 200 morts.
L’opposition dénonce le laxisme de la mairie
A droite, on dénonce le laxisme du maire écologiste de la ville, Éric Piolle qui se déclare ouvertement opposé à la vidéosurveillance. La section locale des Républicains a d’ailleurs lancé une pétition pour enjoindre le maire à revoir sa copie sur la vidéosurveillance et pour un renforcement de la police municipale. Pétition signée à ce jour par plus de 1 500 personnes.
Du côté du Front national, Mireille d’Ornano, conseillère municipale de Grenoble et eurodéputé, estime que "la situation atteint un point de non-retour". "Le pouvoir des fleurs selon Éric Piolle est inefficace pour combattre l’insécurité.", analyse-t-elle.
Du côté de la mairie, on rejette la faute sur l’Etat
Interpellé par les Grenoblois, le maire écologiste de la ville a rejeté la faute sur l’Etat : "On a perdu 120 hommes (dans les effectifs policiers) en l'espace de dix ans. On travaille aujourd'hui dans la meilleure coordination possible de nos moyens (...) On ne doit pas confondre nos missions et celles de l'Etat.", a-t-il fait savoir.
"II ne faut pas penser que l’on réglera les trafics si l’État ne met pas les moyens, c’est une responsabilité collective. La sécurité publique, c’est la question de l’État, moi je ne suis pas shérif, ni cow-boy.", a encore répondu le maire à une habitante.
Pour Éric Piolle, l’accent doit être mis sur "la prévention, la répression et travailler sur les causes", plutôt que sur la vidéosurveillance réclamée par certains habitants et dont le maire a toujours été un opposant.
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