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Depuis le 22 juin 2023, les journalistes du Journal du Dimanche (JDD) sont en grève contre l’arrivée d’un nouveau rédacteur en chef : Geoffroy Lejeune, soutien d’Éric Zemmour, anciennement journaliste à ValeursActuelles. Cette nomination marquée à l’extrême droite est symptomatique de la politique médiatique menée par les groupes Bolloré et Vivendi. Officiellement à la retraite, Vincent Bolloré, 71 ans, est accusé d’être à la manœuvre. Pour certains, le milliardaire souhaiterait prendre en main une partie deHaut du formulairedede la presse à des fins politiques.
Contrôle des médias : le "système Bolloré"
En janvier 2022, la commission d’enquête sur la concentration dans les médias du Sénat avait auditionné Vincent Bolloré au sujet des médias où il aurait imposé une ligne éditoriale personnelle. Selon Ouest-France, le milliardaire avait alors défendu un projet "uniquement économique : le secteur des médias est le deuxième secteur le plus rentable après le luxe".
Pourtant, selon la journaliste Isabelle Roberts, autrice de L’Empire (écrit avec Raphaël Garrigos), "il y a un ’système Bolloré’, très prévisible, qui a commencé lorsqu’il a imposé sa marque à iTélé, devenue CNews, mais qu’on a aussi vu à l’œuvre à Canal +, Paris Match, à Europe 1 et maintenant au JDD".
La recette Bolloré est systématiquement la même : "Il impose un élément provocateur. Pour iTélé, c’était l’arrivée de Jean-Marc Morandini [...]. Chez Canal, on s’en est pris aux responsables des sports et aux auteurs des Guignols. Pour Match ce fut la une à la gloire d’un évêque intégriste. À Europe 1, l’arrivée de voix venant de CNews", énumère-t-elle à nos confrères de Ouest-France.
A chaque fois, les rédactions se mettent en grève. Sans succès. "Il y a un plan de départs [...]. Puis, la rédaction est remodelée et se met au service de la nouvelle ligne éditoriale." Une nouvelle ligne éditoriale révélatrice du plan politique plus vaste de Vincent Bolloré.
Contrôle des médias : une médiatisation exacerbée de l’extrême droite
Plusieurs hommes d’affaires français ont déjà investi dans le secteur des médias. Pourtant, s’ils ont "parfois une idéologie, elle est rarement aussi assumée que dans le cas de Bolloré", analyse Alexis Lévrier, maître de conférences à l’université de Reims et historien des médias pour Ouest-France.
Or, la mainmise de Vincent Bolloré sur des médias aurait une conséquence directe sur la vie politique. Selon un ancien journaliste d’Europe 1, "on n’y fait plus de l’info, on offre une tribune à des gens très à droite qui n’avaient pas un tel accès aux grands médias. La droite catholique réactionnaire a certes le droit de s’exprimer. Mais là, on met à son service une radio qui avait un autre capital culturel", rapporte Ouest-France.
D’après Emmanuel Poupard, premier secrétaire du Syndicat national des journalistes, Vincent Bolloré serait ainsi parvenu à influer sur la vie politique française. "Jamais Eric Zemmour n’aurait atteint 7% [aux élections présidentielles] si Vincent Bolloré ne lui avait permis, durant deux ans, de faire sa campagne sur CNews."
Contrôle des médias : un plan pour 2027 ?
Vincent Bolloré ne cesse d’étendre son emprise sur les médias. "Il possède une radio, plusieurs chaînes télé, des magazines, deux hebdomadaires influents, le plus gros éditeur de France. Ce qui lui manque, c’est un quotidien", avance Isabelle Roberts pour Ouest-France.
Interrogé par nos confrères, Alexis Lévrier, historien des médias, considère que Vincent Bolloré "se rapproche de Murdoch ou Berlusconi." En effet, Silvio Berlusconi possédait un empire médiatique au service de la droite populiste en Italie et Rupert Murdoch a influé sur la vie politique anglosaxonne grâce à ses multiples médias conservateurs (entre autres Fox News). L’ambition de Vincent Bolloré est-elle de peser davantage sur la vie politique ? Quels sont ses objectifs pour la campagne présidentielles de 2027 ?