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Reculer pour mieux sauter ? Le Premier ministre Jean Castex a fait une frayeur aux Français vendredi 29 janvier en prenant la parole depuis l’Elysée, juste après le Conseil de défense. Alors que les rumeurs d’un troisième confinement s’intensifiaient depuis plusieurs jours, le locataire de Matignon y a mis un terme en annonçant de nouvelles restrictions, mais pas une mise sous cloche. Les mesures concernent principalement les commerces, puisque les galeries marchandes et centres commerciaux de plus de 20 000 m² ont dû fermer leurs portes, sauf les magasins alimentaires. Les boutiques de prêt-à-porter, les fleuristes, les librairies, les bureaux de tabac s’y trouvant ont dû eux aussi baisser le rideau.
Reconfinement : la situation sanitaire ne s'y prête pas
Le gouvernement a donc décidé de laisser sa chance au couvre-feu avancé, mis en place dans l’ensemble du pays il y a un petit peu plus de deux semaines. Si ce choix est inattendu, c’est aussi la réflexion l’ayant précédé qui étonne quelque peu. L’allocution de Jean Castex a en effet été la conclusion d’une semaine chaotique sur le plan de la communication : cacophonie, informations contradictoires… Le reconfinement était au cœur de toutes les interviews et de toutes les questions posées au gouvernement. Alors que la presse évoquait en fin de semaine dernière un confinement hybride voire "très serré", comment expliquer le choix final d’Emmanuel Macron ?
Selon LCI, plusieurs critères ont été pris en compte lors des discussions autour d’un reconfinement. Le premier concerne la situation sanitaire : comment justifier que l’on confine le pays lorsqu’il y a 30 000 contaminations de moins par jour qu’à la fin du mois d’octobre ? Si de nombreux médecins ont plaidé ces derniers jours pour un reconfinement, parfois strict, du pays, le gouvernement a joué la montre. Citée par LCI, une source gouvernementale explique : "Ils se sont appuyés sur des projections de vitesse de reproduction du variant qui montrent qu’à la mi-mars seulement, on peut atteindre une situation critique (…) Donc on se dit qu’on a encore un peu de temps et qu’on peut essayer quelque chose". Et si les Français n’avaient tout simplement pas accepté un nouveau confinement ?
Reconfinement : éviter la "désobéissance civile" ?
Un an de pandémie, deux confinement, plusieurs mois de couvre-feu… Les Français sont fatigués de la situation sanitaire et ils le montrent de plus en plus. Cité par Le Figaro, un proche d’Emmanuel Macron rappelle que "le confinement n’est une option qu’à partir du moment où il n’en reste aucune autre". Selon le quotidien, plusieurs de ses conseillers l’ont prévenu qu’un confinement préventif pourrait être mal perçu par les Français, le terme de "désobéissance civile" étant même utilisé en privé par Christophe Castaner. Emmanuel Macron a donc voulu préserver le moral du pays en ne confinant pas une troisième fois, expliquant samedi sur son compte Twitter : "J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble". Le chef de l'Etat prend pourtant un risque politique avec cette décision, mais il est calculé. Explications.
Reconfinement : le pari politique d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron est le maître des horloges, mais la pandémie de Covid-19 l’a un peu fait oublier ces derniers mois. Alors qu’une allocution officielle était prévue pour le dimanche 31 janvier ou le lundi 1er février, le président s’est repositionné en tant que chef d’orchestre vendredi 29 janvier. En choisissant de ne pas reconfiner, Emmanuel Macron a aussi rappelé qu’il écoutait les scientifiques, mais prenait lui-même les décisions politiques. Il s’est placé où on ne l’attendait pas, surtout après une série de rumeurs ces derniers jours. Son pari sera-t-il payant ? Le gouvernement a plus que jamais les yeux rivés sur les chiffres de l’épidémie, en espérant ne pas s'être trompé. Les prochaines semaines le diront.