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Au lendemain de l'allocution du président aux parlementaires à Versailles, le Premier ministre a tenu son discours de politique générale devant les députés à l'Assemblée.
Après avoir cité Simone Veil, et rendu hommage à des parcours individuels de députés, Edouard Philippe a répété par deux fois la phrase : "C'est long, c'est difficile et ça marche", comme une allusion aux cinq années qui attendent le gouvernement. "La France doit avancer. Il y a dans notre pays un espoir qui transcende les partis politiques", a commencé par dire le Premier ministre.
"Il y a des pratiques que les Français n'acceptent plus (...) C'est l'objet du premier projet de loi" sur la moralisation de la vie politique, a-t-il déclaré.
Justice
Le Premier ministre a promis une loi quinquennale de programmation des moyens de la Justice "dès 2018". "Cette loi permettra de "renforcer l'indépendance des magistrats". Désireux de "rétablir la confiance des Français en l'action publique", le chef du gouvernement évoque également la création de "15 000 places de prison supplémentaires."
Santé
"D'ici la fin du quinquennat, tous les Français auront accès à des offres sans aucun reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives", déclare le Premier ministre, ajoutant que "nous revaloriserons dès 2018 l'Allocation adulte handicapé et le minimum vieillesse". Le gouvernement souhaite également renforcer la télémédecine.
De plus, les vaccins pour la petite enfance deviendront obligatoires l'an prochain. Le prix du paquet de cigarettes va être porté à 10 euros.
À propos de la taxe d'habitation
À propos des territoires, le Premier ministre déclare que "nous voulons donner aux libertés locales toutes leurs forces. Ne décrétons pas depuis Paris la fin du millefeuille territoriale, mais donnons tout le pouvoir aux collectivités pour que nous puissions tendre vers seulement deux niveaux d'administrations locales en dessous du niveau régional".
Mesure phare de la campagne d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe annonce cependant que la réforme de la taxe d'habitation aura lieu "d'ici à la fin du quinquennat", sans préciser de date. Cette taxe "est aussi nécessaire pour les budgets des collectivités qu'injuste pour les contribuables", déclare-t-il.
Sur la laïcité et la culture
Le Premier ministre a déclaré : "Être Français, c'est partager des valeurs et partager une culture" et "c'est reconnaître que la laïcité est une exigence absolue". Sur la laïcité, "le gouvernement n'acceptera pas que ce principe fondateur soit attaqué, remis en cause ou instrumentalisé".
Édouard Philippe évoque ensuite la culture qui fait "que la France est aimée dans le monde". Si les djihadistes "haïssent les dessins, les livres, la musique et les spectacles, c'est qu'ils savent que ceux-ci sont une source inépuisable d'émancipation, et de bonheur." Le Premier ministre a réitéré la volonté du gouvernement de créer un "Pass culture" pour les jeunes.
Terrorisme
Edouard Philippe prévient : "Il y aura d'autres attaques, d'autres drames, d'autres victimes fauchées" mais "nous ne baisserons pas la garde. Nous lutterons contre le terrorisme avec la plus extrême dureté." L'état d'urgence ne saurait toutefois être "permanent" et sa sortie se fera "au plus tard le 1er novembre prochain". "La menace est partout diffuse. Pas un mois ne passe sans qu'une action (terroriste) ne soit éventée", a pourtant fait savoir le chef du gouvernement.
Après une pensée pour les victimes des attaques terroristes, le Premier ministre rend hommage aux policiers et gendarmes, ainsi qu'à "tous ceux que nous ne voyons pas, que nous ne connaîtrons jamais, nos soldats de l'ombre".
Pour le printemps 2018, et après des expérimentations, Edouard Philippe promet le retour d'une "police de sécurité au quotidien", anciennement "police de proximité".
Immigration
Le gouvernement présentera la semaine prochaine des mesures pour réformer le système d'asile et lutter contre l'immigration irrégulière. Ce plan visera notamment à "réduire les délais moyens" d'instruction des demandes "de 14 à 6 mois" et à "obtenir l'éloignement effectif" des déboutés du droit d'asile, "qui sont en réalité des migrants économiques", a détaillé le chef du gouvernement. "Accueillir, oui, aider, oui, subir, non, jamais", a martelé le chef du gouvernement.
