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Explosions dans les centrales nucléaires du Japon : le point
Pour suivre en direct la situation au Japon, voir nos articles Japon : suivez la chronologie des évènements en direct, Japon, l'inquiétude grandit devant le risque nucléaire et Séisme au Japon: la crise nucléaire s'aggrave, le niveau de radioactivité augmente.
Le Japon est un pays relativement habitué aux séismes. C'est pourquoi, depuis de nombreuses années, les infrastructures japonaises, dont les centrales nucléaires, sont conçues pour résister à ce caprice de la nature.
Alors pourquoi connaissent-elles des problèmes d'explosion ? Le séisme de vendredi, de magnitude 8,9 sur l'échelle de Richter, n'est pas à mettre en cause. Le tsunami qui a suivi explique les difficultés actuelles que subissent certaines centrales nucléaires japonaises.
Des problèmes avec le système de refroidissement Le Japon compte 17 centrales nucléaires sur son territoire. Quatre d'entre elles se situent sur la côte nord-est du pays, et ce sont justement ces centrales qui ont subi le séisme et le tsunami. (voir la carte).
Ces centrales ont résisté au séisme. Les réacteurs se sont arrêtés automatiquement dès les premières secousses. C'est le tsunami qui leur a été gravement préjudiciable.
Explosions à répétitionSamedi 12 mars, au lendemain du tremblement de terre et du tsunami, la première centrale à montrer une faiblesse est celle de Fukushima Daiichi (ou Fukushima 1). Le tsunami de la veille, trop puissant, a endommagé le système de refroidissement des réacteurs. La réaction nucléaire a donc continué à se faire à une température trop élevée (environ 1 000°C). De l'hydrogène s'est créé, se répandant dans les caissons de confinement. Par mesure de sécurité, une partie du gaz a été libérée. C'est la libération de ce gaz qui a provoqué l'explosion du bâtiment abritant le réacteur. Il s'agit de la protection la plus extérieure du combustible, après la cuve et l'enceinte de confinement.
Le lendemain, dimanche 13 mars, un second réacteur de Fukushima Daiichi et les réacteurs de la centrale de Fukushima Daini (ou Fukushima 2), située à une dizaine de kilomètres, connaissent le même problème. Dans l'après-midi, le premier état d'alerte (le plus bas) est annoncé autour de la centrale de Onagawa, plus au nord, suite à la détection d'un taux de radioactivité supérieur aux seuils autorisés. Cette centrale nucléaire avait connu un incendie après le tremblement de terre. En fin de journée, on apprend que le système de refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Tokai est également en panne, mais le système de secours aurait pris le relais, selon Tepco (l'opérateur électrique Tokyo Electric Power, en charge de la zone).
Lundi 14 mars, vers midi heure locale (environ 3 heures du matin en France), deux nouvelles explosions ont lieu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. La raison : toujours le même problème du système de refroidissement.
Une situation préoccupanteA l'heure actuelle, les zones entourant les centrales nucléaires de Fukushima Daiichi et Fukushima Daini ont été évacuées.Lundi 14 mars, au matin, Eric Besson, ministre de l'Energie, estime au micro de France Inter que la "situation est préoccupante", et n'écarte pas la possibilité d'une catastrophe nucléaire, en expliquant que "la catastrophe, ce serait la fusion du réacteur et surtout la rupture de l'enveloppe qui enserre le réacteur".
Après la dernière explosion ce mardi matin, Nicolas Sarkozy s'est prononcé, évoquant des "évènements absolument dramatiques".
Quels sont les risques ?
Justement, selon les spécialistes, une "fusion" (surchauffe du combustible) pourrait avoir lieu dans l'un des réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi. Le combustible pourrait alors percer le fond de la cuve et se retrouver dans l'enceinte de confinement, où, en dernier rempart, le béton pourrait refroidir le liquide. L'explosion de la centrale pourrait donc être évitée. Pour le moment, l'urgence est de noyer le réacteur.
Des particules radioactives déjà relâchéesMême sans cette explosion, des particules radioactives ont déjà été relâchées dans les airs lors de la libération d'une partie du gaz pour éviter que le bâtiment ne se fissure, et lorsque l'un des bâtiments a explosé. Le gouvernement a annoncé qu'elles étaient vite retombées, et n'auraient pas de conséquences sur la santé.
Mais les scientifiques auraient détecté un nuage 1 000 fois plus radioactif que l'air naturel. Dans ce nuage, de l'iode, qui peut provoquer des cancers de la thyroïde, selon Monique Sené, présidente du groupement scientifique d'information sur l'énergie nucléaire, interrogée par La Croix. Elle insiste aussi sur la présence de césium et de strontium susceptibles d'entraîner des problèmes cardio-vasculaires et neurologiques.
