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"Seul on va plus vite, ensemble on va à l’Elysée", affirment sans relâche les militants de la primaire populaire, un collectif citoyen visant à contraindre les représentants de gauche qui souhaitent briguer la présidence de la République à se rassembler sous une seule et même bannière. Comme ils l’expliquent sur leur site, ils entendent donc tenir un vote d’investiture - forte de l’aval de plus de 311 000 personnes inscrites - pour désigner la ou le prochain candidat à l’élection présidentielle de 2022. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à proposer au vote certaines figures de la gauche ayant d’ores et déjà refusé de participer, parmi lesquelles Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou Anne Hidalgo.
D’autres, en revanche, ont accepté de jouer le jeu. C’est le cas de Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux, de François Hollande, mais aussi de Pierre Larrouturou du mouvement Nouvelle Donne, ou de Charlotte Marchandise (Plus Belle la Politique). D’aucuns, comme cela peut-être le cas du Huffington Post, se sont interrogés à l’annonce de la candidature de l’ancienne ministre de la Justice : et si cela suffisait à changer la donne ? Christiane Taubira pourrait-elle faire l’union de la gauche en janvier 2022, et remporter l’élection ? Pas nécessairement.
Primaire populaire, Christiane Taubira… Le mois de janvier sera-t-il décisif pour l’élection de 2022 ?
"La candidature de Christiane Taubira et la primaire populaire ne pourront pas faire bouger les choses", tranche d’entrée de jeu Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS (laboratoire Cevipof), pour qui il ne faut pas attendre de gros bouleversements des rapports de force politiques à l’issue du scrutin du 27 janvier. "C’est une drôle de primaire, tout de même, taillée sur mesure pour l’ancienne Garde des Sceaux. A l’origine, elle n’était supposée proposer que des candidats déclarés à l’élection présidentielle. Mais pour que Christiane Taubira puisse être ajoutée à la liste des candidats à l’investiture, ils ont dû retarder le vote. Au final, tout le dispositif a été aménagé pour elle, mais il ne changera probablement rien d’essentiel à la situation actuelle", juge-t-il encore.
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"Tout une partie des candidats à la primaire populaire ne sont connus de personne. Trois autres ont ouvertement refusé de participer mais sont tout de même soumis au vote par les militants. Ils ne feront pas campagne et ne pourront donc pas remporter le scrutin. Il apparaît donc plus que probable que Christiane Taubira soit investie", analyse Oliver Costa, pour qui l’élection de l’ancienne ministre aura bien peu de poids… Faute de pouvoir faire l’union derrière elle.
"Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ne se retireront pas au profit de Christiane Taubira. Cela constituera peut-être l’occasion pour Anne Hidalgo de se sortir d’un mauvais pas mais dans tous les cas, la procédure ne permettra pas de réelle clarification à gauche. N’oublions qu’un certain nombre de candidatures d’extrême gauche n’ont pas été prises en compte et persisteront après la primaire. Elle n’effacera pas le morcellement", indique encore l’universitaire qui estime qu’en d’autres circonstances l’effort aurait pu fonctionner.
"La primaire populaire se heurte à deux problèmes. L’un concerne le dispositif à proprement parler : tous les candidats supposés ne se sont pas réunis, ce qui rend caduque le principe même d’une primaire. De l’autre côté, il y a un vrai souci de fond qui à attrait aux grandes divisions de cette famille politique. C’est particulièrement flagrant quand on prend le temps de se renseigner sur les dix propositions choisies par la plateforme ! Pas une ne concerne les premières prérogatives du chef de l’Etat, que sont l’international, la géopolitique et la sécurité", explique-t-il en effet.
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S’il ne changera donc pas le cours de l’élection présidentielle, le mois de janvier 2022 demeure important, juge Olivier Costa. "Nous arrivons au moment où les jeux vont commencer à se clarifier, y compris à gauche. Cela a commencé avec Arnaud Montebourg qui a décidé de retirer sa candidature. Bien sûr, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot n’en feront pas autant et Christiane Taubira, forte de l’investiture de la primaire populaire, ne le fera pas non plus. Ceci étant, il reste une inconnue…", souligne-t-il.
L’inconnue en question, qui pourrait bouleverser à la marge l’équation, c’est le Parti socialiste (PS). "Ils ont le choix d’y aller et de prendre le risque de faire moins de 5%, ce qui serait une humiliation et un naufrage financier dont il n’est pas sur que le parti se relèverait, ou ne pas y aller et disparaître du paysage politique. C’est une situation inédite ! Il y a cinq ans, ils étaient encore au pouvoir et jouissaient alors d’une majorité parlementaire. Aujourd’hui, la seule question de leur capacité à se présenter se pose…", rappelle l’universitaire, non sans évoquer la possibilité pour le PS de se raccrocher en urgence au wagon Christiane Taubira.
"D’une façon générale, cette élection est forte d’enseignement sur la disparition de l’électorat de gauche. Arlette Laguiller, candidate marginale s’il en est, a dépassé à deux reprises la barre des 5% qui fait aujourd’hui rêver bon nombre des formations de gauche", juge encore le chercheur, précisant que l’abstention n’est pas l’unique explication viable. Et lui de conclure : "Il y a le sentiment, chez les Françaises et les Français, que la gauche ne propose plus de solutions viables ou adaptées. C’est paradoxal, dans la mesure où les élus de gauche sont peut-être ceux qui se penchent le plus sur les questions de refonte économique, mais ils ne sont pas perçus comme crédibles".