Sénateur soupçonné d'avoir drogué une députée : ce que l'on sait Niviere David/ABACAPRESS.COMabacapress
Le sénateur Les indépendants Joël Guerriau est soupçonné d'avoir droguée une collègue députée, dans la nuit de mardi à mercredi. Si le nom de la victime présumée n'a pas été dévoilé, le placement en garde à vue de Joël Guerriau a été confirmé par le parquet.
Sommaire

Le sénat dans l'embarras. Le sénateur Les Indépendants - République et Territoires, Joël Guerriau, a été placé en garde à vue jeudi 16 novembre à Paris. Il est soupçonné d'avoir drogué une députée à son insu, selon une information de RMC. Le parquet de Paris a confirmé le placement en garde à vue de M. Guerriau pour "administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle". Les enquêteurs du 3e district de police judiciaire ont ouvert une enquête en flagrance, procédure qui permet de ne pas avoir besoin de demander la levée de l'immunité parlementaire. 

Un "comportement étrange"

Les faits auraient eu lieu dans la nuit de mardi 14 novembre à mercredi 15 novembre. La victime, une femme, a porté plainte. Plusieurs sources proches du dossier ont confirmé à RMC que cette femme est députée, mais le parquet n’a pas souhaité commenter ce point. La femme se serait sentie mal après avoir pris un verre dans la nuit de mardi à mercredi au domicile de Joël Guerriau : elle a dit ressentir des sueurs froides et sentir son rythme cardiaque s'accélérer, selon une source proche de l'enquête à BFMTV. Des prélèvements dans son organisme ont révélé la présence d'ecstasy, affirme le parquet. Le ministère public a confirmé que les enquêteurs avaient également trouvé la substance au domicile de l'élu, perquisitionné au même titre que son bureau. 

Les deux parlementaires, qui se connaissent depuis une dizaine d'année, n'entretenaient pas de relation intime, selon la députée. Pourtant selon BFMTV, elle aurait fait état d'un "comportement étrange" de la part du sénateur ce soir-là. Elle s'est dite persuadée que si elle avait révélé son mal-être à son collègue, il lui aurait proposé de dormir là pour ensuite abuser d'elle. 

L'avocat du sénateur "indigné" 

"Nous sommes fort loin de l’interprétation scabreuse que l’on peut déduire à la lecture des premiers articles de presse", a réagi Me Rémi-Pierre Drai, avocat du sénateur. Il s’est "indigné de voir que des éléments de l’enquête se retrouvent dans la presse". "Donc soit le parquet en est responsable et cela me scandalise encore une fois, soit le parquet n’y est pour rien et alors il doit s’interroger sur l’identité de l’auteur de cette violation et enquêter." Et sur la véracité des faits ? "Je ne donnerai aucune information non seulement parce que je suis tenu au secret de l’enquête, mais surtout par respect pour mon client et pour la plaignante dont je m’étonne que le nom ne soit pas livré contrairement à celui de mon client", a ajouté Me Rémi-Pierre Drai. Le compte X de Joël Guerriau a été désactivé. 

Vidéo du jour

Qui est Joël Guerriau ? 

Elu au sénat depuis 2011, Joël Guerriau, 66 ans, est secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Il a rejoint en 2022 le parti de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, Horizons. Il a commencé sa carrière politique en tant que maire de Saint-Sébastien-sur-Loire, commune de la métropole nantaise, de 1995 à 2017. Banquier de profession, il a également écrit une demi-douzaine d'ouvrages jeunesse. Si les faits sont avérés, le sénateur encourrera jusqu'à 5 ans de prison, associés à une amende de 75 000 euros. 

La réaction de Horizons

Au lendemain de la révélation de l'affaire, Horizons a jugé par le voix de Christophe Béchu, secrétaire général du parti, que  Joël Guerriau ne pouvait "pas rester au sein du parti". " Demain (samedi) matin à 9 heures, nous aurons un bureau politique. Nous aurons l’occasion d’évoquer cette situation", a expliqué celui qui est également ministre de la Transition écologique sur France Inter. "Il ne peut évidemment pas rester au sein du parti s’il y a le moindre doute sur la véracité de tout ça", a-t-il ajouté.