L'évacuation devrait éviter le pire : au bout de 7 jours, l'iode n'est plus nocif. Par ailleurs, des comprimés censés protéger la thyroïde seront distribués aux habitants des zones proches des centrales.Cependant, les autres substances seront toujours dangereuses pour la santé (30 ans pour le césium).
Pas de raison que la centrale nucléaire exploseAujourd'hui, tous les Japonais se demandent s'ils devront subir une explosion nucléaire. Bertrand Barré, conseiller scientifique du numéro un mondial du nucléaire Areva, explique au quotidien France Soir qu'"il n'y a pas de raison pour que le coeur explose. A la différence de Tchernobyl, où la centrale était en marche au moment de l'incident, celle de Fukushima est à l'arrêt". Il évoque tout de même ce que serait le pire des scénarios : "Le combustible s'étale dans la cuve, puis dans l'enceinte de confinement et, au-delà, s'échappe à l'extérieur et se retrouve en plein air, ce qui entraînerait une contamination majeure". Mais il précise cependant que ce n'est pas le plus probable.
Pas comparable à TchernobylQuand bien même, si cela devait arriver, les dégâts ne seraient pas aussi importants que pour Tchernobyl. En effet, à l'époque, le réacteur en surchauffe avait brûlé pendant dix jours. De très nombreuses particules radioactives avaient été envoyées dans les airs, formant un immense nuage qui avait fait le tour de l'Europe. Dans le cas des centrales japonaises, dont les réacteurs sont éteints, les conséquences seraient beaucoup plus "locales". Les contaminations très fortes ne concerneraient que les zones situées dans l'axe du vent.
Quelles conséquences à Tokyo ?Et pour les habitants de Tokyo ? Si les vents devaient souffler vers la mer, la ville ne courrait pas de risque.
Si au contraire, le vent soufflait dans les terres, Tokyo pourrait être touché. Mais avec les 250 km qui séparent Tokyo des centrales, le nuage aurait déjà perdu beaucoup de radioactivité avant d'atteindre la capitale japonaise. De toute façon, la région de Tokyo et ses 100 millions d'habitants ne pourraient raisonnablement pas être évacués. On conseillerait alors à tout le monde de se confiner au maximum dans son logement et de calfeutrer les ouvertures pendant le passage du nuage.
Quoi qu'il en soit, Bertrand Barré explique que le "facteur temps joue un rôle important". Une fusion tardive relâchera moins de radioactivité, car la radioactivité diminue avec le temps.
Et en France ?
Les catastrophes chez les autres, comme celle que subit actuellement le Japon, sont toujours une bonne occasion pour regarder ce qui se passe chez nous. Où en est-on avec le nucléaire en France ? Les centrales résisteraient-elles à des secousses sismiques ? Que se passerait-il en cas d'explosion ?
Les évènements au Japon relancent le débat du nucléaire en France. L'opinion publique se demande ce qu'il adviendrait si un tremblement de terre devait toucher la France, dans une zone où se situe une centrale nucléaire.
Les centrales françaises pas à l'abriSelon Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, les 58 centrales nucléaires françaises seraient susceptibles d'être concernées par des catastrophes naturelles. Elle pointe en particulier la centrale de Fessenheim (photo), en Alsace. La station, mise en service en 1977, ne respecterait pas du tout les normes sismiques de 2000, alors qu'elle se trouverait sur une zone sensible, où la terre peut trembler. Thierry Charles, directeur de la sûreté à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, remarque tout de même dans Le Parisien que "les séismes sont plus faibles en France qu'au Japon". Il n'y a donc pas besoin d'une sécurité aussi accrue. Il remarque également que les risques de tsunami en France sont plutôt faibles et précise que "chaque centrale bénéficie de mesures de sécurité particulières", selon la région où elle se trouve.
Filtration des particulesSi un problème devait arriver au niveau du système de refroidissement, des particules seraient rejetées dans l'atmosphère, mais les centrales françaises sont équipées pour filtrer ces particules. Thierry Charles rappelle que chaque année, des exercices sont organisés aux abords des centrales, et que les riverains disposent de médicaments à base d'iode, pour les protéger des radiations.
Par ailleurs, en plus des centrales potentiellement concernées par les séismes, Corinne Lepage attire l'attention sur les centrales du Blayais en Gironde, ou de celles bordant le Rhône qui surchauffent en période de sécheresse, quand les cours d'eaux ne peuvent plus alimenter correctement le système de refroidissement.
Au sommet de l'Etat, on annonce déjà que tous les enseignements seront tirés de la situation au Japon. Dans un communiqué, François Fillon a rappelé que "la France, impliquée dans le développement de l'énergie nucléaire depuis de nombreuses années, a toujours privilégié le niveau maximum de sécurité dans la construction et l'exploitation de ses installations".
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