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Six ans après. Ce lundi 16 octobre 2023 prend place le procès du MoDem, le désormais historique parti centriste longuement incarné par François Bayrou. Ce dernier devra répondre aux accusations de détournement de fonds du Parlement européen dont fait l'objet son parti politique, via l'affaire des assistants de ses députés européens. Ces faits auraient eu lieu entre 2005 et 2014.
Cinq longues semaines de jugement et puis s'en va ? Le patron du MoDem est donc jugé au côté de dix anciens cadres et élus centristes pour des soupçons de malversation de fonds publics. Si la tête d'affiche du parti centriste se dit "blessé" de cette enquête qu'il juge "infondée", il pourrait risquer gros. Son influence sur la scène politique française, mais également européenne pourrait prendre tournant penchant vers le tragique.
Une affaire qui lui coûte déjà cher
Il le sait, il joue gros. Cette instance qui débute ce lundi 16 octobre, lui avait déjà valu un poste important au sein du gouvernement, comme le rappelle Le Midi Libre. En 2017, il se voit obligé de laisser place au ministère de la Justice, alors qu'il venait tout juste d'être nommé par Edouard Philippe. Il prendra l'étiquette du Garde des Sceaux durant un tout petit mois, jusqu'au 21 juin de la même année. Malheureusement pour l'actuel maire de Pau, l'enjeu est bien plus important : si condamnation il y'a, l'inégibilité le guette.
Mais au final, cette affaire fait date, et beaucoup de monde se demande les faits qui lui sont réellement reprochés. La justice soupçonne des emplois fictifs d'assistants européens du MoDem au profit du parti centriste dirigé par François Bayrou. Rapidement, l'enquête détermine un système qualifié de "frauduleux". Comme le rappelle Le Parisien, cette procédure estime qu'il est "le décideur et le responsable de la mise en place et du fonctionnement".
Une mise en cause pas si concrète
Au final, on reproche au dirigeant du Mouvement Démocrate, qui ne roulait apparemment pas sur l'or, d'avoir, durant ces années, mis en place un système afin d'obtenir la "gratuité" des salaires d'assistants travaillant davantage pour le parti. Toutefois, même si l'enquête ne concerne pas que des centristes, permet d'évaluer à plus d'un million d'euros les fonds européens détournés, dont 118 000 euros au profit de l'Union pour la démocratie française et 230 000 euros pour le MoDem.
Cependant, les juges d'instruction constatent que l'enquête n'a pas mené à la "mise en lumière de l'enrichissement personnel des députés ou des cadres du parti", notamment des neuf qui seront sur le banc des accusés.
Une amitié exécutive remise en cause ?
Malgré tout, la blessure de ce jugement n'affaiblit pas son appétit de défense, dans l'attente d'un "moment de libération" pour sceller sa longue quête de rédemption. En effet, tout au long de l'enquête, il n'a eu cesse de se défendre, allant même jusqu'à dénigrer des témoins à charge, ou en comparant cette affaire à un règlement de compte. A ce titre, il nomme même Corinne Lepage, qui fut sa collaboratrice au MoDem de 2007 à 2010.
Si la défense psychologique et de parole seront sans doute au rendez-vous, François Bayrou peut également compter sur un soutien de taille. Ses liens directs avec l'actuel président de la République ne l'aideront pas certes, mais jouent un rôle majeur dans la détermination du maire de Pau à se sortir de cette mauvaise période d'un peu plus d'un mois. "Les deux hommes échangent au moins trois fois par semaine, rappelle le JDD. Leur relation est spéciale, Bayrou a un statut particulier", estime même un proche du Président.
Au delà de cette proximité avec l'actuel chef de l'Etat, l'idée d'incarner un jour le pouvoir exécutif trotte toujours et encore dans la tête de celui qui sera âgé de 76 ans au moment des prochaines élections présidentielles.