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Emmanuel Macron : la plus grosse crise de son quinquennat
Voilà plus de trois semaines maintenant que le gouvernement d’Edouard Philippe et Emmanuel Macron font face à une crise sans précédent, incarnée par la chasuble fluo. Protéiforme, le mouvement des gilets jaunes semble n’offrir aucune prise au gouvernement, qui s’attend à de nouvelles scènes de violences pour ce deuxième samedi de décembre.
Un exécutif dont le lien avec les mobilisés semble coupé plus que jamais, une popularité au plus bas et des doutes au sein de la majorité. La crise politique et de représentativité est installée et pourrait surtout atteindre son paroxysme ce 8 décembre. Cette semaine pour calmer les esprits, l’exécutif a notamment annoncé l’annulation de la hausse de la taxe sur les carburants et envisage une prime de pouvoir d’achat défiscalisée. En l'état, l’ acte IV de la mobilisation continue de se préparer sur les réseaux sociaux.
Une chose est sûre, le quinquennat d’Emmanuel Macron a basculé et il y aura un avant et un après gilets jaunes. Ne serait-ce parce que le président, qui a entretenu un lien si fort avec les électeurs, semble désormais retranché. Alors que pendant l’affaire Benalla, il refusait de répondre aux injonctions de la presse, cette fois le président donne l’impression de tourner le dos à ceux qui manifestent. Les liens paraissent également distendus avec le Premier ministre Edouard Philippe.
Emmanuel Macron n’est pas le premier président de la République à devoir affronter une grave crise.
Le général de Gaulle face à la « chienlit » de mai 68.
Les gilets jaunes ne s’y trompent pas ainsi en évoquant mai 1968, dont les événements furent éprouvants pour le Général de Gaulle et les institutions et conduisirent à la fuite à Baden Baden.A la différence de ce qui s’est déroulé cette semaine en France, les événements de mai 1968 ont débuté par des mouvements étudiants avant de gagner les milieux ouvriers et les syndicats. Comme De Gaulle d'ailleurs, Emmanuel Macron et ses équipes semblent avoir négligé les premiers débordements.
Mais les comparaisons trouvent leurs limites, selon le sociologue Jean-Pierre Le Goff. "En mai 68, nous étions en période des 30 Glorieuses, l’avenir était positif, nous étions portés par une dynamique de société de consommation depuis la guerre, et la notion de progrès social était ultra prenante. […] Il y avait une espérance et il y avait même un côté joyeux dans la communauté étudiante malgré les affrontements. Ce n’était pas la déprime, ce n’était pas le désespoir. Il n'y avait pas de problème de chômage de masse. C’était l'exact opposé de la situation actuelle", détaille-t-il sur LCI.
Si pour l'instant l'issue est incertaine pour la majorité de LREM, Mai 68 fut bénéfique à De Gaulle dans l'immédiat avec une majorité renforcée au parlement lors des élections de juin.
Nicolas Sarkozy et François Hollande : les affaires
Si la crise des gilets jaunes et celle de mai 68 constituent des événements proches de la crise de régime, les quinquennats de Nicolas Sarkozy et François Hollande aussi ont été marqués par des événements, un peu moins crispant.
Le premier, bien avant les petites phrases d’Emmanuel Macron sur les "fainéants" et les "costumes", a marqué son quinquennat de son style bling bling, divorce et yacht compris. Mais outre la crise financière, le mandat de Nicolas Sarkozy sera aussi celui des affaires politico-fiancières comme Clearstream ou Bettencourt.
Côté popularité, François Hollande s’est achoppé en premier lieu sur l’affaire Leonarda mais aussi le dossier Cahuzac dand une République qui se voulait exemplaire. Si comme l’attitude de Nicolas Sarkozy face à la crise financière, l’ancien chef d’Etat a bénéficié d’un regain de sympathie après les attentats de 2015, ses années au pouvoir furent plombées par une fronde interne de sa majorité et une motion de censure au moment du vote de la loi El Khomri.