Partager :

Affaire Émile Louise : une victime potentielle identifiée cinquante ans après sa disparition © Steeve/ABACAabacapress
Une photographie de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin, portée disparue depuis 1975, a été retrouvée dans les archives de la Ddass. Alors qu'une partie de son crâne a été retrouvée près du cimetière du “boucher de l'Yonne”, elle pourrait être la huitième victime présumée d'Émile Louis.

Aucune photo de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin n’avait été retrouvée jusqu’alors. Disparue dans l’indifférence en 1975, cette femme de 40 ans était soignée pour dépression dans une maison de repos située à Monéteau dans l’Yonne, selon France 3 Bourgogne-Franche-Comté. En 2018, la découverte de son crâne en forêt de Rouvray, tout près de l’endroit surnommé “le cimetière d’Émile Louis”, a relancé l’enquête. Des analyses ADN avaient permis d’identifier formellement les restes comme étant ceux de la disparue. Cette avancée, la première depuis plusieurs décennies, a conduit le parquet d’Auxerre à relancer des fouilles en septembre 2024. Depuis, les enquêteurs s’interrogent : cette femme aurait-elle été l’une des victimes du tueur en série ? 

Mi-avril, les enquêteurs de la brigade de recherches d’Auxerre (Yonne) sont parvenus à retrouver une photographie de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin datant de 1956 dans les archives de la DDASS. “C'est une photo de ma mère à l'âge de 21 ans, lorsqu'elle est sortie de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS)”, explique à BFMTV Jacques Ponce, le fils de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin. 

“Je n’arrive pas à me rappeler du visage de ma mère”

De sa mère, il ne garde que peu de souvenirs. Il n’a vécu avec elle que pendant les 18 premiers mois de sa vie, avant d’être placé. Par la suite, il ne la voyait qu’une à deux fois par an et toujours accompagné. Lorsque ces visites s’interrompent en 1975, il n’a que huit ans. Et il est persuadé qu’elle ne vient plus parce qu’elle est morte. “Je n'arrive pas à me rappeler du visage de ma mère, par contre je reconnais celui de ma soeur” explique-t-il à propos du cliché qui lui a été restitué par son avocat, Me Didier Seban. 

Les dix enfants de la potentielle victime avaient été placés très jeunes en institution, avant de perdre tout contact avec leur mère dans les années 1970, une période marquée par les crimes du tueur en série Émile Louis. Et bien que d’autres pistes soient étudiées, la justice n’écarte pas la possibilité que le tueur en série ait croisé le chemin de la disparue. Un faisceau de coïncidences troublantes alimente cette hypothèse : la maison de repos où séjournait Marie-Jeanne Ambroisine Coussin se trouvait sur l’itinéraire quotidien du chauffeur de bus, mort en 2013. 

Le tueur avait avoué avoir enterré ses sept victimes dans son “cimetière”

Neuf ans plus tôt, il avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol et l’assassinat de sept jeunes femmes placées par l’assistance sociale, entre 1975 et 1979. Il avait reconnu avoir enseveli ses sept victimes dans la forêt de Rouvray, faisant du lieu son sinistre “cimetière”. Les premières fouilles avaient été lancées en 2000, à la suite de ses aveux mais seuls deux squelettes avaient alors été retrouvés. 

Lors de la découverte du crâne en 2018, les enquêteurs pensent d’abord qu’il appartient à l’une des cinq jeunes filles toujours portées disparues. Mais la vérité les surprend : il s’agit d’une femme dont la disparition n’avait jamais été signalée, Marie-Jeanne Ambroisine Coussin. Une nouvelle campagne de fouilles a été menée en septembre dernier dans l’espoir de retrouver le corps de la mère de Jacques Ponce, mais seuls quelques objets et des vêtements avaient été retrouvés. À ce jour, le parquet d’Auxerre n’exclut pas de relancer les recherches.