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Il est une des clefs pour comprendre l’affaire Benjamin Griveaux. L’activiste russe Piotr Pavlenski a très tôt assumé son rôle dans la diffusion des vidéos intimes de l’ancien candidat à la mairie de Paris, affirmant avoir agi pour dénoncer "l’hypocrisie" de l’homme politique. Selon lui, il "a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris. Il a fait de la propagande des valeurs familiales traditionnelles". Mais qui est au juste ce trentenaire dont le nom est cité partout depuis plusieurs jours ? Il vient d’être mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour "atteinte à l’intimité de la vie privée" et "diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel" mais n’en est pas à son coup d’essai.
Piotr Pavlenski : condamné en 2017
Piotr Pavlenski est arrivé récemment en France, en janvier 2017 plus précisément. Visé par une accusation d’agression sexuelle en Russie, celui qui se décrit comme un "artiste politique" a quitté son pays pour s’installer dans l’Hexagone, où il a obtenu le statut de réfugié politique en mai 2017, explique Le Point. Le trentenaire a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis après avoir incendié la façade d’une succursale de la Banque de France en octobre 2017. L’objectif ? Dénoncer "le pouvoir de la finance". Il avait alors été interdit de porter une arme pendant cinq ans, une obligation qu’il n’aurait pas respectée.
Avant la diffusion des vidéos intimes attribuées à Benjamin Griveaux, Piotr Pavlenski était déjà recherché par la police depuis le mois de janvier pour des faits de violences avec arme blanche. Il aurait blessé deux personnes avec un couteau le 31 décembre dernier, lors d’une soirée chez la compagne de Juan Branco. Depuis son arrivée en France, il aurait développé un mode de vie particulier, fait de vol à l’étalage et de squat de logements parisiens.
Piotr Pavlenski : un squatteur de logements parisiens
Peu de temps après avoir posé les pieds sur le sol français, Piotr Pavlenski a mis en place un mode de vie qui lui est propre selon Le Point, fait de vols à l’étalage, de fraude dans les transports et de squat de maisons parisiennes. Il a accordé une interview à la radio internationale allemande Deutsche Welle pour justifier ses choix, expliquant : "Les gens qui habitent ici et qui ne s’identifient ni à l’immigration ni aux touristes, vivent grâce aux saisies, aux vols et à la redistribution des biens". "Nous nous sommes intégrés en France et nous identifions aux Français, c’est pourquoi nous vivons comme les Français : nous ne travaillons pas et nous ne payons pas (…) Je peux parler pour les Parisiens, ils nient le travail", ajoutait-il. Une vision de la vie parisienne qui lui est propre et qu’il met en application jusque dans ses choix de logements.
Comme l’explique Europe 1, Piotr Pavlenski est un habitué des squats et a élu domicile dans plusieurs maisons de La Mouzaïa, un quartier du 19e arrondissement de Paris aux allures de village. Interrogée par la radio, une de ses voisines explique : "Je lui ai demandé s’il était un nouveau voisin, il a répondu ‘je squatte’". Son ex-femme vivrait désormais dans une maison du quartier, vide de ses habitants depuis la mort de la propriétaire en juillet dernier. « Depuis septembre, ils ont rénové l’intérieur, ils ont rangé, ils se sont installés… Ils sont très forts, mais je trouve ça absolument dégueulasse », explique une autre voisine au micro d’Europe 1. Avant de fréquenter Alexandra de Taddeo, Piotr Pavlenski a été en couple avec Oksana Chaliguina.
Piotr Pavlenski : un pacte "d’honnêteté" avec son ancienne compagne
Le mode de vie de Piotr Pavlenski est original jusqu’à sa relation avec son ancienne compagne. La journaliste Galia Ackerman, qui a traduit en français "Le cas Pavlenski", a décrit auprès du Parisien un homme "extrême" et "amoral" : "C’est un type solitaire, assez mutique. Il est extrême dans tout ce qu’il fait, il a décidé qu’il allait faire de la politique par l’art. Des gens disent que ce n’est qu’un pseudo-artiste, mais je ne suis pas d’accord. Il fait partie d’une mouvance extrêmement violente qu’on appelle l’actionnisme politique".
La spécialiste de la Russie connaît également bien sa relation avec son ancienne compagne. "Avec sa femme Oksana, c’était une sorte d’union libre, explique-t-elle. Mais il fallait tout se dire. Une fois, elle a trahi ce pacte d’honnêteté. Pour se faire pardonner, elle s’est coupée une phalange de doigt à la main gauche". Si Piotr Pavlenski a rapidement évoqué les motivations de son geste, certains n’y croient pas.
Auprès du Parisien, Galia Ackerman explique ne "pas comprendre" l’acte de "revenge porn" dans son projet artistique. "Il y a encore quelques semaines, je pense qu’il ne savait pas qui était Benjamin Griveaux, explique-t-elle. Et il ne peut pas défendre l’intégrité des hommes politiques parce que ces hommes-là, il ne les reconnaît pas par principe. Enfin, vu l’idée qu’il se fait des Parisiens, je le vois mal se passionner pour cette petite campagne municipale". Pour l’ancienne journaliste, Piotr Pavlenski "a servi d’idiot utile". "Tout cela me rappelle quand même les vieilles techniques soviétiques. On employait des jeunes femmes et des jeunes hommes pour piéger des politiques et avoir des matières compromettantes contre eux", conclut-elle.