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"Il n’y a aucune violence qui soit éducative", affirmait Marlène Schiappa, alors Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, en 2019. La femme politique, qui s’exprimait dans les colonnes du Parisien, défendait à l’époque la nécessité de voter un nouveau texte de loi ; que les Françaises et les Français connaissent visiblement assez mal. Pour beaucoup, ce projet législatif aurait pu être décrit comme la "loi anti-fessée". Mais en pratique, elle couvrait bien plus que ce seul geste d’humeur désormais interdit.
Plusieurs notions ont pu pousser le gouvernement à se mobiliser pour transformer le rapport des parents aux enfants - ou, au moins, à leur éducation. L’impact de ces violences, indique encore Le Parisien, peut s’avérer dramatique pour le bon développement des petits qui y sont exposés. "L’apport récent des neurosciences nous apprend les effets psychiques désastreux de certains modes d’éducation et les effets à long terme que cela peut avoir sur l’individu en termes d’estime de soi ou de difficultés relationnelles avec les autres", estime en effet Catherine Salinier, pédiatre et membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), interrogée par nos confrères.
Violences éducatives ordinaires : mais de quoi parle-t-on au juste ?
Naturellement, toutes les "violences éducatives ordinaires" ne se valent pas. Il en est des plus dangereuses que d’autres, poursuit le quotidien francilien. "Il y a bien sûr une hiérarchie dans les violences et ce qui cause des dégâts, c’est leur régularité. Nous ne voulons pas culpabiliser les parents mais les aider à changer leur comportement", juge pour sa part Vincent Dennery, directeur de la Fondation pour l’enfance.
Parmi les conséquences exactes de ce type de traitement figurent notamment des "névroses ultérieures" qui "paralysent les mécanismes d’apprentissage", résume le site universitaire Cairn-Info, qui a mené son étude sur la question. Il évoque des "impacts psychologiques et neurologiques" de ces modes pédagogiques potentiellement délétères.
Aujourd’hui, la fessée est interdite en France. Elle n’est cependant pas sanctionnée sur le plan pénal et ne fait l’objet d’aucune amende. Plus inquiétant, peut-être : une partie conséquente des parents ignorent ce qui s’apparente ou non à une violence éducative. Face à cette nouvelle grille de lecture, peut-on encore trouver des parents qui "éduquent bien" leurs enfants ?
Fessée, gifle… Les parents savent-ils vraiment ce qui constitue une violence dite "éducative" ?
En France, un tiers des parents ignorent qu’ils n’ont théoriquement plus le droit de gifler ou de fesser leur enfant. Ils sont plus nombreux encore à ne pas savoir précisément ce que sont où ne sont pas les violences éducatives, poursuit Le Parisien. Le quotidien francilien se base sur les informations de la Fondation pour l’enfance, qui organise actuellement une campagne pour dénoncer cet état de fait.
En pratique, l’interdit va bien plus loin que la seule fessée ou la petite claque. Il ne se limite même pas aux seules brimades physiques : toutes les violences "psychologiques ou verbales" sont aussi bannies. Elles recouvrent les diverses formes d’humiliation, les éventuelles insultes ou le possible chantage affectif auquel certains parents ont recours. Ils peuvent aussi être dommageables au bon développement de l’enfant, assure l’AFPA.
Dès lors, l’infliger à son petit reviendrait théoriquement à l’exposer au risque de traumatismes précédemment évoqués… Ce que contestent avec véhémence les opposants à ce nouveau mode de lecture des relations parents-enfants.
Élevait-on mal les enfants par le passé ?
"C’est admis en France depuis des millénaires qu’on peut frapper les enfants. Mais ce n’est pas parce qu’on l’a fait avant, qu’il faut continuer ! Désormais, on dira clairement que tout coup porté à un enfant est une violence dont on ne doit pas user au sein de la famille: grâce à la loi, on va faire bouger la tolérance de la société", tonnait pour sa part le Dr Lazimi, coordinateur des campagnes anti-violences en 2019, dont les propos étaient notamment repris par le quotidien local L’Alsace.
Nombreux sont ceux qui n’adhèrent pas à cette façon de voir les choses et qui contestent la gravité supposée de tels gestes. Ainsi, pour Bernard Golse, pédopsychiatre à l’hôpital Necker en 2019, cette loi est "grotesque". "C’est de la démagogie sécuritaire pour se donner bonne conscience. Comment trouver la frontière entre une fessée grave, qui relève de la maltraitance et contre laquelle il existe déjà des lois, et une petite tape punitive? Où on met le curseur?!", questionne-t-il notamment.
Faut-il donc s’interdir toute remarque ou toute tape - légère, s’entend - à ses enfants pour ne pas prendre le risque de les brusquer ? Possiblement. En pratique, la situation est plus nuancée, de l’avis des parents… comme des associatifs.
"Beaucoup de parents tentent déjà d’appliquer cette loi sans connaître son existence et savent que les gifles, c’étaient dans le monde d’avant. Mais les confinements à répétition ont accentué la détresse de certains d’entre eux qui manquent de conseils pratiques", juge Catherine Salinier, qui les invite donc à se renseigner sur les alternatives.