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Dans un communiqué publié aujourd’hui, le maire frontiste Steeve Briois condamne une "attitude moralisatrice, intolérante et stigmatisante". L’édile parle de la décision de la compagnie de théâtre Tandaim d’annuler son passage à Hénin-Beaumont, prise par le FN dès le premier tour des municipales en mars dernier.
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La compagnie originaire de Cannes a décidé de ne pas honorer la ville frontiste de sa visite pour des raisons politiques. "L’élection d’un maire FN dont la première action est de fermer les locaux de la Ligue des droits de l’homme est rédhibitoire. Cette absence d’humanisme est incompatible avec une politique culturelle cohérente" a indiqué le guitariste de la troupe à La Voix du Nord qui a révélé l’affaire. Le maire d’Hénin Beaumont a beau fustiger cette "police de la pensée", cette annulation révèle le rapport particulier qui existe entre le monde de la culture et le Front National.
La menace d’annulation de spectacles
L’un des affronts culturels les plus emblématiques est celui de Patrick Bruel qui avait exprimé dans les colonnes de Technikart son refus de se produire "devant une institution dont (il) méprise l’idéologie". Cette prise de position lui aurait d'ailleurs valu une "fournée" pour Jean-Marie Le Pen...
Autre opposition très médiatique, celle d’Olivier Py, directeur du festival d’Avignon. Entre les deux tours, alors que la cité des papes voit un candidat frontiste au second tour, le patron du plus célèbre festival de spectacles français avait alors menacé de délocaliser les festivités en cas de victoire frontiste.
Dernier exemple, un peu moins exposé dans la presse, la délocalisation d’un festival de musique électronique initialement prévu à Beaucaire (Gard) en raison de la victoire du FN en mars dernier. Les mairies acquises au Front National ont inéluctablement du mal à conserver dans leur intégralité les programmes culturels initiés avant l’arrivée des édiles frontistes. Mais à l’image de Steeve Briois qui dénonce une "attitude capricieuse" de la part des artistes, les cadres frontistes ont la mémoire courte oubliant que le FN a, de son côté, fait annuler bien souvent des spectacles ou encore bafoué à de nombreuses reprises le travail des artistes.
Quand le FN censurait les artistes
Une enquête du magazineCausette rappelle comment la politique culturelle du Vitrolles de Catherine Maigret en 1997 avait largement souffert de la censure. Deux exemples sont particulièrement évocateurs.
Premièrement, la fermeture pendant six ans du cinéma des Lumières à cause de la diffusion du film "Dix histoires d’amour au temps du sida" qui a débouché sur le licenciement de la directrice car le film faisait selon la mairie "la promotion de l’homosexualité". Puis, la fermeture de la salle de concert "Le Sous Marin", qui a vu passer sur ses planches NTM et Noir Désir, brusquement privée de subventions et donc condamnée à mettre la clé sous la porte.
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Ce qui se faisait à cette époque existe encore malgré la dédiabolisation souhaitée par Marine Le Pen. Le maire FN du Luc-en-Provence (Var) vient par exemple d’obtenir l’annulation d’un festival de musique électronique a rapporté récemment Nice Matin. Comme le rappellent nos confrères du Figaro "il suffit de citer le programme du parti aux dernières municipales qui n'hésitait pas, par exemple, à prévenir que 'rap et techno, qui ne sont pas des expressions musicales' seraient 'évidemment privés de 'tout soutien public'". Voilà qui est clair.
Les heurts entre monde culturel et Front National ne font que commencer. Et ce n’est pas en repeignant sur l’œuvre d’un artiste sans le prévenir que les choses iront en s’arrangeant...