De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Officiellement, la France et le Rwanda se sont réconciliés en 2010, date à laquelle le président Nicolas Sarkozy s’était rendu à Kigali et avait alors affirmé : "Nous voulons que les responsables du génocide soient retrouvés et punis. Il n’y a aucune ambiguïté".
Il s’agissait alors de la première visite d’un chef d’État Français depuis 1994. Mais, depuis la semaine dernière le ton monte entre les deux pays. En cause, une interview du président rwandais Paul Kagamé accordée àJeune Afrique à la veille du 20 ème anniversaire du génocide. Dans celle-ci, il accuse nommément le France de porter la responsabilité de ces massacres.
L’interview de Paul Kagamé
Sans détour, le président rwandais n’y va pas de main de morte dénonçant le "rôle direct" de la France dans "la préparation politique du génocide" ainsi que la "participation à son exécution". Accusations graves de la part Paul Kagame qui enfonce le clou en imputant aux soldats français de l’opération Turquoise la responsabilité d’avoir été "complices" des massacres et mêmes "acteurs". "“Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français ont fait" a-t-il lâché au journaliste .
Une enquête rwandaise de 2008
Ceci correspond aux conclusions d’une enquête rwandaise sur le rôle de la France dans le génocide dont le contenu est connu depuis 2008. Plusieurs hommes politiques français sont suspectés dans ce rapport d’avoir joué un rôle majeur dans ce drame comme Alain Juppé, Edouard Balladur ou encore Robert Védrine. De plus, Kigali affirme avoir des "preuves" de l’implication de militaires français dans des exactions contre des civils.
La réaction française
Face à ces accusations, la France annule la venue (attendue) de Christane Taubira aux commémorations. Le Quai d’Orsay précise que les propos de Paul Kagamé "sont en contradiction avec le processus de dialogue et de réconciliation engagé depuis plusieurs années". Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères en 1994, récuse sur son blog la "falsification de l’histoire qui ne cesse de se propager à l’encontre de la France" fustigeant "l’inacceptable mise en cause de la France par le Président du Rwanda". Il appelle alors François Hollande à "défendre l’honneur de la France".
Des relations tendues
Les relations entre les deux pays paraissaient jusque-là apaisées. Kigali avait salué en mars dernier la condamnation du génocidaire Pascal Simbikangwa par la cour d’assise de Paris. Mais l’interview du président du pays des mille collines fait l’effet d’une bombe. Face au boycott français des commémorations, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, qulifie “d’injustifiée” la décision de Paris. Elle a ensuite indiqué dans un communiqué que la France devait dorénavant "regarder la vérité en face". Cet incident diplomatique ne semblait visiblement pas prévu par les autorités rwandaises.
Paul Kagamé a d’ailleurs tenté de rectifier le tir en accordant une interview à France 24 dans laquelle il affirme "je tiens à dire que je n’accuse pas la France ou qui que ce soit" laissant entrevoir ainsi l’embarras de la diplomatie rwandaise face à la sévérité de Paris.
L'ambassadeur Français privé de commémorations
En conclusion, et suite à la réaction ferme de la France, Kigali a fait savoir à l’ambassadeur français qui devait se joindre aux commémorations qu'il n’était finalement pas le bienvenu. Les autorités rwandaises ont matérialisé ce souhait en lui levant son accréditation. "A la question de savoir si je pouvais me rendre dans l'après-midi au mémorial [du génocide], pour y déposer une gerbe, il m'a été répondu non", a ainsi indiqué le diplomate Michel Flesch.
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