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Elles ont 14, 15, 16 ans, ont vécu en France toute leur enfance jusqu’à ce qu’un embrigadement numérique les pousse à plier à bagages pour rejoindre la Syrie. Théâtre d’une guerre des plus meurtrières, la destination ne les effraie pas, au contraire, elle les attire. Aujourd’hui encore, une jeune fille de 15 ans portée disparue est activement recherchée dans le sud de la France.
Cette adolescente, comme les autres qui l’ont précédée, est soupçonnée de vouloir quitter le territoire pour rejoindre les rangs djihadistes. Mais pourquoi diable des adolescentes quittent père et mère pour rallier une zone de guerre en proie aux pires atrocités ? Éléments de réponse.
Le rôle des réseaux sociaux
La surveillance du djihadisme sur le web figure dans le plan ant-djihad présenté par Bernard Cazeneuve. Et pour cause, c’est principalement via les réseaux sociaux (Facebook et Skype) que se font les recrutements. Le pouvoir de prédication des contenus de propagande capte l’attention de ces jeunes filles en perte de repères.
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Le journaliste spécialiste David Thomson parle d’une "réelle fascination face aux textes de vidéos de grands djihadistes qui expliquent pourquoi elles doivent partir en Syrie". Un constat partagé par l'anthropologue du fait religieux, Dounia Bouzar, qui explique dans les colonnes duHuffington Post que "la toile permet de diffuser des images chocs qui montrent l'inertie des pays occidentaux face au massacre de certains peuples musulmans" et de ce fait que "persuader l'internaute que la société est régie par le mal est un jeu d'enfant".
À cet endoctrinement idéologique ou fanatique, s’ajoutent les prises de contacts avec des Français déjà partis sur place. Les djihadistes présents sur le terrain peuvent ainsi communiquer facilement avec les cibles potentielles notamment dans l’objectif de rencontrer une femme.
La promesse d’un mariage sur place
Selon le journaliste David Thomson, qui a publié Les Français djihadistes (éd. Les Arènes), cité par Le Figaro, "il est important de savoir qu’elles ne peuvent partir qu’à travers le mariage". Les djihadistes qui s’activent sur les réseaux sociaux leurs promettent en effet un mariage sur place qui leur permettra de vivre en harmonie avec leur conception de la religion, dans le strict respect de la charia.
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Arrivées sur place, elles sont présentées à leurs futurs époux. En outre, le spécialiste indique qu’elles répondent à une sorte de demande. En effet, il précise que "les djihadistes français installés français installés là-bas ne sont pas en contact avec les Syriennes et ne parlent pas arabe". D’où la nécessité de faire venir des femmes en Syrie, même mineures.
De surcroît, David Thomson explique que ces jeunes filles "pensent qu'elles pourront bénéficier des faveurs du martyr. Elles croient que leur mari, mort au combat, pourra les faire entrer au paradis".
La dimension psychologique
Si toutes ces données nous expliquent le "comment" elles ne nous éclairent guère sur le "pourquoi". Dounia Bouzar, citée par Slate, explique que "le discours de l’islam radical dit au jeune que le malaise passager qu’il ressent est le signe qu’il a été élu par Dieu pour appartenir à un groupe purifié qui détient la vérité et a pour mission de sauver le monde".
Un besoin psychologique de purification expliqué par le pédopsychiatre Bernard Chouvier, toujours sur Slate, en ces termes :"le djihadisme joue avec le Moi idéal de l'adolescent en lui offrant une pureté, à savoir l'idée de pouvoir se purifier de l'univers médiatique, de la réalité d'une société égoïste et injuste".
Les vidéos de propagande calibrées pour les encourager à se couper littéralement du monde occidental agissent ainsi comme des catalyseurs. En l’espace de quelques clics, un sens est donné à ces personnes fragiles qui pour poursuivre cette quête de purification sont obligées de rompre les liens familiaux et sociaux ainsi que toutes contingences matérielles. Comme l'exigerait une secte en somme. Le voyage en Syrie devient donc l’aboutissement "logique" de cet embrigadement.
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