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On l’a surnommé "le Petit juge". Jean-Michel Lambert est au cœur de la nouvelle série de TF1, Une affaire française, qui porte sur le petit écran l’affaire Grégory Villemin. La mort du garçonnet le 16 octobre 1984 a marqué les Français car, 37 ans plus tard, elle continue de fasciner.
Qui s’est vengé du "chef" en assassinant son fils ? Qui pouvait en vouloir autant à Jean-Marie Villemin pour espérer qu’il meurt "de chagrin" ? Qui a lentement, mais sûrement, tissé sa toile de haine et de calomnies au sein du clan Villemin, par téléphone et lettres anonymes ?
Jean-Michel Lambert : un jeune juge à la tête d’une affaire hors norme
Après trois décennies d’enquête, d’auditions, mais aussi de fausses pistes, la justice penche désormais pour la mise à exécution d’un crime "collectif", entre différents proches de la famille Villemin. Il n’y aurait pas eu un mais plusieurs corbeaux, qui auraient mis à exécution leurs menaces des trois dernières années. Les deux nouveaux épisodes de la série de TF1, diffusés lundi 27 septembre, se sont intéressés à la suite de l’enquête et surtout à la piste Christine Villemin, qui a été accusée à tort d’infanticide avant d’être innocentée par la justice.
Parmi les personnages qui ont profondément marqué les téléspectateurs se trouve le juge Jean-Michel Lambert, interprété par Laurent Stocker. En 1984, ce jeune magistrat de 32 ans hérite de l’affaire Grégory Villemin et mène une instruction qui sera sous le feu des projecteurs autant que sous celui des critiques. Les inculpations et incarcérations infructueuses de Bernard Laroche puis de Christine Villemin feront les gros titres de la presse, alors que le jeune juge tombe dans le tourbillon médiatique. Des erreurs de procédure conduiront également à l’annulation de certaines pièces du dossier.
En 1987, l’affaire est reprise par le juge Maurice Simon qui, dans ses carnets, aura une phrase particulièrement dure à l’encontre de son confrère. Cette dernière a été dévoilée par BFMTV le 11 juillet 2017 : "On reste confondu devant les carences, les irrégularités, les fautes, les dissimulations de preuves ou le désordre intellectuel et peut-être simplement matériel du juge Lambert". Quelques heures après ces nouvelles révélations, le juge Jean-Michel Lambert se donne la mort…
Jean-Michel Lambert : un suicide à l’âge de 65 ans
Le matin du 12 juillet 2017, le corps de l’homme 65 ans est retrouvé à son domicile, un sac plastique sur la tête, serré par une cravate. Le suicide, qui remonte à la veille, ne fait que peu de doute, car aucune trace d’effraction n’est relevée dans sa maison du Mans (Sarthe). A ce moment-là, l’affaire Grégory prend un nouveau tournant, après des analyses et une relecture du dossier, menées avec un logiciel spécifique.
Trois membres de la famille sont alors mis en examen, soupçonnés d’avoir participé au rapt et au meurtre du petit garçon : Marcel et Jacqueline Jacob – oncle et tante de Jean-Marie Villemin – et Ginette Villemin, la femme de Michel Villemin, oncle de Grégory. La piste du complot familial est donc celle privilégiée, loin des conclusions du premier juge à avoir instruit l’affaire.
Jean-Michel Lambert a laissé quatre lettres pour expliquer son geste, dont une qu’il a envoyée à un journaliste de L’Est Républicain et qui a été publiée, mot pour mot. Elle évoque, sans surprise, l’affaire Grégory, qui a bouleversé sa vie professionnelle comme personnelle…
Jean-Michel Lambert : "Je n’aurai plus la force de me battre"
Dans sa lettre envoyée au journal local, le juge écrit : "J’ai décidé de me donner la mort, car je sais que je n’aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m’attendrait. Cet énième rebondissement est infâme. Il repose sur une construction intellectuelle fondée en partie sur un logiciel. La machine à broyer s’est mise en marche pour détruire ou abîmer la vie de plusieurs innocents, pour répondre au désir de revanche de quelques esprits blessés dans leur orgueil".
Il défend également une nouvelle fois son honneur, ajoutant : "Je proclame une dernière fois que Bernard LAROCHE est innocent. La construction intellectuelle que je viens d’évoquer est en réalité un château de cartes qui aurait dû s’effondrer dès le premier regard objectif sur le dossier (…) Pour ne pas perdre la face, on cherchera alors un bouc-émissaire. Autant dire qu’il est tout trouvé… Je refuse de jouer ce rôle". Il conclut : "On ne connaîtra jamais la vérité parce qu’on refuse de voir la vérité. Je préfère sonner la fin de partie pour moi. L’âge étant là, je n’ai plus la force de me battre. J’ai accompli mon destin".