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Ce jeudi 16 mars, Elisabeth Borne a engagé la responsabilité de son gouvernement pour faire passer la réforme des retraites en utilisant l’article 49.3 de la Constitution. Après plusieurs semaines de mobilisation et de débats houleux, les qualificatifs ont été nombreux à pleuvoir sur le ministre du Travail en charge d’un des dossiers les plus impopulaires de la présidence d’Emmanuel Macron. "Punching-ball", "traitre", "imposteur", "assassin"… Mais qui est Olivier Dussopt ?
Selon certains de ses proches, sa discrétion relève presque du "culte du secret". "Je ne ferai pas la couverture de Paris Match en train de faire la cuisine. Chacun a son jardin privé et je considère que l'endroit où je vais en vacances n'intéresse personne", déclare-t-il. Pourtant, il a accepté de se confier à nos confères de France Info, dans son bureau de la rue de Grenelle, vendredi 10 mars, à Paris. L’occasion de revenir sur son parcours.
Olivier Dussopt : plus jeune député de France en 2007
L’homme de 44 ans a connu plusieurs semaines intenses depuis le début du travail législatif sur la réforme des retraites. Il lui a fallu faire plusieurs sacrifices . "Je suis parfois obligé de faire l'impasse le matin sur ma séance d'abdos." Il révèle aussi à nos confrères de France Info se passer de télévision et de lecture depuis plusieurs jours et ne dormir que trois ou quatre heures par nuit.
Il faut dire qu’Olivier Dussopt est connu pour son importante capacité de travail. Plus jeune député de France en 2007 à 29 ans, il fait ses premières armes au sein du Parti socialiste. Son chemin vers le ministériat a été long et difficile.
Olivier Dussopt : jeune loup du Parti socialiste
"Je sais ce que c'est qu'être un transfuge de classe. Rien dans mon parcours ne me prédestinait à devenir ministre ou député", déclare Olivier Dussopt à nos confrères de France Info.
Né dans une famille modeste, à Annonay (Ardèche), le jeune homme se confie à Libération en 2007 au moment de son élection comme député. Il est alors le benjamin de l’Assemblée. Ce fils de carrossiers n’oublie pourtant pas d’où il vient, se disant "un pied à Paris, un pied en Ardèche." Il s’est forgé une carapace suite à la perte son frère en 2004, dans un accident de moto, et celle de son père en 2006.
Lycéen brillant, il est orienté vers Sciences Po Grenoble par un de ses professeurs. "J'ai tout de suite senti son intention d'aller vite. Il est doué, impatient. La politique, c'est toute sa vie", se rappelle le conseiller régional (PS) de l'Ardèche Hervé Saulignac. "Il a commencé sa carrière avec mordant, en allant chercher ses premiers mandats avec les dents."
En 2011, tout s’accélère pour le jeune député qui est nommé porte-parole de la campagne de Martine Aubry lors de la primaire. En 2016, il devient un des porte-parole de campagne de Manuel Valls. Au fil des ans, il s’affirme comme un travailleur acharné. "C'est un gros travailleur, presque un robot, sa vie est réglée comme du papier à musique", décrit un de ses anciens camarades du PS à nos confères de France Info.
En 2017, il est nommé secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, dans le second gouvernement Édouard Philippe. Il travaille sur la réforme de la fonction publique en 2019. En 2022, il est nommé ministre du Travail dans le gouvernement Élisabeth Borne et travaille sur la réforme de l’assurance chômage.
Puis, vient le tour des retraites. "Quand il m'a dit qu'il allait gérer le dossier 'retraites', je lui ai dit : 'Tu es complètement fou' ! Mais il voulait le faire. Cette loi est trop compliquée. Il n'y a qu'un Olivier Dussopt pour maîtriser ça, avec son caractère tatillon et minutieux", admire un ami d’Ardèche.
Olivier Dussopt : le bouc émissaire du gouvernement ?
