La technologie nécessaire au bon fonctionnement de la téléphonie mobile va entraîner une révolution : les anciennes fréquences 2G et 3G vont être délaissées par les opérateurs. Or, la connexion des alarmes...
"On sent monter dans le pays une petite musique inquiétante", admet un "ministre de premier plan" dans les colonnes du Figaro. Il poursuit : "Les jeunes commencent à dire qu'ils ne vont pas trouver de boulot, n'auront pas d'avenir et de retraite, qu'on leur colle sur le dos un chèque de 200 milliards d'euros qu'ils vont rembourser au prix d'énormes sacrifices… Et que les retraités ont, pendant ce temps, un niveau de vie qui continue de grimper et dépasse désormais de 10% celui des actifs".
Comme bien des proches d'Emmanuel Macron, il est inquiet, note le quotidien national marqué à droite. Et pour cause ! Ils redoutent l'émergence de clivages intergénérationnels insolubles. "La priorité absolue est d'éviter une guerre des générations, notamment en mettant le paquet sur l'emploi des jeunes", jure-t-il d'ailleurs.
Et Le Figaro de rappeler, cependant, combien de telles annonces sont complexes à rendre concrètes. François Hollande, par exemple, n'avait pas réussi. Pire ! L'ardoise laissée par les retraités actuels semble "inévitable", insiste le journal…
Faut-il vraiment craindre une "guerre des générations" comme le redoute le gouvernement ?
Pour le politologue Raul-Magni Berton, enseignant à Sciences-Po Grenoble le risque est réel, quoique pas immédiat. "Notre société, et elle est loin d'être la seule, vieillit. Personne n'ignore, d'ailleurs, que les personnes âgées votent davantage que leurs héritiers et que, temps libre oblige, elles sont plus représentées au sein des associations", rappelle-t-il d'abord, non sans expliquer qu'Emmanuel Macron devra mécaniquement prendre parti. Selon lui, le président de la République ne pourra que jeter de l'huile sur le feu.
"Deux choix s'offrent à lui : soit il privilégie le court-terme et protège les intérêts économiques et politique des seniors. C'est s'éviter une contestation complexe mais prendre le risque de générer un véritable rejet de la classe politique chez les jeunes. Soit, à l'inverse, il effectue un rééquilibrage… Et accuse une perte immédiate de voix, qui pourrait lui coûter cher à l'avenir", analyse le spécialiste.
Une "guerre des générations" assez peu probable en vérité ?
Aux yeux d'Emmanuel Rivière, CEO de la division publique de l'institut de sondage Kantar, la réponse n'est peut-être pas aussi tranchée. "Je suis sceptique", reconnaît-il d'entrée de jeu. "Bien sûr, il y a de vrais clivages entre les jeunes générations et leurs aïeux. Pour autant, je ne pense pas qu'ils soient spécialement marqués sur le plan économique", explique l'expert, pour qui la notion de "génération sacrifiée" ne suffit pas à mobiliser les foules. "Ce clivage là est moins générationnel qu'il n'est proprement politique", poursuit-il, non sans rappeler combien la solidarité intergénérationnelle existe en France. Et lui d'évoquer les transmissions, tant monétaires que sociales.
Pour Erik Neveu, sociologue et politiste spécialiste des mouvements sociaux, les inquiétudes d'Emmanuel Macron ne semblent pas entièrement fondées. "y a certainement d'un coté des formes diverses de ressentiment des jeunes – précarisés, anxieux devant la dégradation de la planète – et de l'autre des discours, plus d'une fois démagogiques, sur les privilèges des baby-boomers. Oui, cette génération à eu beaucoup de chances : plein emploi, révolution sexuelle, ascenseur social en marche. Mais… est ce que celles et ceux qui ont multiplié les longs voyages en avion, qui ont promu l'agro-industrie contre l'agriculture paysanne, qui ont creusé des inégalités de richesses qui ramènent au XIX° sont ‘la génération' ? Il y aussi des retraités usés d'une vie dur labeur, beaucoup de baby boomers qui n'ont jamais eu de pouvoir, de personnes aux vieux jours où il faut tout compter", rappelle-t-il d'abord, avant de nuancer plus encore les risques. Si la "guerre des générations" n'arrivera pas, c'est avant tout parce que ce n'est pas ainsi que fonctionnent les rapports sociaux et politiques en France.
