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Les articles sont formels. Dépasser 33% de taux d'endettement, pour quiconque entend emprunter en vue d'un achat immobilier, n'est pas recommandé. "Plus un emprunteur est pris à la gorge, plus il y a de risques qu'il ne parvienne pas à s'acquitter de sa dette", écrit 20 minutes, qui rappelle toutes les astuces utiles pour convaincre un banquier d'allonger l'argent nécessaire à l'acquisition. Non sans rappeler qu'actuellement, "aucun plafond légal n'existe". En clair, le seuil des 33% tient notamment parce que les établissements bancaires proposent des produits assez similaires.
Demeurent néanmoins quelques questions : pourquoi 33%, plutôt que 42%, par exemple ? Qui a décidé du seuil à ne pas dépasser ? Ce dernier pourrait-il évoluer à l'avenir ? C'est pour répondre à ces interrogations que Planet a fait appel à l'économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne.
"Si les établissements bancaires rechignent à accorder un prêt quand le taux d'endettement dépasse 33%, c'est effectivement parce qu'il existe un risque réel d'insolvabilité en cas de charges d'emprunt trop lourdes. D'une façon générale, quand le budget associé au logement dépasse 30% des revenus du foyer, on peut considérer que la situation est susceptible de présenter un danger", explique l'économiste. Avant de nuancer le propos. "Bien sûr, pour un foyer qui touche le smic et un autre qui perçoit mensuellement 10 000 euros, 30% ne représentent pas la même chose. Dans le premier cas, il devient rapidement plus compliqué de compresser les dépenses restantes. Tandis que dans l'autre, il est possible de dépasser le tiers en rognant plus facilement sur des charges qui ne sont moins primordiales. Les foyers les plus fortunés ont moins de difficultés à arbitrer leur budget, parce qu'elles ont plus de marge".
Par ailleurs, souligne le directeur du Cercle de l'Epargne, il ne faut pas perdre de vue que le taux d'endettement n'est qu'un facteur. La composition d'une famille et les autres charges qu'elle supportent sont essentielles à prendre en compte.
33% de taux d'endettement : un chiffre arbitraire mais qui fait sens ?
"Par définition, le seuil fixé par les établissements bancaires est arbitraire. C'est par expérience, et après analyse de leurs données, que les banques ont fini par tomber d'accord sur cette valeure de 33%", indique Philippe Crevel.
Pourtant, par le passé, il était possible d'emprunter à 50% de taux d'endettement. Si les banques refusent aujourd'hui de tels dossiers, c'est parce que la situation est très différente aujourd'hui, répond le spécialiste. "Hier, le montant du capital était érodé par l'inflation. Ce qui signifie que, petit à petit le taux d'endettement baissait : le remboursement représentait 50% les premières années, avant de chuter lentement mais sûrement, limitant le risque d'insolvabilité. Sans oublier la forte hausse de la précarité qui ralentit la hausse des salaires", analyse-t-il.
Autre point important : le contexte bancaire actuel. "Quand les taux n'étaient pas si bas, il était facile pour les banques de faire de l'argent sur le dos des payeurs, en grossissant légèrement leur taux. Les sommes perçues servaient à financer les mauvais payeurs et la prise de risque. Aujourd'hui, il n'y a plus moyen de procéder à de tels opérations de façon imperceptible pour l'emprunteur. C'est donc exclu."
Pire encore, le seuil des 33% pourrait être amené à se resserrer. "Compte tenu du risque de créances douteuses qui existe aujourd'hui, il n'est pas impossible que la Banque de France opte à terme pour un nouveau plafond, plus sévère, à 30%. En dessous de cela, c'est peu probable : les banques auraient du mal à prêter à qui que ce soit et ne pourrait plus faire de business", note l'économiste.