De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
En 2017, dans un sondage OpinionWay, 2 Français sur 10 âgés d’au moins 45 ans déclaraient que leur audition est moyenne ou mauvaise. Ils souffrent pour la majorité de presbyacousie, qui résulte du vieillissement naturel de l'oreille tout comme la presbytie l’est pour les yeux. Cependant, parmi ces personnes qui s’estiment malentendants, seuls 14% portaient une ou deux prothèses auditives. Plusieurs réticences expliquaient cette faible proportion : les Français se disaient réfractaires en raison du prix, mais aussi à cause de réticences psychologiques (les prothèses représentent un signe de vieillissement) ou encore de la croyance sur la qualité des appareils.
Le secteur des prothèses auditives a beaucoup évolué afin de prendre en compte et apaiser les freins psychologiques et sur la simplicité d’utilisation des appareils. Les prothèses se font ainsi de plus en plus discrètes et accordent une plus grande place au numérique.
Prothèse auditive : du cornet à l'intra auriculaire
La miniaturisation des prothèses auditives
Depuis la prise de conscience de la perte d’audition en raison de l’âge ou d’éléments extérieurs, les appareils utilisés ont été de plus en plus petits grâce au progrès technologique. Le premier objectif des appareils auditifs a été d’amplifier tous les sons de l’environnement, sans faire de distinction entre bruit de fond et paroles. C’est le cas de l’un des premiers instruments, le cornet acoustique. L’arrivée de l’électricité va permettre une première miniaturisation, avec le sonotone, puis la radio à lampe au début du XXe siècle. Mais ces innovations restent volumineuses et fragiles à transporter.
Dans les années 1960, la réduction de la taille des appareils va s’accélérer : ils vont désormais épouser le contour de l’oreille, et même se glisser à l’intérieur. Cela a été permis par la miniaturisation des circuits électroniques, grâce à laquelle l’amplificateur et ses composants peuvent être placés directement dans l’embout auriculaire.
Aujourd’hui, le principal défi pour rendre les prothèses auditives encore plus discrètes et de parvenir à réduire la taille des piles ou de la batterie qui sont nécessaires pour faire fonctionner l’appareil. Des premières prothèses auditives commencent à proposer des solutions intra-auriculaires avec une batterie rechargeable avec une autonomie suffisante pour tenir une longue journée, comme le Livio Edge AI de la marque Starkey.
L’arrivée du numérique dans les prothèses auditives
Les prothèses auditives connaissent une révolution en 1996. Cette année marque l’arrivée des premières prothèses auditives entièrement numériques. Cette fois, il ne s’agit pas d’un changement sur la forme, mais par rapport à leur technologie.
Désormais, elles peuvent faire bien plus qu’amplifier les sons comme les technologies précédentes. Elles peuvent faire une hiérarchisation des bruits dans l’environnement. Les prothèses analysent le bruit, et peuvent diminuer les bruits de fond, ce qui est notamment utile dans les lieux publics ou les magasins. Cela permet par conséquent de mieux entendre les paroles et bruits qui intéressent le porteur des audioprothèses.
Enfin, plutôt que de les ajuster à l’aide d’un petit tournevis comme pour les appareils de technologie analogique, la programmation des prothèses audios s’effectue à l’aide d’un ordinateur, ce qui les rend beaucoup plus flexibles et évolutives aux environnements ou à l’évolution de l’audition. La technologie numérique est celle présente dans tous les appareils auditifs d’aujourd’hui.
Des appareils auditifs de plus en plus connectés
Après le passage au numérique, les innovations dans les prothèses se sont concentrées autour de la connectivité. En effet, avec le numérique, les prothèses auditives traitent de la donnée. Il devient donc possible de les connecter avec d’autres appareils qui diffusent des sons, comme une télévision, un téléphone. L’objectif pour les fabricants des prothèses auditives devient même d’améliorer globalement la qualité de vie des utilisateurs. Par exemple, une prothèse auditive peut se connecter à la sonnette de l’appartement et prévenir par une notification sonore quand quelqu’un attend devant la porte.
L’objet peut même devenir un capteur utile pour avoir des données pour soi, ses proches ou le personnel médical : des prothèses auditives proposent par exemple
- Des suivis de l’activités physique et cérébrale,
- De la détection de chute,
- De la transcription de la parole sur son smartphone…
Appareils auditifs et Bluetooth
Le Bluetooth permet de connecter deux appareils entre eux en transmettant des données via des ondes à courte distance. Il n’est donc pas nécessaire que les deux appareils soient reliés par un fil. Il est par exemple utilisé pour les enceintes afin d’écouter de la musique avec une meilleure qualité que son téléphone portable.
