Une conductrice a saisi le Conseil d'État après avoir reçu une contravention pour stationnement. Et la juridiction lui a donné raison. Explications.
Le gaz de schiste, qu'est-ce que c'est ?
Le gaz de schiste est un gaz naturel, situé sous terre, comme le gaz que nous utilisons au quotidien. Il peut servir à se déplacer et à se chauffer. Mais contrairement au gaz dont nous nous servons, le gaz de schiste ne se trouve pas concentré dans des poches souterraines, mais enfoui profondément dans la pierre de schiste.
Cette réserve de gaz naturel, présente sous toute la surface de la terre, a toujours fait rêver pour lutter contre la suprématie de la Russie et des pays du Golfe. Cependant, jusqu'à peu, on avait toujours considéré que son exploitation allait coûter beaucoup trop cher. Aujourd'hui, avec la diminution des réserves d'hydrocarbures et la flambée des prix du gaz et du pétrole, cette solution devient envisageable.
Comment extrait-on le gaz de schiste ?
L'exploitation du gaz de schiste a un coût ! En effet, il n'est pas aussi simple à extraire que le gaz naturel classique. Pour ce dernier, un simple forage vertical suffit à vider la poche souterraine du précieux gaz. Pour le gaz de schiste, c'est plus compliqué : réparti en de nombreuses petites poches dans la pierre, son extraction nécessite une percée verticale à plus de 2 000 mètres de profondeur, puis la propulsion horizontale de millions de litres d'eau, de sable et de produits chimiques. C'est ce qu'on appelle la "fracturation hydraulique", technique mise au point par Halliburton, un grand groupe d'armement du Texas.
Le gaz de schiste joue aujourd'hui un rôle très important dans l'approvisionnement énergétique des Etats-Unis. On s'attend même à ce que ce gaz représente la moitié de la production de gaz naturel du pays d'ici à 2020.
Depuis le printemps 2010, sur accord de l'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, le groupe Total et le groupe américain Schuepbach (venu apporter sa technique au groupe français) ont l'autorisation d'exploiter 9 672 km² du sous-sol du sud de la France, dans le Larzac, la Drôme, les Cévennes et l'Ardèche.
Quels effets néfastes ?
La pratique de la "fracturation hydraulique" inquiète beaucoup. En effet, extraire le gaz de schiste pourrait avoir de graves conséquences sur les ressources en eau de la planète. Quelques chiffres suffisent à en prendre conscience : pour chaque fracturation hydraulique, il faut compter 7 à 15 millions de litres d'eau propulsés. Chaque puits peut connaître jusqu'à 14 fracturations. En tout, chaque puits peut donc recevoir jusqu'à 210 millions de litres d'eau... La moitié seulement serait récupérée, le reste stagnerait et s'intègrerait à la nappe phréatique.
Il ne faut pas oublier non plus que ces exploitations nécessitent de nombreux transports : on considère que 200 allers-retours de camions transportant des matériaux, de l'eau et du gaz sont nécessaires pour chaque fracturation.
Lorsqu'on observe la carte satellite du Garfield County, dans le Colorado aux Etats-Unis (ci-dessous), impossible de ne pas remarquer tous ces points blancs, situés à 200 mètres les uns des autres, désignant tous un emplacement de puits. 210 millions de litres d'eau pour chaque point, 200 allers-retrours pour chaque point...
Et que dire des produits chimiques utilisés lors de la "fracturation hydraulique" ? Ces produits, mélangés à l'eau et au sable, seraient en réalité dangereux pour l'environnement et les êtres vivants.
Déjà des inquiétudes en France
Bien que les groupes Total et Schuepbach possèdent officiellement l'autorisation de forer dans le sud de la France, l'exploitation n'a pas encore commencé sur le sol national. Cependant, certains politiques commencent déjà à exprimer leurs craintes. Fin 2010, José Bové et Corinne Lepage, députés européens, ont demandé une étude relative à l'exploitation du gaz de schiste en France et ses conséquences sur les ressources en eau et la pollution des nappes phréatiques par les hydrocarbures. Des manifestations contre l'exploitation du gaz de schiste ont également eu lieu dans le sud de la France.
Devant les inquiétudes exprimées, le ministre de l'Energie, Eric Besson, et la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, ont demandé en février dernier qu'un rapport soit effectué. Celui-ci devrait être publié le 31 mai prochain. Les permis d'exploration ont été suspendus jusqu'à la fin 2011.
Sans attendre les résultats, certains dénoncent déjà la violation de l'article 27 du Grenelle de l'environnement (signé par Jean-Louis Borloo lui-même). En effet, alors que celui-ci vise à protéger les sources d'eau potable, la région choisie pour les premiers forages est justement une région qui souffre d'une grande sécheresse depuis plusieurs années.
Le 13 avril dernier, lors des questions posées à l'Assemblée nationale, François Fillon a décidé d'annuler toutes les autorisations d'exploitation du gaz de schiste en France, mais sans fermer définitivement la porte des recherches dans ce domaine.
L'exemple des États-Unis
Exploitant le gaz de schiste depuis plusieurs années, les Etats-Unis ont déjà du recul quant aux conséquences de ces extractions.
L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a déjà sorti plusieurs rapports sur le sujet. Des rapports inquiétants repris par le New York Times
Selon ces rapports, l'extraction aurait de graves conséquences sur la santé humaine et l'environnement. Ainsi, l'un des rapports attaque gravement le non-traitement des eaux usées qui "contiennent souvent des sels hautement corrosifs, des cancérogènes comme le benzène et des éléments radioactifs comme le radium".
Le quotidien américain ajoute que l'on trouve dans ces eaux un taux de radioactivité 100 à 1000 fois supérieur au niveau maximum autorisé. Ces eaux, qui passent par des stations d'épuration non habilitées à les traiter, sont ensuite rejetées dans les rivières qui procurent l'eau potable.
Le New York Times révèle également la situation de l'Etat du Texas, où 93 000 puits d'exploitation de gaz de schiste ont été forés. Dans les hôpitaux, on remarque qu'un enfant sur quatre est atteint d'asthme, contre seulement 7 sur 100 avant le début des extractions.
Des contrôles effectués chez certains habitants démontrent que l'eau de leur robinet contient des traces des mêmes produits chimiques que ceux utilisés lors des "fracturations hydrauliques". Depuis quelques temps circule sur Internet une vidéo effrayante, dans laquelle un homme approche un briquet de l'eau qui sort de son robinet, provoquant un embrasement de l'eau polluée au gaz de schiste.