De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Ce vendredi 7 avril 2023, dans Le Monde, la Première ministre Élisabeth Borne s’est exprimée sur sa ligne de conduite à venir après avoir rencontré, mercredi, l’intersyndicale. À une semaine de la prise de décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, elle a souhaité mettre en place "une période de convalescence" afin d’éviter que les syndicats ne "sortent humiliés" de cette situation. Le jeudi 23 mars, Laurent Berger, représentant de la CFDT, avait lui-même demandé un "délai de décence" sur BFMTV.
"Nous devons être extrêmement attentifs à ne pas brusquer les choses, il faut laisser reposer. Le pays a besoin d’apaisement", a-t-elle déclaré dans Le Monde. Son ton diplomate a tranché avec les propos tenus par Emmanuel Macron lors de son déplacement en Chine.
Elisabeth Borne : ses prises de position à l’encontre de celles d’Emmanuel Macron
Depuis la Chine, mercredi 5 avril, l'entourage du chef de l'État a nié toute "crise démocratique en France". "Il y a eu un processus démocratique". "Si les gens voulaient la retraite à 60 ans c’est pas Emmanuel Macron qu’il fallait élire président de la République", rapporte TF1.
L’entourage du président a ensuite reporté la faute sur les syndicats et leur refus de proposer une alternative au projet macroniste. D’après l’exécutif, "aucune force sociale et politique, d'opposition" n'a "voulu entrer dans un compromis et porter un autre projet". "Pour la première fois de son histoire contemporaine, la CFDT n'a pas proposé un autre projet. La réponse c'était : rien."
Alors que le président fustige les syndicats et souhaite avancer coûte que coûte, Elisabeth Borne appelle à un apaisement de la situation et répond favorablement à la demande d’un "délai de décence" formulée par Laurent Berger. Pourquoi Elisabeth Borne se place-t-elle en opposition à Emmanuel Macron ?
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, avait lui-même appelé à respecter un "délai de décence" avant toute reprise de discussion avec le gouvernement. Il s’est donc réjoui de la déclaration d’Elisabeth Borne. "Le message de ce matin est plus respectueux que celui qui nous était venu de Chine", a-t-il réagi au micro de BFMTV. "La Première ministre peut-être a conscience qu’il se passe quelque chose dans le pays, qu’il y a une crise sociale, un problème démocratique […] et qu’à ce moment-là, il vaut mieux des paroles d’apaisement - ce qui est le rôle de ceux qui dirigent le pays - que des paroles qui stigmatisent." Elisabeth Borne prend donc de la distance avec la position du chef de l’État. Elle s’illustre par sa capacité à prendre davantage en considération les demandes des syndicats, au risque de contrarier le président. Un proche de l’exécutif a déclaré à Agathe Lambret, journaliste politique pour BFMTV : "La rupture est déjà entamée. Elle n’a plus rien à perdre donc autant laisser une marque dans l’opinion." Elisabeth Borne a remis en question la mission qu’Emmanuel Macron lui avait confié le mercredi 22 mars. Il souhaitait qu’elle parvienne à "élargir la majorité" pour poursuivre les travaux législatifs à l’Assemblée nationale. Alors que tous les partis d’opposition ont, les uns après les autres, refusé cette main tendue, Elisabeth Borne aurait déclaré au président : "C’était couru d’avance : les mots ‘élargir la majorité’ peuvent crisper" (propos rapportés par BFMTV). Ce vendredi 7 avril, dans les pages du Monde, Élisabeth Borne revendique une autre stratégie : "Avant d’aller chercher des alliés pour voter les textes, c’est important que l’on dise où l’on veut aller". "Il faut redonner du sens et du souffle à l’action. Je ne suis pas simplement là pour administrer le pays." Les propos de la Première ministre sont très mal passés auprès d’Emmanuel Macron, qui les aurait découverts dans l’avion entre Pékin et Canton. La réponse de l’Élysée n’a pas tardé sur Twitter : "Le cap a été donné par le président lors de son interview du 13 heures sur TF1 et France 2. Il a demandé à la Première ministre de recevoir les syndicats et de travailler sur une feuille de route pour les mois à venir." Après ce rappel à l’ordre public, un proche de l’exécutif a révélé à France Info qu’"aucun conseiller, ni à Matignon ni à l’Élysée, n’est capable de dire si le Président et la Première ministre se sont parlé ces dernières heures." Alors qu’il ne reste qu’une semaine à Elisabeth Borne pour rendre sa feuille de route au chef de l’État, beaucoup s’interrogent sur la survie d'Élisabeth Borne à Matignon.Elisabeth Borne : une tentative désespérée d’apaiser la situation ?
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