Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Lors du meeting de François Fillon au Palais des Congrès du Futuroscope de Poitiers, le 9 février, les journalistes ont été copieusement hués. C'est Jean-Pierre Raffarin, en chauffeur de salle, qui a lancé les hostilités lors de son discours introducteur. Selon un journaliste du Quotidien présent sur place, des militants ont lancé des "menteurs" et même "salauds" à l'égard des journalistes. Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes a d'ailleurs appelé "François Fillon et ses soutiens à se ressaisir et à faire cesser ce 'spectacle' indigne d'une démocratie, avant que ne survienne un grave incident dont ils porteraient alors l’entière responsabilité."
Mais auprès du JDD, dimanche dernier, celui qui est empêtré dans l'affaire Penelope Fillon, a tenu à se désolidariser. "Je ne fais pas siffler la presse. Je ne me lepénise pas", a-t-il fait savoir. Est-ce à dire, comme le sous-entend François Fillon, que le FN serait le seul parti à s'en prendre aux journalistes ?
A lire aussi - PHOTOS Quand les journalistes et les politiques fricotent
En 2012 déjà, Nicolas Sarkozy chargeait les journalistes
Pour le politologue Jean-Yves Camus, si la mise au pilori des journalistes est une marotte de l'extrême droite, cette attitude fait tache d'huile. "Il y a une tendance générale en ce moment au dénigrement du métier de journaliste. Celui-ci est accusé d'avoir abandonné toute objectivité et de se livrer à des acharnement contre tel ou tel candidat", nous explique ce spécialiste de l'extrême droite.
En effet, alors que François Fillon - et nombreux de ses sympathisants - dénonce un acharnement de la presse contre lui, Nicolas Sarkozy avait déjà pris pour cible les journalistes. C'était pendant la campagne présidentielle de 2012. Le 19 avril de cette année, lors d’un meeting dans le Val de Marne, il déclarait ceci : " Le peuple français va donner une leçon à tous ces gens (les journalistes, ndlr) comme jamais il n’en ont reçu une avant (...) Notre énergie, notre unité, notre rassemblement, renversera les montagnes, les montagnes de papier qu’ils veulent dresser devant vous, devant nous, devant moi. Ils n’y réussiront pas", promettait le candidat UMP. Deux semaines plus tard, lors d'un meeting à Toulon, des journalistes de BFMtv avaient été pris à partie par la foule. "On nous a traités de vendus, de collabos, il y a eu des crachats", a raconté une journaliste à l'AFP. "L'atmosphère est assez désagréable puisque des militants sont assez... nous agressent, nous prennent à parti", expliquait-elle à l'antenne.
Le politologue Jean-Yves Camus note également que Jean-Luc Mélenchon a plusieurs fois attaqué des journalistes du Monde, qui présentaient, selon lui, son parti d'une manière impartiale.
Seuls 23 % des Français font confiance aux médias
"De manière générale, les citoyens et sympathisants critiques des journalistes se rabattent sur Internet, présenté comme le lieu d'informations alternatives aux médias traditionnels", ajoute le politologue. A ce sujet, une enquête d'opinion du Cévipof datant de 2014 est souvent citée. Principale information : seuls 23 % des Français interrogés font confiance aux médias. Par ailleurs, 71% des Français considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants et qu'ils ont tendance à céder face aux pressions du pouvoir politique.
Taper sur les médias et les journalistes est donc une bonne manière de s'attirer les grâces des citoyens qui sont aussi des électeurs. En revanche, quand les journalistes révèlent des informations sur des pratiques illégales de certains hommes politiques, les sympathisants sont, là, contents de voir un adversaire politique en mauvaise passe (et avoir mauvaise presse)...
Vidéo sur le même thème : Jean-Pierre Raffarin fait siffler les journalistes au meeting de Fillon