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Il est prêt à aller à "la rencontre de tous les Français". Depuis les élections régionales, Xavier Bertrand a de quoi se sentir pousser des ailes. Et il n’est pas le seul ! Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez ont, eux aussi, su se faire réélire avec brio à la présidence de leurs régions respectives. Tous, semble-t-il, espèrent s’immiscer dans l’élection présidentielle de 2022 et, peut-être, s’imposer à la table du débat du second tour. Quitte, dès lors, à renverser Emmanuel Macron ou Marine Le Pen pour y arriver.
Le président des Hauts-de-France n’hésite d’ailleurs plus à le dire, observe LCI. "Le match à deux a du plomb dans l’aile : Marine Le Pen engueule ses électeurs – c’est du jamais-vu – et Emmanuel Macron cherche encore à enjamber le scrutin", a-t-il affirmé à l’issue de sa victoire. "Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois", poursuit, sans appel, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Il est convaincu qu’il lui faut y aller maintenant. Pas demain, déclare-t-il dans les colonnes du quotidien Les Echos. "Mon moment, c’est 2022, pas 2027. Si je ne gagne pas cette fois-ci, je continuerai à diriger la région, mais pour la présidentielle, ce sera terminé."
Le duel Emmanuel Macron-Le Pen a-t-il pris fin avant même de commencer ?
De l’autre côté du spectre politique - c’est-à-dire de celui de son adversaire direct -, le discours n’est pas tout à fait le même. Le chef de l’Etat l’avait fait savoir avant même la tenue du scrutin ; il l’a encore redit devant les micros de l’hebdomadaire Elle à son terme : ces résultats ne changent rien à l’échelle du pays. "Les élections locales n’appellent pas de conséquences nationales", a résumé l’hôte du Château.
Pourtant, d’après le politologue Christophe Bouillaud, le président de la République a effectivement de quoi se faire du mouron. Le duel tant annoncé pourrait s’avérer moins évident. "De fait, il est possible que le pronostic soit aujourd’hui démenti. Indépendamment de l’abstention, les élections régionales confirment que la première force politique de France, c’est bel et bien la droite, qui reste très largement majoritaire en termes d’élus. Elle peut aligner l’essentiel des régions, les deux tiers des départements, un nombre de villes et de commune conséquents. Elle dispose d’une assise incontestable au Sénat", égrène le chercheur qui enseigne les sciences politiques à l’IEP (Institut d’Etudes Politiques, Sciences-Po) de Grenoble. De vilains troubles-fêtes pourraient donc s’inviter dans le duel pour l’Elysée.
Présidentielle de 2022 : qui sont ceux qui pourraient détrôner Emmanuel Macron ?
"La poutre n’a pas très bien travaillé", poursuit Christophe Bouillaud, en référence à la célèbre formule d’Edouard Philippe. Et lui de détailler son analyse : "Il apparaît désormais évident que Les Républicains et La République en Marche ne se confondent pas. C’est l’un des enseignements importants de ce scrutin".
D’autant plus, en effet, que les principaux candidats susceptibles de gripper les rouages du duel si souvent annoncé sont assez bien identifiés. "Si la droite parvient à présenter un candidat unique, il est probable que ce dernier double à la fois Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Il n’aurait même pas besoin d’être très bon pour cela : il lui suffit alors d’incarner l’alternative au président et à l’extrême-droite, puisqu’il s’agit aujourd’hui de deux repoussoirs. Il ou elle profiterait même – probablement ! – d’un report des voix de la gauche s’il apparaît comme le seul autre chemin crédible", analyse le chercheur, pour qui ce scénario n’est pas improbable.
"En soit, c’est donc essentiellement un problème d’ambition personnelle. Les trois candidats que constituent Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand ne sont pas très durs à rapprocher…", ajoute-t-il.
La gauche aussi, en théorie, pourrait voler à Emmanuel Macron le deuxième tour. Cependant, ce scénario est loin d’être aussi plausible…
"Si, par miracle, la gauche parvient à se regrouper derrière un candidat ; on pourrait alors envisager un tel déroulement des faits. Seulement, la gauche ne bénéficie pas de mécanismes unificateurs et n’aura pas de candidat unitaire. En outre, tant qu’elle ne sera pas en mesure de présenter une martingale simple et concrète, comme l’ont fait tous les dirigeants de gauche un jour élu, elle ne saura gagner l’électorat populaire. Il lui faut donc de nouvelles 35 heures…", juge l’universitaire.
Quid dès lors d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen ?
Pourrait-on déloger Marine Le Pen du second tour de l’élection présidentielle ?
"L’échec du RN lui a donné des ailes. Il était devenu intenable", explique un collaborateur d’Albin Michel, l’éditeur d’Eric Zemmour, à France Info. Le polémiste, semble-t-il, est persuadé que son heure politique est arrivée. Il a donc accélérer sa campagne de sorte à pouvoir se présenter en 2022. "Nous avons eu un échange très franc avec Eric Zemmour, qui m’a récemment confirmé son intention de s’engager dans la présidentielle", a d’ailleurs fait savoir le président de la maison d’édition ; ce qu’a démenti l’éditorialiste de CNews.
Cependant, nombreux sont ceux qui attendent la candidature de l’ancien critique de Laurent Ruquier. Marine Le Pen n’en fait sans doute pas partie.
Pourtant, affirme Christophe Bouillaud, elle n’aurait pas grand chose à craindre d’une candidature Zemmour. "Je ne doute pas vraiment de la présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Sauf à ce que se développe un conflit interne au Rassemblement national, c’est son absence qui me semble assez improbable. La marque Le Pen n’est pas encore épuisée ; d’autant plus que Zemmour briguant l’Elysée reste avant tout une candidature médiatique", estime l’enseignant-chercheur.
Et lui de conclure : "Bien sûr, il va l’ennuyer. Mais au final, il lui servira tout au plus de faire valoir. Leurs discours ne sont pas les mêmes : l’un repose sur le seul racisme quand l’autre est nationaliste. En somme, il devrait donc lui ouvrir la porte à la dédiabolisation…"