"Il ne se plaint pas pour rien, il ne crée pas de problèmes et essaye de trouver des solutions", confie Edouard Philippe à nos confrères de France Info. Sûrement les raisons pour lesquelles il s’est vu confier un dossier aussi complexe que celui de la réforme des retraites. "Il a très peu perdu pied, alors que tout a été fait pour le couler", reconnaît le député Stéphane Viry (LR).
"Il a un peu servi de punching-ball", déclare un député PS. Les attaques ont été nombreuses. Une grande partie d’entre elles provenaient des députés de gauche. Le député Thomas Portes (LFI) a posté sur les réseaux sociaux une photo où il pose le pied sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail. Aurélien Saintoul, député LFI, a lui qualifié Olivier Dussopt d’"imposteur" et d’"assassin".
Le ministre a perdu son calme à la fin des débats à l'Assemblée, apostrophant les députés LFI, la voix cassée. Revenant sur l’évènement avec nos confrères de France Info, il déclare : "Il y a de la fatigue, du ras-le-bol, de la tension et une voix complètement foutue. Et il y a de la colère, car je savais que cela faisait des semaines que les députés LFI voulaient me faire craquer."
Les députés LFI sont notamment revenu sur ses prises de position passées, à l’opposé de celles qu’il défend désormais avec la réforme des retraites. "Les accusations de trahison se sont calmées au fil du temps, mais la réforme des retraites les a relancées. Avec ce texte, il ne peut plus faire illusion", souligne un député PS.
Olivier Dussopt : "traître à la cause sociale"
Au cours de sa carrière politique, Olivier Dussopt a navigué au sein de divers courants de gauche. En novembre 2017, il tourne définitivement le dos au PS quand on lui propose le poste de secrétaire d'Etat. Il hésite cependant un temps. "A l'époque, il m'appelle pour me dire : 'Je fais quoi ?' Je lui réponds : 'Tu sais très bien ce que tu vas faire', mais je l'avertis aussi qu'il va prendre des coups", raconte un député PS au micro de France Info.
Les accusations de trahison n’ont cessé de se multiplier. Olivier Faure, patron du PS, lui a lancé, depuis la tribune de l’Assemblée, "J'ai honte pour vous". Sur Twitter, la députée LFI Manon Aubry a écrit : "Il mérite son trophée de traître à la cause sociale".
Le jeune député socialiste Inaki Echaniz a récité, mot pour mot, un discours qu’Olivier Dussopt avait tenu alors qu’il était un jeune député PS. A l’époque, il s’opposait lui-même à une réforme des retraites portée par le gouvernement Fillon. "La séquence a mieux marché que je ne l'espérais, car elle montre bien à quel point, il a mis toutes ses convictions de côté pour un maroquin ministériel", condamne Inaki Echaniz au micro de France Info.
Olivier Dussopt reconnaît avoir "évolué" sur ses positions après le quinquennat Hollande. Lui qui déclarait en 2007 à nos confrères de Libération, vouloir être un député "clairement de gauche. Se demander qui on est, quelle est la base de nos convictions, puis définir nos marges de manœuvre, oui. Mais renoncer à nos valeurs pour aller vers une conversion forcée au social libéralisme, je refuse".
Alors qu’il avait dénoncé le "mépris" d’Emmanuel Macron en 2014, quand il avait qualifié les ouvrières de Gad d’"illettrées", il semble désormais entretenir de bons rapports avec le chef de l’Etat. "C'est avant tout mon chef, celui que j'ai choisi de servir. Mais c'est aussi un homme attachant, prévenant et j'apprécie sa confiance", explique Olivier Dussopt.
Après la réforme des retraites, le ministre du Travail se projette déjà sur la loi immigration et la loi sur le "plein emploi". Toutefois, depuis l’engagement de la responsabilité du gouvernement Elisabeth Borne avec le recours à l’article 49.3 de la Constitution, un remaniement pourrait contrecarrer ses projets.