Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Philippe Crevel est économiste, spécialiste des questions macroéconomiques. Il a fondé Lorello Ecodata, société d'études et de stratégies économiques, et dirige le Cercle de l'Epargne. Il s'agit d'un centre d'études et d'information consacré à l'épargne et à la retraite.
Noël, une fête inévitable malgré la crise sanitaire ?
Planet.fr : Nombreux sont les Français qui espèrent encore fêter Noël cette année. Au vu et au su de la situation économique française, peut-on se permettre de ne pas célébrer Noël ? Quels sont les risques immédiats auxquels s'exposerait la nation ?
Philippe Crevel : Noël sera-t-il Noël ? La naissance de Jésus Christ, la fin d’année et les rois mages sont des dates incontournables tant sur le plan de la foi que sur le terrain plus matérialiste de l’économie.
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Cette situation concerne une grande partie de l’humanité. En France, les dépenses de Noël représentent, en temps normal, plus de 70 milliards d’euros dont plus de 55 sont réalisés dans les commerces et une quinzaine en ligne. Cette année, cette proportion risque d’être différente. Pour certains secteurs, comme les jouets, le chocolat, les fêtes de fin d’année sont cruciales dans la réalisation du chiffre d’affaires. 35 % du chiffre d’affaires de l’industrie du jouet sont réalisés entre fin novembre et fin décembre. Pour la maroquinerie, ce taux est de 40 % ; pour la parfumerie, il dépasse 35 %.
"Ne pas fêter Noël serait lourd de conséquence" – Philippe Crevel
Les commerces, ayant vécu trois mois de confinement, comptent sur la fin de l’année pour s’en sortir. Mais derrière les commerçants, il y a des filières entières menacées de péricliter, le jouet, la pharmacie, le textile, la maroquinerie, le luxe, la bijouterie, etc. Une mise sous cloche de Noël serait lourde de conséquences en termes d’emploi. Par ailleurs, l’effet psychologique pour la population ne serait pas négligeable.
Se méfier de la répétition des chocs
Planet.fr : D'un point de vue sanitaire, il paraît complexe de défendre les fêtes de fin d'année. Mais sur le long terme, quelles pourraient être les ramifications sociales et économiques ? Faut-il s'attendre à du chômage de masse ?
Philippe Crevel : Des compromis devront être trouvés comme lors de toute épidémie. Il faudra prendre des précautions, conserver le masque, réduire le nombre de convives, éviter les déplacements mais Noël et le 31 décembre seront célébrés et fêtés.
Au-delà des fêtes de fin d’année, la question est la capacité de l’économie de s’adapter à du stop and go. Le deuxième confinement aura été moins mortifère que le premier. Les entreprises prennent le pli d’évoluer en situation dégradée. Le maintien de contraintes fortes en décembre et en janvier aurait sans nul doute des conséquences en termes d’emploi. C’est la répétition des chocs qui est dangereux et qui peut user les structures économiques du pays.
"Nous risquions l'effondrement"
Planet.fr : Peut-on vraiment continuer à opposer les volets sanitaires et économiques ?
Philippe Crevel : Santé et travail vont de pair. C’est bien connu…. Sans économie, pas de protection sociale. L’économie, les entreprises ont besoin de salariés en bonne santé. Il y a un consensus pour privilégier la santé et éviter l’engorgement des hôpitaux. Il faut évidemment que les entreprises puissent continuer de produire et de vendre faute de quoi nous risquions l’effondrement.
Les précédentes épidémies ont posé le problème des impératifs économiques et des contraintes sanitaires. Nous n’y échappons pas. La mise en place de protocole strict, le recours à une mauvaise hygiène, l’amélioration du traçage des malades sont des éléments clefs de cette conciliation.