De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Le président de la République multiplie les erreurs tactiques. C'est en tout cas ce qu'affirment nombre de "déçus du Macronisme", dont l'histoire est régulièrement narrée dans la presse française. Récemment encore, le journal Marianne accordait un espace à l'un de ces anciens aficionados du chef de l'Etat, qui lui reproche aujourd'hui d'avoir trop négligé son aile gauche. Une erreur, estime-t-il, qui pourrait lui coûter cher à l'avenir. Il n'hésite pas, en effet, à parler de "terribles conséquences".
Selon lui, c'est "l'hypercentre", qui pourrait se retourner contre Emmanuel Macron. Et lui de pointer du doigt, notamment, la "tentative d'indépendance et d'autonomisation croissant du Modem, notamment à travers le combat de Bayrou pour la proportionnelle". Il n'en faudra peut-être pas beaucoup plus que ce dernier devienne un danger pour le locataire de l'Elysée. L'hypercentre, affirme-t-il encore, "cherchera à exister véritablement comme sorte d'ennemi de l'intérieur ou de faux ami, puisqu'il n'a pas été mis en œuvre après 2017 en tant que courant politique central alors qu'il était appelé de ses vœux par les électeurs".
Faut-il croire, dès lors, que le chef de l'Etat a posé la première pierre de son propre déclin en faisant de François Bayrou son Haut-Commissaire au Plan ? Pas exactement, affirme Christophe Bouillaud, politologue, enseignant-chercheur à l'Institut d'Études Politique (IEP, Sciences-Po) de Grenoble. Explications.
Emmanuel Macron devrait-il craindre François Bayrou ?
Pas de doute possible sur la volonté de François Bayrou. Ce dernier, rappelle Le Parisien, veut peser autant que faire se peut sur la majorité présidentielle. Et pourtant, le patron du MoDem enchaîne les revers politiques comme les pertes de soutiens. Il a perdu de nombreux arbitrages présidentiels… Notamment sur la proportionnelle précédemment évoquée, mais aussi sur le report des élections régionales. De quoi démonétiser cette figure historique de l'hypercentre ?
"François Bayrou n'est plus réellement en mesure de menacer Emmanuel Macron. Tout au plus pourrait-il décider de ne plus soutenir sa majorité parlementaire mais soyons réalistes ! Il est très peu probable que les élus MoDem le suivent dans un tel cas. Si La République en Marche perdait l'appui du MoDem, cela engendrerait des élections anticipées qui ne seraient favorables à aucun des deux partis… Mais qui coûteraient plus cher au centre", note l'enseignant, qui ne manque pas de rappeler que le Haut-Commissaire au Plan présente tous les signes d'une "fin de course politique". "Peut-être décidera-t-il de ne pas se ranger derrière Emmanuel Macron en 2022. Mais là encore, j'ai peine à croire qu'il serait soutenu par ses élus", conclut le politologue.
Car, selon lui, cela pourrait-être le début de la fin pour le MoDem…
François Bayrou démonétisé et son parti en fin de vie : le MoDem va-t-il disparaître ?
"François Bayrou aurait pu peser, avant", assène d'entrée de jeu le politologue, qui tient à souligner que si l'ancien patron du centre avait décidé de déclencher une politique, il aurait dû le faire au moment de la décision sur la proportionnelle. "Dorénavant, il est obligé de rester dans la barque d'Emmanuel Macron, au moins jusqu'en 2022. Il pourra tenter de le faire perdre le moment venu, mais il ne peut pas avoir de certitude de son succès. En bref, il n'a plus qu'un pouvoir de nuisance", estime encore Christophe Bouillaud.
En outre, une telle mesure menace peut-être davantage François Bayrou qu'elle ne met le président en danger. "Si Emmanuel Macron échoue à conserver l'Elysée, le MoDem sera lui aussi balayé. Dès lors, il est probable que ses élus se dispersent entre les différentes familles politiques qui existent aujourd'hui, comme on peut d'ores et déjà l'observer à l'approche des élections régionales", juge encore l'enseignant en sciences politiques pour qui il ne s'agit ni plus ni moins que d'un "début de dissolution du parti". "Les hommes politiques se recycleront bien sûr, mais la formation risque d'être absorbée par la future fédération macronnienne et par une partie de la droite traditionnelle", analyse-t-il encore.
Si ce n'est pas François Bayrou qui peut incarner cet hypercentre aussi redoutable qu'aiment à le penser certains déçus du macronisme, qui pourrait jeter Emmanuel Macron à bas sur la propre ligne qui l'a pourtant fait élire en 2017 ?
Qui pour incarner cet hypercentre, que d'aucuns jugent si dangereux pour Emmanuel Macron ?
"Il serait possible aujourd'hui de reprendre le positionnement qu'affichait Emmanuel Macron en 2017. Pour autant, qui pourrait incarner une telle ligne ?", interroge sans ambages Christophe Bouillaud, pour qui le centre manque cruellement de personnel politique. Et lui d'égrener le chapelet des candidats potentiels : "Xavier Bertrand aurait peut-être pu… Avant de décider de dépasser tout le monde par la droite. Valérie Pécresse suit aujourd'hui le même genre de trajectoire, quant à François Baroin, nul ne sait s'il veut ou non y aller".
Reste une figure, digne d'être mentionnée, estime-il : il s'agit de Michel Barnier, ancien ministre venu des rangs du RPR, qui dit vouloir être utile à la France, indique L'Express. "Malheureusement pour lui, il souffre d'un déficit de notoriété comparable à celui de Jean-Christophe Lagarde. Il ne pourra pas être le nouveau VGE que ces gens appellent de leur voeux", poursuit le politologue qui rejette d'entrée de jeu les personnalités issues du centre-gauche car, selon lui, c'est bien une figure du centre-droit qui est attendue.
"N'oublions pas que, en France, le centre penche historiquement vers la droite. Cela n'a rien d'étonnant puisque ce dernier a progressivement été absorbé par le RPR. François Bayrou a tenté de le recréer mais a enchaîné les erreurs tactiques et, dès lors, pourrait être tenu responsable de l'état de sa famille politique", poursuit le spécialiste pour qui il ne faut pas non plus perdre de vue que les élections internes ont généralement tendance à récompenser les personnalités les plus radicales. Et donc à éloigner celles du centre des espaces de décisions à l'intérieur des partis.