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Emmanuel Macron va-t-il remplacer Jean Castex ? La rumeur court depuis la mi-avril, environ. A l’époque, la presse s’inquiétait déjà de lui trouver un successeur ainsi que le faisait notamment Gala. Et pour cause ! C’est là le type de discours que tenait alors un “habitué de l’Elysée”. Ce dernier qui estimait probable que l’ancien maire de Prades ne vive ses derniers moments à Matignon, avait même trouvé son remplaçant en la personne de Richard Ferrand. "S'il [Emmanuel Macron, ndlr] veut remanier le gouvernement pour reprendre de l'élan avant la présidentielle et envoyer un signal aux électeurs de gauche, il pourrait nommer Richard, qui vient du PS, à Matignon", affirmait-il dans les colonnes du Point.
Dorénavant, "l'État major de la Macronie” s’inquiète aussi du sort des autres ministres, poursuit encore une fois Gala. Si les proches de l’Elysée soutiennent combien Jean Castex est à sa place, certains membres de son gouvernement craignent l’essoufflement sur fond de crise sanitaire. “L’idée d’un remaniement, tout le monde en parle en ce moment. On a la moitié des ministres qui sont cramés par la crise, et l’autre qu’on n’a pas vu ni entendu depuis un an. Il y a comme un problème”, analysent d’ailleurs les cadres du mouvement présidentiel. Faut-il croire, dès lors, que certaines têtes de ministère vont tomber ? Lesquelles ?
Emmanuel Macron : de quels ministres peut-il se passer ?
Théoriquement, explique le politologue Christophe Bouillaud, il est plusieurs ministres dont Emmanuel Macron pourrait se passer. “Ceux dont les initiatives et les rôles comptent dans le dispositif gouvernemental ne sont pas nombreux. Jean-Michel Blanquer, chargé de l’Education nationale, Gérald Darmanin à l’Intérieur et Bruno Le Maire à l’économie font partie de ceux dont l’action représente quelque chose de concret. C’est aussi le cas, sans grande surprise, d’Olivier Véran”, rappelle le chercheur, qui enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble (IEP, Sciences-Po).
“N’importe qui d’autre apparaît plus simple à remplacer, parce que personne ne les connaît, hormis les secteurs dont ils gèrent l’activité. Jean-Yves Le Drian a beau être ministre depuis François Hollande, il n’a pas pour autant une grande notoriété”, observe encore l’enseignant-chercheur, qui ne manque pas de rappeler que “le manque d’une seconde ligne chez Emmanuel Macron complexifie considérablement le renouvellement des têtes”. “C’est précisément ce qui a permis à certains ministres de rester en poste aussi longtemps”, souligne-t-il encore. D’autres, en revanche, ont pu survivre à leur poste parce qu’ils sont utiles au chef de l’Etat. Ou peut-être pourraient-ils se montrer dangereux en cas de liberté recouvrée…?
Qui sont les ministres qui pourraient menacer le chef de l’Etat ?
Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Jean Castex… Autant de noms susceptibles d’inquiéter le président de la République en cas de retournement de veste ? Pas nécessairement, estime encore une fois Christophe Bouillaud. “Aucun d’entre eux ne peut, à très court terme, se retourner contre Emmanuel Macron. D’une part, parce qu’il leur faudrait le courage de dénoncer les erreurs du chef de l’Etat, d’autre part parce qu’il leur faudrait un sujet de désaccord marqué pour pouvoir espérer l’égratiner”, analyse le chercheur.
“Olivier Véran, en tant que ministre de la Santé, pourrait démissionner avec pertes et fracas et causer des dommages considérables au président de la République, s’il reproduit la manœuvre de Nicolas Hulot, par exemple. Jean Castex aussi pourrait opter pour une stratégie similaire, mais il manque encore de notoriété pour frapper aussi fort. Cependant, dans tous les cas, l’impact ne serait pas le même si cela survient après un remerciement décidé par Emmanuel Macron…”, poursuit le spécialiste.
D’autant, soutient-il, qu’aujourd’hui les conseillers ministériels et les membres de cabinets comptent bien davantage que les ministres eux-mêmes. Une conséquence mécanique de la fatigue du pouvoir ? Peut-être. Explications…
Faut-il vraiment penser que le chef de l’Etat va remanier son gouvernement d’ici cet été ?
“La fatigue du pouvoir qu’accusent aujourd’hui le chef de l’Etat et son équipe exécutive n’a rien d’un cas isolé. Au contraire ! C’est le signe assez classique de la fin d’un cycle électoral. En 1993, le gouvernement sortant de gauche n’était pas beaucoup plus frais que celui d’Emmanuel Macron”, rappelle d’entrée de jeu Christophe Bouillaud. C’est d’ailleurs dans ce genre de cas que le remaniement ministériel fait sens.
“Dans le cas présent, la nouveauté vient de l’incapacité à se reconstituer une force politique, issue d’un vivier secondaire. C’est pourquoi l’on se retrouve à promouvoir des personnalités qui ne sont pas véritablement foudroyantes… et qui ont dépassé leur feuille d’incompétence depuis longtemps”, attaque encore l’enseignant-chercheur.