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“La ligne politique d’Emmanuel Macron… mais quelle ligne au juste ?”, questionne le média Süddeutsche Zeitung en Allemagne. L’Europe s’étonne, et elle n’est pas la seule, des allers et venues d’un président français qui semble ces dernières semaines manquer de cap. Dernière hésitation en date : la marche contre l’antisémitisme dimanche 12 novembre. Pendant des jours, le président a gardé le silence sur la question de sa venue, avant de finalement y renoncer par quelques phrases succinctes, bricolées par l’Elysée vendredi 10 novembre dans la soirée : “Le président de la république combat sans relâche toutes les formes d’antisémitisme depuis le premier jour”, commence par rappeler la présidence. “Que des rassemblements viennent, partout en France, relayer ce combat est un motif d’espérance”, approuve-t-elle ensuite. “Voilà pourquoi le président salue avec respect celles et ceux qui, dimanche, marcheront pour la République, contre l’antisémitisme et pour la libération des otages”. “C’est-à-dire ?”, a-t-on envie de dire, tant l’annonce est floue.
"Pas d'ambiguité" clame le président
"Je n'ai jamais été à une manifestation quelle qu'elle soit", s’est justifié le président plus tard. La marche organisée par son camp, à l’initiative de Yael Braun-Pivet, s’est donc tenue en présence de ses ténors, Elisabeth Borne inclue, mais sans lui. Une position qui a valu au chef de l’Etat les critiques des opposants, et la “déception” des siens. Le mercredi 15 novembre, Emmanuel Macron a pointé "un débat qui n'avait pas lieu d'être” et jugé que "la place d'un président de la République n'est pas d’aller à une marche". Selon lui sa "position sur l'antisémitisme" n'a jamais été "ambiguë".
Proche-Orient : Macron au royaume des hésitations
C’est pourtant bien une forme d'ambiguïté sur la question du Proche-Orient qui lui est reprochée, entre autres. Ainsi dans les premières semaines de la guerre le président a-t-il adopté une position proche de celle des Etats-Unis, affirmant son soutien ferme à Israël, et confirmant son “droit à se défendre”. Dans la lignée de Joe Biden et Olaf Scholz, Emmanuel Macron s’est rendu au chevet de l’Etat hébreu endeuillé par les attentats du Hamas, et a proposé une “coalition internationale” contre l’organisation terroriste, appel largement dédaigné par toutes les parties.
Le ton présidentiel a changé plus récemment, pour devenir plus cassant à l’égard de Tel Aviv, qui a bombardé sans relâche l’enclave de Gaza ces dernières semaines. “De facto, aujourd’hui, des civils sont bombardés, a-t-il affirmé à la BBC vendredi 10 novembre. Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués”. Il n’y a “aucune justification” et “aucune légitimité à cela. Nous exhortons donc Israël à arrêter”, a-t-il déclaré. La veille, le président qui se contentait jusqu’ici de réclamer une “trêve humanitaire”, a pour la première fois appelé au “cessez-le-feu”. Le chef de l’Etat a annoncé par ailleurs vouloir porter l'aide de la France aux Palestiniens à 100 millions d'euros. Emmanuel Macron paraît tiraillé entre fermeté et émotion, à la tête d’un des pays d’Union européenne qui regroupe les plus fortes communautés juives et musulmanes. “On ne sait plus très bien à quel Macron on peut se fier”, tranche, cinglante, La Tribune de Genève.
Loi immigration : la grande concession
Et s’il n’y avait que le Proche-Orient. Mais le camp présidentiel est à la peine dans les tranchées parlementaires. Le texte sur l’immigration porté par la majorité, qui clame haut et fort qu’il sera la réponse à tous les maux de l’immigration et du terrorisme, a été largement défiguré par la droite au Sénat, dépouillé de ses aspects sociaux pour devenir un texte que les Macronistes ne reconnaissent plus. Le ministre de l’Intérieur cherche désormais la voie de passage pour son texte à l’Assemblée nationale, et l’examen qui débute le 27 novembre prochain promet de vertigineux précipices. Selon toute probabilité, le gouvernement sera forcé de revenir sur les points les plus décriés de son projet initial, et de mettre de l’eau dans son vin pour amadouer les sénateurs et députés de droite. Ainsi le texte tel qu’il avait été conçu par la majorité est déjà quasiment enterré. Une défaite pour le camp macroniste, qui a par ailleurs atteint le cumul très problématique de dix-sept recours au 49.3 entre dix-huit mois. Dans ce contexte, les “Rencontres de Saint-Denis” organisées ce vendredi 17 novembre par le président pour chercher un consensus sont désormais boudées par les chefs de LFI, LR et du PS.
Fin de vie : les marcheurs à reculon
Les hésitations présidentielles font également des sceptiques sur la question de la fin de vie, dossier sensible que la Macronie touche du bout des doigts sans jamais se décider à l’attraper. Après avoir fixé une deadline avant la fin de l’été, Emmanuel Macron a finalement promis d’aboutir à un texte législatif déposé mi-décembre en Conseil des ministres. Intention confirmée par Olivier Véran sur franceinfo mardi 15 novembre : “Un texte de loi sera présenté d’ici la fin de l’année 2023, avec un examen au Parlement au cours du printemps”. Pourtant, le texte n’a pas encore été transmis au Conseil d’Etat avant passage au Conseil des ministres. De surcroît, le président doit aussi trancher sur l’opportunité d’inclure dans le texte à la fois les soins palliatifs et l’aide active à mourir, mais ne paraît pas pressé d’examiner l’avant-projet de loi qui se trouve actuellement sur son bureau. Quel cadre donner à cette question épineuse ? Au terme d’une année d’intense contestation des initiatives présidentielles et de ses méthodes, l’exécutif craint un nouveau brûlot.