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Il aurait suffit d'un mot. Lourd de sens, oui, incriminant, ô combien. Mais Jean-Luc Mélenchon ne l'a pas dit, et avec lui, c'est toute la gauche qui s'émiette. "Terrorisme", est l'expression qui a manqué au leader de la France Insoumise aux premières heures de l'attaque du Hamas qui a durement frappé Israel samedi 7 octobre, lorsqu'il s'est assis devant son ordinateur pour écrire sur X. "T oute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même (...) Horrifiés, nos pensées et notre compassion vont à toutes les populations désemparées victimes de tout cela. Le cessez-le-feu doit s’imposer", a-t-il considéré. Mais en renvoyant dos-à-dos la violence de l'Etat hébraique à l'égard des Palestiniens, et la violence du Hamas contre les Israeliens, le leader LFI s'est mis à dos toute la classe politique, qui vocifère à l'unisson, pour une fois.
LFI, "bête à abattre"
Ainsi, l e porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a épinglé mardi sur Franceinfo, un leader Insoumis "tout en haine" qui "légitime le recours à la violence". Le discours de LFI comporte des "a mbiguïtés révoltantes", selon Elisabeth Borne. Jean-Luc Mélenchon est "un ennemi de la République", a jugé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Yonathan Arfi, qui n'en est pas à sa première passe d'arme avec LFI, qualifiant d’"abjecte" la position de l'homme politique. Le patron du PS, Olivier Faure, qui a toujours défendu l'union des partis de gauche, a estimé que les déclarations de LFI "laisseront des traces", et exigé des "explications". De son côté, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé lundi 9 octobre sur son blog "une lapidation médiatique désormais permanente" contre son mouvement.
Les Insoumis s'isolent
Pour autant, ceux qui espéraient que Jean-Luc Mélenchon reviennent sur ses propos en sont pour leurs frais : il est resté campé sur son premier postulat, entraînant son parti inquiet dans une position politiquement intenable. À Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées, lundi, en fin de journée, dans une atmosphère grave pour dire leur solidarité avec Israël. Etaient présents Eric Ciotti (LR), Manuel Valls, Yael-Braun Pivet (Renaissance), Valérie Pécresse (LR), Ségolène Royale (PS), Nicolas Sarkozy (LR) et bien d'autres. Désormais esseulée au sein de la Nupes qui marque son désaccord avec les propos de Jean-Luc Mélenchon, LFI n'avait pour sa part pas envoyé de représentant à la marche parisienne. Le débat s'est encore un peu plus envenimé mardi lors d'une conférence de presse de Mathilde Pannot à l'Assemblée nationale : toujours pas de "terrorisme", mais bien des "crimes de guerre".
François Ruffin rétablit l'équilibre
L'entêtement du groupe à refuser de souligner le caractère injustifiable de l'attaque du Hamas rend de nombreux observateurs perplexes. D'autant plus qu'il paraît tout à fait possible de condamner parallèlement l'attaque du Hamas contre la population israélienne, et la répression du régime de Tel Aviv sur la population Palestinienne. De même que chacun peut, ou plutôt doit, mettre en garde contre la répression que fomente le régime d'extrême-droite de Benyamin Nétanyahou, qui installe aujourd'hui un siège hermétique de la bande de Gaza, où vivent plus de 2,3 millions de Palestiniens, loin d'être tous acquis à la cause du Hamas. L'un n'exclut pas l'autre. Preuve en sont les propos de François Ruffin relayés par l'AFP. "Pas de pudeur de gazelle", préconise-t-il, interrogé sur cette controverse. "Samedi, le Hamas a commis des abominations. On doit mettre des mots forts sur des actes horribles", a-t-il ajouté. Il a également épinglé Tel Aviv pour "avoir fait de Gaza une prison à ciel ouvert, sans espoir pour la jeunesse". Un "terreau du Hamas" qui a "nourri le pire".
En politique, tout débat sert ou dessert. Et alors que celui-ci se mue en pilori pour LFI, tour à tour accusée d'antisémitisme et d'antisionnisme, on ose imaginer que certains se frottent les mains, dans l'opposition comme dans la majorité. A qui profite la désunion de la gauche ?