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Le verbe "pavoiser" avait presque perdu sa signification première lorsque François Hollande à invité les Français à pavoiser leur domicile de drapeau tricolore en hommage aux victimes des attentats 13 novembre. Un verbe qui a ressurgi du passé, tel un phénix de ses cendres, alors que la République était menacée. Les drapeaux ont alors flotté au vent pendant plusieurs jours, marquant ainsi l’unité nationale, cette envie de faire front contre la barbarie.
Pourtant, au bout de quelques semaines, lesdits drapeaux ont commencé à regagner la sécurité de leur placard, où ils prenaient jusque-là la poussière. Le danger n’était plus aussi présent, l’horreur était passée, et l’unité s’est dispersée.
Mais il ne faut cependant pas y voir une perte d’intérêt des Français pour les attentats du 13 novembre. En effet, la relation qu’ils ont avec leur drapeau tricolore est avant tout compliquée et parfois difficile à assumer. Explication.
Une histoire politique houleuse
Le drapeau, à l’origine, était avant tout un symbole de contestation pendant la Révolution de 1789. "Symbolisant le progressisme, les citoyens l’arboraient fièrement sur leur domicile comme pour montrer qu’ils approuvaient le pouvoir en place, en opposition aux temps de la monarchie", a expliqué à Planet.fr, Olivier Ihl, politologue. Le drapeau incarnait clairement la devise de la République "liberté, égalité, fraternité", l’unité.
Avec le temps, en traversant les deux guerres mondiales et les guerres coloniales, le drapeau a revêtu un côté nationaliste, faisant quelque peu fuir la gauche tout en devenant une symbolique de la droite. Aujourd’hui, le Front national a fait du drapeau français son totem, achevant de lui conférer une signification nationaliste. "On a oublié ce qu’était notre drapeau. Les Français ont de plus en plus de mal à faire la part des choses entre le symbole de la République et la reprise faite par certains partis", regrette le politologue.
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"Je ne me vois pas mettre le drapeau français à ma fenêtre, avoue Nadine, 49 ans, originaire de Montpellier. J’aurais l’impression de narguer les gens dans la rue et de leur dire ‘je suis Française et ‘la France aux Français’". Pourtant, quand on lui demande si elle a arboré les couleurs tricolores au lendemain des attentats, elle répond : "Evidemment, mais ce n’est pas la même chose. A ce moment-là, des citoyens venaient de mourir, la République venait de prendre un sacré coup. C’était du patriotisme."
Pour Pierre Birnbaum, sociologue, les Français n’ont pas besoin de brandir quotidiennement leur drapeau, comme les Américains : "L’attachement est ponctuel, certes, mais collectif. Lorsque le danger est présent, on sait se mobiliser. Chez les Américains à l’inverse, on observe un patriotisme fort quotidien, mais presque individuel."
Le monopole du drapeau par le gouvernement
En plus de véhiculer un message ambigu, le drapeau est aussi devenu un objet presque… tabou. "Juridiquement, l’utilisation du drapeau est devenue très restrictive en France. On ne peut pas exprimer une opinion contestataire en brandissant le drapeau, c’est interdit. On ne peut pas le dégrader, le contester. Aux Etats-Unis, par exemple, la Constitution américaine prévoit un usage libre du drapeau. On peut en faire ce qu’on veut avec il n’y aura aucun problème. En France, le drapeau n’est pas un symbole de liberté.", confie Pierre Birnbaum.
"Aujourd’hui le gouvernement a revendiqué le monopole de l’utilisation du drapeau. Ce sont les dirigeants qui décident où, comment et quand l’arborer, confirme Olivier Ihl. En revanche, dans l’idéologie, je ne pense pas que la politique puisse vraiment s’emparer du drapeau, aucun parti ne peut le reprendre. C’est un symbole trop fort. Il ne faut juste pas oublier son histoire."
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