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L’affaire Tapie, Adidas/Crédit Lyonnais ou encore Tapie-Lagarde, autant de noms pour désigner une seule et même affaire dont l’épilogue ne semble pas vouloir se profiler. Tout commence en 1993, Bernard Tapie, homme d’affaires talentueux à la tête de la marque d’équipements Adidas mais aussi de l’Olympique de Marseille, se tourne vers la politique et le Parti Socialiste. Fervent combattant du Front National, il se voit proposer rapidement le poste de ministre du Logement par François Mitterrand.
Une cession pour éviter le conflit d’intérêt
En acceptant le poste, le nouveau ministre doit ainsi vendre Adidas et liquider toutes ses affaires pour ne pas être accusé de conflits d’intérêts. Bernard Tapie fait donc appel au Crédit Lyonnais partenaire du groupe Tapie, pour réaliser la vente de la marque aux trois bandes. La banque rachète ainsi la marque et la revend ensuite plus du double à l’homme d’affaires Robert Louis-Dreyfus, soit un manque de 2 milliards de francs (300 millions d’euros) pour Bernard Tapie. La marque est même cotée en bourse en 1995 pour 1.667 milliard d’euros soit plus de cinq fois son prix de vente initial.
Un micmac judiciaire
A l’annonce du bénéfice réalisé par le Crédit Lyonnais lors de la vente, Bernard Tapie leur réclame 229 millions d’euros. La banque, à l’époque en faillite a pu être sauvée par l’Etat à l’aide du Consortium de Réalisation (CDR) : de l’argent public entre ainsi dans l’affaire.
En 1996, le CDR est condamné à verser 91,5 millions d’euros à Bernard Tapie. Et l’entité fait retarder la procédure judiciaire autant que possible. Et pour cause, neuf ans plus tard, le CDR est condamné à verser 135 millions d’euros à l’homme d’affaires à titre de dommages et intérêts. Un an plus tard, le jugement est annulé par la cour de cassation, et l’imbroglio judiciaire se poursuit. Ce dernier devient politique lorsqu’en 2008 et, la ministre de l’Economie Christine Lagarde décide de régler l’affaire à l’aide d’une commission arbitrale.
Affaire Tapie : acte II
L’affaire Adidas/Crédit Lyonnais devient ainsi l’affaire Tapie-Lagarde. La commission donne finalement raison à Bernard Tapie et lui accorde 405 millions d’euros, dont 135 millions d’euros pour préjudice moral. Le dossier revient sur le devant de la scène lorsque de nombreux éléments litigieux sont communiqués à des juges autour de la tenue de cette commission.
Des zones d’ombres sur les motivations qui ont poussé l’Etat à recourir à une commission d’arbitrale sont relevées par la justice. Les multiples rencontres entre Bernard Tapie et Nicolas Sarkozy à l’Elysée, ont également éveillé les soupçons, tout comme les liens de l’homme d’affaires avec l’un des juges arbitres de la commission, Pierre Estoup. Ce dernier a été mis en examen tout comme le directeur du cabinet de l’époque de Christine Lagarde, Stéphane Richard, pour fraude en bande organisée. Dernier évènement pour ce statu quo vieux de vingt ans : le principal intéressé, Bernard Tapie a également été mis en examen pour les mêmes motifs et ses biens ont été saisis. L'Etat a par ailleurs annoncé qu'il se porterait parti civile pour cette affaire.
L’affaire Tapie est sans aucun doute l’une des affaires politico-judiciaires les plus longues de la Vème République, et n’a toujours pas trouvé d’épilogue…