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Le mois dernier sur TF1, en déclarant à la surprise générale sa candidature pour 2017, Jean-Luc Mélenchon a pris tout le monde de court. "Oui, je propose ma candidature pour l’élection présidentielle", avait-il annoncé gravement. Et quand le journaliste lui demande qui le soutient, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2012 répond : "Des convictions, c’est le plus important, et peut-être le peuple français (…) Moi, je propose ma candidature. C'est le peuple qui va en disposer. Je ne demande la permission à personne. Je le fais hors cadre de partis, je suis ouvert à tout le monde, les organisations, les réseaux, mais les citoyens d'abord."
Une posture gaullo-bonapartiste qu’on ne connaissait pas à Jean-Luc Mélenchon qui balayera même d’un revers de la main l’idée d’une primaire car "la seule primaire" dont il est sûr, "c’est le premier tour de l’élection présidentielle." En faisant ces déclarations, le tribun de la gauche savait qu’il allait ébranler une partie de la gauche radicale qui ne goûte que très peu aux postures gaulliennes ; mais ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il allait faire des émules.
Nicolas Hulot, Jean Lassalle, Emmanuel Macron…
Dans le reportage que France 2 a consacré à Nicolas Hulot, diffusé à la mi-février, on peut voir l’ancien candidat malheureux à la primaire des Verts en 2011 s’interroger sur son avenir en politique avec un interlocuteur au téléphone. "Je prends un petit peu de champ pour me reposer et écouter les uns et les autres et puis après je vois comment on peut être le plus efficace", indique-t-il à l’homme au bout du fil, qui lui rétorque : "Tu penses à 2017 ? " Et l’écologiste de répondre : "Oui… en tout cas d’autres y pensent pour moi. Pour l’instant j’écoute, je n’ai pas encore décidé. " Quelques minutes après cette conversation, il se fait moins sibyllin au journaliste de France 2 : "Ce que tout le monde cherche c’est un point d’ancrage pour créer un mouvement collectif. La question, c’est : « comment on fait ? » "
Sa candidature à la présidentielle n’a pas fait l’effet d’une bombe, mais Jean Lassalle, député du MoDem, est bien candidat pour 2017… sans l’aval de son parti. Invité sur BFMtv, François Bayrou avait commenté l’évènement en déclarant que "le démon de la politique, c’est la division". Enfin, last but not least, Emmanuel Macron est pressenti pour se présenter en 2017. Sans parti politique (il n’a pas sa carte au PS), le ministre populaire – chose rare en ces temps – du gouvernement est néanmoins en train de fonder un "laboratoire d’idées" et d’activer ses réseaux afin de se présenter… si François Hollande jette l’éponge, explique L’Obs qui révèle "son plan secret pour 2017".
Ajoutons à cette liste qui ne peut que grandir à la vue de 2017, le cas du député Pouria Amirshahi, qui a claqué début mars la porte du PS. Le frondeur, s’en prenant au Parti socialiste – une formation selon lui sans "ressort" – a aussi jugé que les partis dans leur ensemble étaient arrivés "à bout de souffle". "Ils sont devenus des machines électorales sans grande conviction, sans promesse d'avenir heureux pour le pays. Ils sont au mieux incapables, au pire dangereux comme par exemple le Front national", disait-il au Monde.
Les Français plébiscitent les candidats sans parti
Se présenter en dehors du cadre partisan est peut-être une lubie pour certains, mais l’action est plébiscitée par les Français. S’il on en croit le sondage Elabe pour Atlantico publié le 20 février dernier, 78 % des personnes interrogées seraient prêtes à voter pour un candidat ni issu ni soutenu par un parti et 66 % pour un candidat en dissidence avec le sien. Et quand on leur demande quel est l’élément qui compte le plus dans leur choix à l’élection présidentielle, 59 % répondent le programme du candidat, 20 % son expérience, 16 % sa personnalité… et seulement 5 % le ou les partis qui le soutiennent.
Dans ce même sondage, les sondés étaient 74 % à éprouver soit de la "colère" soit de "l’inquiétude" à l’égard des partis contre seulement 4 % à éprouver de la "confiance" et de "l’enthousiasme".
Pour Yves-Marie Cann, politologue et directeur des études politiques de l’institut Elabe, ces résultats montrent "une défiance grandissante à l’égard de la classe politique actuelle". "Dans les enquêtes d’opinion, on a de plus en plus de Français qui nous disent accorder moins d’importance à l’étiquette, nous explique le politologue. Cet état de fait est sans doute dû, à la fois au fait que les gens se disent que 'droite et gauche ont échoué’ et qu’il n’y a plus une grande différence entre les deux partis de gouvernement, et à la fois car, de manière générale, il y a moins de marqueurs idéologiques que dans les décennies précédentes."
Pour le directeur des études politiques de l’institut Elabe, l’appartenance à un parti peut même s’avérer préjudiciable et tirer l’homme politique vers le bas, donnant l’exemple de Nicolas Sarkozy chez les Républicains. Toutefois, Yves-Marie Cann n’enterre pas totalement les partis et pensent que le tropisme pour les Français envers les candidats sans parti relève davantage d’un vœu pieux. "Le soutien d’un parti pour un homme politique reste important en termes financier, de réseaux, d’infrastructures, etc., indispensables pour mener la bataille de l’élection présidentielle."