"Ne faut-il pas réintroduire une pensée des différences sociales, des positions de pouvoir ? Pour qu'il y ait conflit il faut aussi que des groupes organisés s'affrontent. Or s'il est un groupe qui n'est pas organisé (exception faite des USA où le financement des retraites crée un autre contexte) ce sont bien les retraités, les « vieux ». Quant aux jeunes, s'ils peuvent ironiser sur les vieux donneurs de leçons (Ok, Boomer!), leurs mobilisations se sont fixées à ce jour sur d'autres cibles : industries pollueuses, force policières agissant sans retenue, insuffisance des moyens pour l'université. La lutte des générations n'est pas la manière dont ils vivent et pensent leurs problèmes", explique l'universitaire.
Emmanuel Macron peut-il encore concilier des intérêts si différents ?
"Si Emmanuel Macron entend concilier les Français les plus jeunes comme leurs aînés, il ne pourra pas couper à d'importantes transformations", assène d'entrée de jeu Raul Magni-Berton, pour qui la réponse réside dans les institutions françaises. "C'est elles qui permettent la résolution pacifique des conflits qu'engendre mécaniquement toute vie en société", poursuit-il avant de brosser le portrait des problèmes hexagonaux.
"En France, les contre-pouvoirs sont faibles et le président de la République manque de légitimité. Parce que tout le monde n'est pas d'accord sur les règles du jeu, le résultat manque, lui aussi, de légitimité. A mon sens, Emmanuel Macron devrait donc revoir les modes de décisions en France : intégrer davantage de démocratie directe, de la proportionnelle… De sorte à ce que les Françaises et les Français se sentent pris en compte et acceptent donc la décision finale", juge encore le politologue.
Erik Neveu, lui, s'attarde davantage sur la façon dont Emmanuel Macron réfléchit les rapports sociaux. "Le cadre d'analyse du ‘conflit de génération' est-il celui du Président qu'on a plus entendu catégoriser la France entre ‘Ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien', les ‘premiers de cordée' et le petit peuple ? Paradoxalement la pensée de ce Président libéral est, même s'il a du mettre le bémol sur la hiérarchie des utilités pendant le confinement, une pensée de 'classe' : aider les entrepreneurs et actionnaires, considérer que les plus riches sont le seul moteur du dynamisme social", observe-t-il d'abord.
"Son vrai problème générationnel est qu'avec une popularité en berne il aura besoin du vote des ‘vieux' en 2022...plus encore qu'en 2017 où les plus de soixante ans lui avaient déjà donné 75 % de leurs voix. Juridiquement comme politiquement, il ne peut guère amputer leurs retraites. Et côté jeunes, c'est chez les 25-34 ans que sa popularité est au plus bas (34 % en janvier 2020). Que peut-il faire pour renverser cette tendance? La liste est longue : avoir une politique fiscale plus redistributive pour améliorer le système de formation et les services à la jeunesse, remettre en marche l'ascenseur social, utiliser le potentiel de créations d'emploi de la transition environnementale, réindustrialiser. Après quel chemin de Damas – le COVID 19 ? - ferait-il l‘exact opposé de sa politique depuis 2017 ? Est-il déplacé de penser qu'il anticipe que la grande scène de ‘Moi ou Marine Le Pen' lui profitera encore en 2022 auprès de toutes les générations… ce qui est une cotisation à l'art juvénile de jouer avec les allumettes…", analyse encore le sociologue.