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Il y a ceux qui militent pour un confinement généralisé, mais uniquement le week-end. Ils jugent nécessaire d'éviter tout type de déplacement "loisir" entre les régions, mais aussi de limiter les contacts familiaux ; sans malmener l'économie française, indique Ouest-France. Et puis, il y a ceux qui estiment nécessaire de "confiner" les écoles en adaptant les vacances de Février. Enfin, certains défendent l'idée d'une mise sous cloche de tout un pan de la population seulement : les personnes âgées. D'aucuns parlent des plus de 65 ans seulement, ainsi que l'évoque le quotidien, tandis que d'autres sont plus vagues sur l'âge potentiellement retenu.
C'est le cas de Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique qui invite "les personnes âgées les plus fragiles à aller vers une forme d'auto-isolement volontaire", au moins pour deux mois. "Le plus important ce sont les populations de + de 65 ans, s'ils acceptaient de se confiner 2-3 semaines, on aurait un impact sur les hospitalisations qui serait le même qu'un confinement général", assure pour sa part l'épidémiologiste Martin Blanchier, dont le quotidien reprend le propos. Il poursuit : "Probablement que dans 2-3 semaines on aurait évité le pire, c'est-à-dire que des personnes vulnérables soient exposées pendant le haut de la vague".
Faut-il craindre un reconfinement des retraités ?
"Les personnes âgées sont les plus sérieuses ! On se prive de tout déjà, il faudrait plutôt se tourner vers les jeunes qui ne respectent pas les gestes barrières", assène un retraité poitevin contacté par France Bleu. Force est de constater que de nombreux retraités sont contre l'idée d'un auto-isolement, tel que défendu par le président du Conseil scientifique.
Ce n'est pas la première fois que cette idée fait surface : c'était déjà le cas lors des débuts de l'épidémie. Au printemps 2020, certains défendaient déjà la pertinence d'un confinement ciblé, visant essentiellement à protéger… les personnes âgées, ou à risque. A l'époque, le gouvernement s'y était très rapidement opposé. Faut-il craindre que la pression des variants le fasse cette fois changer d'avis ?
Emmanuel Macron aurait-il raison de confiner les retraités ?
"Cela ne servirait à rien d'embêter les personnes âgées", tranche pour sa part le politologue Christophe Bouillaud qui décèle, dans ce type de mesures, un risque considérable pour Emmanuel Macron. Au moins sur le plan politique.
"Confiner les retraités aujourd'hui pourrait s'avérer néfaste : la mesure engendrerait très certainement une forme d'incompréhension populaire et viendrait stigmatiser tout un pan de sa base électorale. A posteriori, quand nous en arriverons effectivement au confinement de l'intégralité de la nation, elle apparaîtra certainement comme une façon de reculer pour mieux sauter", analyse le chercheur, qui enseigne les sciences politiques à l'Institut d'Etudes Politique de Grenoble. "Forcément, une telle mesure ne serait pas sans risque", ajoute-t-il ensuite.
"Parce qu'elle serait probablement vexatoire, elle entraînerait mécaniquement une sanction électorale en 2022. Une élection ne se perd jamais sur un seul sujet, mais il y a là clairement de quoi affaiblir Emmanuel Macron et renforcer les grands leaders de la droite. Il est certain qu'ils se jetteront sur l'occasion et se feront un plaisir extraordinaire de souligner ces cas, en raconter les anecdotes pour récupérer autant que faire se peut l'électorat retraité", précise encore l'expert.
Reconfinement des retraités : une mesure de toute façon difficile à appliquer ?
"Moi je m'auto-confine déjà. Je sors une fois tous les deux jours pour faire des courses mais sinon, je reste chez moi. On peut pas se faire vacciner, il n'y a pas de vaccin", s'agace Marie-Claude, l'une des "personnes âgées" ciblée par les propos de Jean-François Delfraissy et repérée par France Bleu. Pour autant, estime Christophe Bouillaud, ce serait-là une mesure complexe à faire appliquer, en pratique.
"A partir de quel âge est-on considéré comme une personne âgée ?", questionne-t-il d'abord, non sans égrener une série d'âges "charnières" susceptibles d'être retenus : "L'est-on à partir de 60 ans ? de 65 ans ? Ou plutôt de 70 ou de 75 ans ? Dans les deux premiers cas, cela pose un vrai problème : certains parmi les concernés travaillent peut-être encore. Comment leur expliquer, dès lors, que d'autres peuvent aller travailler tandis qu'eux non ?"
C'est loin d'être le seul problème auquel pense le politologue. "En France, les retraités et les personnes âgées représentent une partie considérable de la population. Il me semble complexe de tous les isoler. En outre, ils constituent indéniablement un public que les forces de l'ordre ne sont pas habituées à interpeller et à contrôler. Cela risque donc d'être très compliqué et de ne reposer que sur un contrôle au faciès… Pour une efficacité sanitaire qui, à l'évidence, laissera probablement à désirer", juge en effet le chercheur.