CoVid-19 : que se passera-t-il si les Français refusent de se faire vaccinerIstock
Le président de la République n'entend pas rendre le vaccin anti-coronavirus obligatoire. Pour autant, seuls 20% des Françaises et des Français déclarent être prêts à se faire vacciner dès que possible…
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"Nous commencerons vraisemblablement dès fin décembre, début janvier, sous réserve de validation par les autorités sanitaires, par vacciner les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées", a déclaré le président de la République, lors son allocution télévisuelle du mardi 24 novembre 2020. Il y a détaillé les modalités de déconfinement, certes, mais pas seulement : le chef de l’Etat, rappelle le Huffington Post,  s’est aussi attardé sur les campagnes de vaccinations nécessaires au recul de l’épidémie. Emmanuel Macron entend les lancer aussi vite que faire se pourra. "Je veux être clair, je ne rendrais pas la vaccination obligatoire", a-t-il néanmoins précisé, expliquant qu’il souhaitait que la lutte contre le CoVid-19 se fasse "de manière claire, transparente, en partageant à chaque étape toutes les informations, ce que nous savons comme ce que nous ne savons pas".

Le fait est néanmoins, que bien des Françaises et des Français ne sont pas convaincus par les vaccins qui pourraient bientôt être présentés sur le marché. D’après un sondage BVA exclusif pour Europe 1, seuls 20% d’entre eux envisagent véritablement de se faire vacciner aussi vite que possible. Les autres, s’ils n’ont pas tous refusé clairement et simplement le vaccin, disent craindre les effets secondaires et s’inquiéter de la rapidité de la conception de ces produits. Pour la radio, il s’agit d’ores et déjà d’une bonne nouvelle, notamment en raison du discours global anti-vaccin et de la défiance dont la population à pu faire preuve à l’égard de la gestion sanitaire de la crise CoVid. Cela ne signifie pas qu’une telle situation soit sans risque, note pour sa part Gérard Dine, médecin biologiste des hôpitaux, professeur associé en biotechnologies à l'École centrale de Paris et ancien directeur d’un service d’hématologie.

CoVid-19 : faut-il craindre le "petit" oui des Français ?

En tout et pour tout, rappelle Europe 1, 60% des Françaises et des Français disent théoriquement être prêts à se faire vacciner. Mais pas dans l’immédiat…

"Il est très troublant, je trouve, de constater que seuls 20% des Français sont prêts à se faire vacciner en première intention, quand l’on sait que la France est le pays de Pasteur, qui fut le père de la vaccination. Notre pays compte parmi les fondateurs de la lutte contre les maladies infectieuses et cette évolution est étonnante. 20% c’est trop peu", analyse le médecin pour qui ne pas se faire vacciner revient in fine à ne pas interrompre le processus de dissémination du virus. 

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"Le vaccin est utile non seulement parce qu’il protège individuellement mais aussi - et surtout - parce qu’il protège collectivement. Dès lors, refuser de se faire vacciner c’est prendre des risques et en faire prendre aux autres", poursuit l’ancien directeur de service hématologique, non sans rappeler qu’en pratique, le vaccin semble constituer "la seule façon d’arriver à l’immunité collective". "Jusqu’à présent, et c’est aussi vrai pour la Suède qui a systématiquement refusé le confinement, l’évolution naturelle de la pandémie n’a jamais mené à une immunité collective, à échelle nationale et moins encore à échelle mondiale", commente Gérard Dine.

Naturellement, sur le plan théorique il pourrait exister d’autres solutions que le vaccin pour lutter contre la pandémie. "Un traitement direct et spécifique à un virus permet de bloquer la contamination et son éventuelle évolution à court terme ainsi que la gravité de son évolution à moyen ou long terme. Nous avons ce genre de médicaments anti-viral pour des maladies comme l’herpès par exemple, dont on sait amoindrir la prolifération. Ce n’est pas le cas pour le CoVid dont on ne sait traiter que les phases aigües ou sur-aigües dans l’immédiat", poursuit le médecin. En somme, le vaccin apparaît donc comme la seule solution. "Il s’agit d’une réponse que l’on qualifie de ‘primaire’, car elle bloque la propagation du virus", précise le spécialiste.

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Certes, les inquiétudes dont font mention les Françaises et les Français sont compréhensibles. Elles sont d’ailleurs relayées par un pan de la classe politique française. "Il est irresponsable de parler d’obligation vaccinale sur un vaccin dont on ne connaît rien de l’efficacité et de l’innocuité", affirmait par exemple Michèle Rivasi, eurodéputée Europe Ecologie-Les Verts, avant la prise de position du président de la République. 

Pour autant, rappelle Gérard Dine, le vaccin ne concerne pas l’individu seul. "Nous sommes tous des relais potentiels du virus. En acceptant de se faire vacciner, on choisit donc de ne pas participer à sa dissémination… et de plutôt prendre part à la salubrité de la communauté", souligne le médecin biologiste ; non sans rappeler qu’au moment où Louis Pasteur a créé le tout premier vaccin, le risque existait aussi. "Aujourd’hui l’environnement sanitaire n’est plus le même, nous sommes bien plus expérimentés", souligne-t-il d’ailleurs.

Et lui de reconnaître, cependant, qu’il n’est pas encore possible de dire à quel point les vaccins Moderna et Pfizer seront efficaces, à quel point ils seront sûrs. "Tant que les résultats scientifiques - au sens littéral du terme, je ne parle pas des communiqués que nous avons eu jusqu’à présent - n’auront pas été rendus publics, nous ne pouvons pas affirmer que la réalité scientifique correspond à celle avancée par les entreprises", explique-t-il.

Il y a cependant une raison, qui explique la rapidité de recherche et de production de ces vaccins. "Les vaccins Pfizer et Moderna ont été construits à l’aide de nouvelles méthodes, reposant sur des biotechnologies que nous n’avions encore jamais utilisées de cette façon. Elles sont globalement plus élégantes et plus rapides, mais posent des problèmes de conservation, parce que les solutions créées sont plus fragiles. Globalement, plutôt que de cultiver et tuer - ou atténuer - le virus, on produit des protéines thérapeutiques. C’est plus efficace, mais aussi plus coûteux", détaille le professeur associé en biotechnologies, qui enseigne à l'École Centrale de Paris.