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"Une séquence électorale n’est jamais sans conséquence et sans enseignements", affirmait sans hésiter Marine Le Pen, quelques heures seulement avant le premier tour du scrutin de 2021. Et la présidente du Rassemblement national de s’amuser, en avance, des résultats qu’elle s’attendait alors à afficher : "Évidemment que les régionales vont apporter leur lot d'enseignements. Elles vont confirmer que le RN est plus fort que jamais", jurait-elle à ce moment-là. Les deux tours successifs, organisés respectivement les 20 et 27 juin, lui ont donné plus que tort.
L’ancien parti à la flamme a fait moins bien que ce qu’il n’avait su faire en 2015, six ans plus tôt. Déjà à l’époque, les forces d’extrême droite n’avaient pas su conquérir la moindre région… Mais la bataille qu’elles avaient livré n’était pas comparable : dans l’essentiel des territoires, elles avaient laissé un impact plus conséquent ; recueilli davantage de voix. Ainsi, en Île-de-France, Wallerand de Saint-Just – le trésorier du parti – convainquait 18,41 % puis 14,02 % des électeurs. A titre de comparaison, Jordan Bardella n’a su mobiliser que 13,7 % d’entre eux au premier tour et seulement 11,8 % le 27 juin.
La "gifle" électorale de Marine Le Pen devrait-elle l’inquiéter ?
Il n’en fallait pas plus aux commentateurs politiques de tous bords – ou presque – pour commenter la "gifle" électorale infligée au Rassemblement national. Un coup dur qui, explique Le Monde, risque de fragiliser Marine Le Pen a l’approche du 17è congrès de son parti. Ce dernier doit se tenir dans quelques jours, les 3 et 4 juillet 2021. La situation pourrait être d’autant plus dure à vivre, poursuit le quotidien du soir, qu’elle confirme – en apparence, à tout le moins – l’existence d’un plafond de verre auquel se heurte la famille politique à chaque fois qu’elle est en mesure, théorique, de voir s’ouvrir les portes du pouvoir ; d’accéder aux responsabilités si ardemment désirées. Il deviendra peut-être difficile, à présent, de parler d’une "théorie fumeuse du plafond de verre", ainsi qu’elle l’a fait par le passé…
Pour autant, à en croire le politologue Raul Magni-Berton, la situation n’est peut-être pas aussi catastrophique - pour Marine Le Pen, s’entend - que ne pourraient vouloir le croire certains de ses opposants.
Pourquoi la défaite électorale de Marine Le Pen doit être relativisée ?
"Le Rassemblement national fait partie de ces formations politiques qui, durant les élections intermédiaires, connaissent une forte tendance au sous-vote. Il ne faut pas perdre de vue que le profil type de l’électeur RN n’est pas si éloigné de celui de l’abstentionniste. Dès lors, toute abstention peut lui coûter cher", alerte d’entrée de jeu le chercheur, qui enseigne les sciences politiques à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP, Sciences-Po) de Grenoble. "Ce n’est pas très dur à observer : le RN fait toujours des scores en accordéon, en dehors de l’élection présidentielle à laquelle il performe bien", poursuit-il encore.
"Cela n’a rien de très surprenant : le Rassemblement national présente deux types d’électeurs : un noyau dur, très mobilisé, mais aussi un certain nombre d’électeurs périphériques, réunis plus récemment et qui se compose généralement de jeunes peu instruits, de citoyens précaires. Autant dire, d’abstentionnistes en force. En outre, et c’est aussi vrai pour La République en Marche, Marine Le Pen mise beaucoup sur la personnalisation. Or, elle ne peut pas être candidate dans chacune des régions…", observe Raul Magni-Berton.
Ces éléments analysés, il importe cependant que la claque reçue aux régionales ne devrait guère constituer un obstacle important pour la présidentielle. Et pour cause…
Marine Le Pen a-t-elle vraiment besoin de remporter une élection régionale pour passer le cap de la présidentielle ?
Les régionales de 2021 pourraient se transformer en tremplin pour la présidentielle de 2022. C’est en tout cas le souhait de Xavier Bertrand et ce pourrait également être celui de Valérie Pécresse, tous deux ré-élus à la tête de leurs régions respectives (Hauts-de-France et Île-de-France, spécifiquement). Cependant, cela ne signifie pas que les mauvais résultats des candidats estampillés RN va mécaniquement bloquer Marine Le Pen.
"Emmanuel Macron l’a prouvé : il n’est pas nécessaire de compter sur un important ancrage local pour l’emporter lors de la présidentielle. Pas besoin, donc, d’avoir un président de régions dans l’escarcelle", note d’entrée de jeu Raul Magni-Berton, qui rappelle aussi que des partis à fortes implantations peinent parfois beaucoup lors de scrutin nationaux. "Il suffit de comparer les scores PS en 2017 à ceux observés aujourd’hui pour s’en convaincre", analyse-t-il d’ailleurs.