Éducation
Concernant l'éducation, Edouard Philippe estime que notre système éducatif n'est pas à la hauteur et est trop inégal. Dans ce cadre, le gouvernement entend réformer le baccalauréat. Ce dernier sera "profondément évolué" et comprendra un "petit nombre d'épreuves finales". La réflexion débutera avant septembre 2018 pour une "mise en œuvre complète pour le bac 2021".
Travail
Le Premier ministre promet de "rénover le modèle social" et d'augmenter la prime d'activité. Il entend renforcer le dialogue social, redonner du pouvoir d'achat aux actifs, sécuriser les parcours professionnels, et rendre notre système de retraites plus jute et plus lisible.
Budget et fiscalité
Concernant les finances du pays, Edouard Philippe affirme que "le constat est grave" avec "8 milliards d'euros de dépenses non financées". Il réaffirme son objectif de maintenir le cap des 3% et veut diminuer la pression fiscale d'un point de PIB sur cinq ans.
"Les prélèvements obligatoires baisseront de 20 milliards d'euros d'ici 2022", promet Édouard Philippe, pour qui "la France ne peut demeurer la championne des impôts et dépenses publiques".
Le Premier ministre entend aussi "stopper l'inflation de la masse salariale du secteur public", en remettant en cause certaines missions. La Sécurité sociale, elle, sera "à l'équilibre à l'horizon 2020".
Le chef du gouvernement veut que "les entreprises retrouvent l'envie de s'installer" en France, et annoncera pour ce fait dans les semaines à venir "des mesures fortes pour améliorer l'attractivité de la place de Paris". Le Premier ministre annonce une baisse des "charges qui pèsent sur le coût du travail, en particulier sur les salaires proches du Smic". Le CICE sera comme prévu transformé en un allègement de charges, mais cette mesure "entrera en vigueur en 2019". Outre des mesures de simplification, le RSI (régime social des indépendants") sera supprimé "dès 2018" et adossé au régime général.
"L'ISF (impôt sur la fortune) sera resserré autour du seul patrimoine immobilier afin d'encourager l'investissement dans l'entreprise." La réforme sera "votée dès cette année et entrera en vigueur dès 2019". Un "taux de prélèvement unique" sera mis en place sur les revenus de l'épargne, à hauteur de 30%. Concernant le taux d'impôt sur les sociétés, celui-ci passera de 33 % à 25 % d'ici 2022.
Écologie
"Il est toujours préférable de taxer la pollution plutôt que le travail", fait entendre Edouard Philippe, qui promet "un grand plan d'investissement de 50 milliards d'euros" dans la transition écologique et les transports notamment. "Notre rapport aux ressources doit être profondément modifié. Nous voulons arriver à la neutralité carbone d'ici 2050", indique le Premier ministre.
Le gouvernement souhaite faciliter la construction de nouveaux logements. Une loi sera ainsi présentée à l'automne pour faciliter les procédures de permis de construire, annonce le Premier ministre. Dans les dix ans, Édouard Philippe entend ainsi supprimer les passoires thermiques, "principale source de gaspillage énergétique".
Agriculture
"Il n'est pas admissible que des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté", tempête Edouard Philippe. Il annonce que les états généraux de l'alimentation "reverront le partage de la valeur dans le modèle agricole", et annonce l'examen futur de la question des pesticides et des perturbateurs endocriniens".
En tant que maire du Havre, le Premier ministre évoque ensuite l'économie de la mer : "La France doit prendre appui sur sa puissance maritime pour capter toujours plus de marchandises grâce à ses grands ports".
Union européenne
Edouard Philippe veut "réconcilier les Français avec l'Union européenne". Ensuite, le Premier ministre veut "œuvrer pour une Europe qui protège, une zone euro mieux gouvernée, une politique de Défense". Le Premier ministre espère également revoir la "réglementation des travailleurs détachés".
A propos de la Nouvelle-Calédonie
"Pour ce qui concerne l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, cette mandature sera celle de l'aboutissement de l'Accord de Nouméa signé il y a 20 ans. S'il n'est pas saisi d'ici mai prochain par le Congrès, le Gouvernement, comme le prévoit la Constitution, organisera la consultation pour l'accession à la souveraineté au plus tard en novembre 2018", indique le Premier ministre.