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Espère-t-elle doubler Jean-Luc Mélenchon par la gauche ? Anne Hidalgo, qui a finalement décidé de briguer l’Elysée en 2022, s’est exprimée à plusieurs reprises sur la question des salaires. Et pour la maire de Paris, la question ne se pose pas : il faut revaloriser le travail ; payer davantage celles et ceux qui s’échinent au quotidien. Parfois bien davantage, indique BFMTV, qui a choisi de s’attarder sur la proposition "phare" de la socialiste à ce jour… Qui consiste à doubler le salaire de tous les enseignants. Un projet qu’elle détaille notamment dans son ouvrage présidentiel Une femme Française.
Alors que se clôturait récemment le Beauvau de la sécurité et que les sujets régaliens semblent s’imposer, d’autres figures à gauche tentent de creuser la place du social dans la phase de pré-campagne. Le patron des Insoumis, par exemple, plaide pour un retour à la retraite à 60 ans. Comme le souligne Ouest-France, il entend financer ce nouveau modèle de société - lequel implique de n'avoir aucune pension inférieure au niveau du Smic, rappelons-le - de deux façons. "Augmenter les cotisations", d’abord et "augmenter les salaires plus que les cotisations" ensuite, pour que personne "ne sente rien passer".
Retraite, salaire des enseignants… ces promesses qu’il ne faut pas croire pour 2022
Depuis ce genre de propositions, un certain nombre de figures politiques se sont élevées pour en critiquer la "démagogie". C’est le cas de Jean-Michel Blanquer, par exemple, qui estime qu’Anne Hidalgo promet plus qu’il n’est possible de faire. Philippe Crevel, économiste libéral et directeur du Cercle de l'épargne, n’en pense pas moins.
"Je ne sais pas si démagogue est le bon mot, mais force est de constater que ces propositions de réformes sont proprement populistes. Elles répondent à des attentes d’une partie de la population. Nul n’ignore, en effet, que la France est nostalgique de la retraite à 60 ans. De la même façon, le choix de gonfler les revenus des enseignants n’a rien d’anodin : c’est un signal envoyé à un électorat particulier. Le problème, dans un cas comme dans l'autre, vient du fait qu’il va falloir financer de telles dépenses pour qu’elles apparaissent crédibles…" tempère d’entrée de jeu l’expert.
Réduction du temps de travail, arrêt du nucléaire : les autres promesses dont il faut se méfier
Chez les écologistes, dont les moments les plus importants de la primaire se jouent actuellement, une proposition revient souvent : l’arrêt du nucléaire… qui s’accompagne parfois de la décroissance. "Une belle idée… sur le papier", estime pour sa part Philippe Crevel. "Le problème avec la décroissance, c’est que c’est l’assurance de générer de la pauvreté et des inégalités. Les situations de récessions profitent rarement aux plus vulnérables… En outre, cela pose aussi des questions de financement de nos dépenses de santé, de formation, de retraite…", égrène l’économiste.
La réduction du temps de travail, telle que proposée par Benoît Hamon en 2017, constitue aussi un mirage aux yeux de l’expert. "Elle repose sur l’idée que le travail est un gâteau dont on pourrait se partager les parts. En principe, il apparaît évident que les 35 heures n’ont pas créé les millions d’emplois que l’on serait en droit d’attendre si c’était le cas", tranche Philippe Crevel, pour qui une telle mesure revient à "provoquer l’attrition de notre économie quand on a au contraire besoin de la voir s’étendre pour faire face à nos autres dépenses".
Cependant, la palme de la démagogie ne revient pas uniquement aux formations de gauche, juge l’expert. "Valérie Pécresse veut augmenter les salaires. Comment compte-t-elle procéder ? Jusqu’à preuve du contraire, l’Etat n’est pas en mesure d’imposer au privé les rémunérations qu’il souhaiterait voir appliquées. Si, en revanche, elle entend passer par des exonérations de charges sociales, il va falloir composer avec un déficit conséquent de notre économie", rappelle-t-il encore ; avant de pointer du doigt les propositions de Xavier Bertrand en matière de justice et de sécurité…
Retraites, salaires… Quels sont les problèmes avec de telles pistes pour 2022 ?
En théorie, les propositions de Jean-Luc Mélenchon ou d’Anne Hidalgo pourraient être financées. Cependant, la marge de manœuvre dont ils disposeraient une fois au pouvoir n’est pas large et, en pratique, la situation s’avèrerait donc complexe… pour dire le moins. "En augmentant les impôts où les charges sociales, on peut évidemment financer ces mesures… Mais, in fine, on aura tout de même un problème puisqu’il n’est pas possible de pousser ces taxes plus loin que le seuil de création de richesse à l’année. Et partir du principe que ce sont les riches qui paieront ne fonctionne pas : ils ont les moyens de partir. Les moins mobiles, c’est-à-dire ceux qui paient, ceux sont les français qui appartiennent à la classe moyenne", rappelle l’expert.
Les critiques en populismes sont parfois acceptées par les candidats ; quand celles et ceux-ci s’en nourrissent pour affirmer leur proximité avec l’électorat. Pour autant, affirme Philippe Crevel, la politique ne peut pas se limiter à ce seul aspect. "Il s’agit moins de faire plaisir sur le court terme aux gens et plus de porter une vision qui ne s’arrête pas le soir de l’élection. De projeter le pays sur l’avenir. Ces promesses, qui n’engagent que ceux qui les croient, peuvent parfois s’avérer dangereuses pour l’avenir de la nation".