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Avec le nombre d'études, de projets et d'analyses, depuis le Livre Blanc de 1991 jusqu'à la multitude de rapports publiés par le Conseil d'Orientation des Retraites, tout a été dit sur le système de retraite français. Le constat est évident.
La complexité le dispute à l'obscurité. Tandis que la médiocrité des petites pensions s'oppose au confort des pensions sécurisées des professions protégées, l'insuffisance du financement est hypocritement transférée aux générations suivantes, qui doivent en outre s'inquiéter pour leur propre pension.
Bien que ce constat soit connu et partagé, la société française se divise périodiquement chaque fois qu'un gouvernement entreprend d'introduire des éléments de réforme. L'épisode actuel ne fait que confirmer cette espèce de malédiction.
Mieux comprendre la réforme
Pour comprendre la difficulté du sujet, il convient de souligner que si l'objectif recherché est, aujourd'hui comme hier, de sécuriser les pensions pour le futur, celui-ci passe tout aussi régulièrement par la remise en cause de ce qui était perçu comme un avantage chèrement acquis.
Rappelons que le nombre d'années de cotisations est passé de 37,5 ans à 40 puis 41 et il sera fixé demain à 42 ans. Rappelons aussi que l'indexation des pensions, hier calée sur le salaire moyen, l'est maintenant sur les prix et qu'il s'agit aujourd'hui de repousser à 62 ans l'âge minimum de départ, historiquement fixé à 65 ans, mais abaissé à 60 ans lors de l'arrivée au pouvoir des partis de gauche.
Réformer : "aussi l'affaire de la population"
Réformer un tel pilier du contrat national est certes une affaire d'experts, mais c'est aussi l'affaire de la population dans son ensemble, qui doit comprendre avant d'adhérer. Or, il faut bien reconnaître que les explications du gouvernement, auteur du projet, n'ont pas été au niveau de l'enjeu. On peut également reprocher à ce dernier de n'avoir pas respecté le statut de négociateur des organisations syndicales. En faisant passer par des amendements parlementaires les aménagements au projet initial, il les a privées de de toute possibilité de participation et les a conduites à une escalade contestataire, dont les conséquences les dépassent.
Mais toutes les guerres ont une fin, et Il faudra bien prendre acte de ce que le financement ne sera assuré, au mieux, que jusqu'en 2018. Il faudra surtout accepter le fait que l'ensemble du système de retraite, avec sa multitude de régimes et ses injustices, soit encore dans l'attente de sa réforme de fond. Il faudra ensuite entamer la construction du régime de retraite du futur, commun à tous les citoyens.