Pour les appareils auditifs, la technologie va permettre de transmettre des informations sonores depuis n’importe quel appareil électronique, une fois paramétré. Par exemple, en connectant ses appareils auditifs à son portable, on peut directement passer un coup de fil avec le son qui arrive depuis son appareil auditif. Connecté avec la télévision, le son arrive directement dans les oreilles, comme un casque audio. L’utilisation d’une télécommande permet aussi de varier de volume sonore diffusés par les audioprothèses. Chaque fabricant de prothèses auditives a développé des accessoires compatibles avec la technologie Bluetooth pour communiquer avec les autres appareils.
Le réglage à distances des audioprothèses
La technologie a rendu possible le réglage à distance les audioprothèses. Cela peut être pour des changements importants via la téléconsultation, mais aussi pour des ajustements avec ses appareils auditifs connectés via son téléphone portable.
La téléconsultation
En effet, l’absence de professionnels en nombre suffisant dans certaines régions, les difficultés de mobilité, ou encore les restrictions sanitaires peuvent empêcher de se rendre régulièrement chez son audioprothésiste. Dans le sillage de la télé-médecine, le téléréglage des appareils auditifs se développe. L’audioprothésiste, après consultation à distance, peut choisir de changer les réglages de l’équipement d’un patient, à distance.
La consultation à distance avec un professionnel est notamment intéressante pour des petites modifications, à l’issue d’un rendez-vous de contrôle par exemple. Ainsi, un kit est fourni avec la prothèse ReSound ONE de l'appareil auditif resound. Lors d’une consultation à distance, avec une discussion vidéo, l’audioprothésiste évaluera d'abord l’audition à l'aide d'un test intra-auriculaire, puis ajustera les aides auditives en fonction des résultats.
En revanche, en cas de changements importants, une consultation en physique peut ensuite être demandée. La consultation d’un professionnel demeure indispensable pour s’assurer du bon fonctionnement de l’appareil auditif. Des changements trop importants réalisés seul et sans contrôle peuvent endommager l’ouïe.
Des applications sur smartphone
Il existe aussi des applications permettant des réglages, parfois très précis. Des fabricants proposent ainsi une application, téléchargeable gratuitement depuis son smartphone afin de mieux régler ses appareils auditifs. C’est par exemple le cas pour la marque Oticon ON. L’application pour les appareils auditifs permet :
- De mieux régler le volume des aides auditives,
- De vérifier le niveau des piles ou batteries
- De localiser son appareil en cas de perte
- Connecter son appareil auditif avec d’autres objets numériques de son environnement
Sport, restaurant : les nouvelles innovations des prothèses auditives
Avec les nouvelles technologies, les prothèses auditives ont profondément changé. Aujourd’hui, elles ne visent plus seulement à augmenter le bruit de l’environnement dans son ensemble pour pallier une baisse de l’audition, mais elles sélectionnent aussi les bruits les plus pertinents, imitant le fonctionnement du cerveau pour permettre de se concentrer sur une discussion, ou ne pas être envahi par le brouhaha d’une salle de restaurant ou d’un magasin.
Un des défis des prothèses auditives est de pouvoir accompagner une personne quand elle fait du sport afin de garantir son confort et sa sécurité pendant la pratique. Désormais, la plupart des prothèses peuvent se garder lors d’une séance de sport avec quelques précautions :
- Il convient de protéger son appareil de chute à cause des vibrations (en cas de footing par exemple), ou en raison de la sueur. Pour cela, le mieux est d’avoir un mécanisme de fixation et un bandeau anti-transpiration autour de la tête.
- Attention, aucune marque d’audioprothèses n’est pour l’instant résistante à l’eau. Après une séance de natation par exemple, se sécher les oreilles est donc important.
- Après chaque séance de sport, il convient de bien nettoyer la prothèse auditive, notamment pour enlever la poussière, qui peut l’endommager. Si vous l’enlevez pendant la pratique, il est utile de prévoir une petite boîte.
D’un point de vue technique, les prothèses auditives se focalisent sur ce qui se trouve directement en face de la personne pour capter une conversation, soit sur un environnement en général. De plus, elles supposent que le porteur n’est pas en mouvement. Certains récents modèles, comme Signia Xperience de la marque Signia (Siemens) prend en compte le mouvement pour aider à suivre les conversations, même lors d’une activité physique, comme un footing, où la personne se déplace et ne parle pas à une personne en face d’elle.
Comment choisir sa prothèse auditive ?
Une prothèse auditive ne peut être obtenue qu’avec l’aval d’un audioprothésiste. Le professionnel sera également chargé du suivi car l’achat d’une paire de prothèses auditives s’accompagne d’un suivi sur plusieurs années. En revanche, il est possible de se renseigner avant son rendez-vous pour demander un type de modèle précis. Il convient alors de se renseigner pour comparer le modèle qui semble convenir le mieux aux besoins.
Avant de confirmer l’achat d’une audioprothèse, une phase de tests de plusieurs semaines est obligatoire. A l’intérieur de cette période, il est possible de rendre à tout moment et gratuitement les prothèses auditives si elles ne conviennent pas, et d’en demander une autre.