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Les images ont fait le tour du monde. Emmanuel Macron a été giflé alors qu’il se rendait à Tain-l’Hermitage (Drôme, Auvergne-Rhône-Alpes), le mardi 8 juin 2021. Cette commune faisait partie des étapes prévues par le président qui vient d'entamer un tour de France pour célébrer la dernière phase du déconfinement de la nation. A l’occasion d’un bain de foule, il a été frappé par Damien Tarel, un jeune homme de 28 ans, proche de l’extrême-droite "sans en être un militant actif", indiquent nos confrères de France Info. Son agresseur est aussi identifié comme un féru du Moyen-Âge, vivant "dans la nostalgie d'une certaine France du passé", insistent-ils. Il est effectivement le président d’une association d’arts martiaux médiévaux.
Pour autant, si secoué ait pu semblé être Emmanuel Macron, le chef de l’Etat n’entend pas reculer, informe Le Figaro. Ce dernier compte donc sur une "communication maîtrisée" pour prouver combien il est toujours prêt à en découdre. "Manière de montrer que le léger coup qu’il venait de recevoir au visage ne l’avait pas sonné, mais plutôt stimulé", commente le quotidien national rangé à droite. Il s'agit donc de donner à voir un président combatif, toujours prêt à relever les défis et à monter sur le ring. Et, pourquoi pas, tirer quelques avantages de cette séquence qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Emmanuel Macron giflé : à qui profite le coup ?
Une chose est sûre : ce n’est pas à Damien Tarel que ce coup profitera le plus. Ce dernier, qui reconnaît ne pas apprécier le président, estime son acte "regrettable". Et a assuré que cela "ne se reproduira plus", devant les juges.
Que dire de l’agressé ? Emmanuel Macron pourrait-il récupérer le fruit de cet assaut ? Pas nécessairement, affirme le politologue Christophe Bouillaud, qui enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP, Sciences-Po) de Grenoble. Ou du moins, pas ainsi qu’il espère le faire. Explications.
Emmanuel Macron : ce qu’il aurait dû faire pour profiter de la gifle
"Emmanuel Macron n’est pas de ces présidents qui surplombent la société. Ses réformes ne profitent qu’à une partie de celles et ceux qui la composent et ce sont les seuls qu’il représente aujourd’hui. Par conséquent, il n’est pas au-dessus des partis, n’incarne pas l’union nationale", analyse Christophe Bouillaud, pour qui le caractère clivant du chef de l’Etat l’empêche de profiter politiquement de la situation.
En outre, la réponse choisie pourrait ne pas le servir, juge l’enseignant-chercheur. "Emmanuel Macron a décidé de relativiser la gravité de cet incident. Se faisant, il a choisi de ne pas répondre, de ne pas relever le défi. Tout au plus organise-t-il une réunion en urgence pour discuter de l’expulsion de davantage d’étrangers en situation irrégulière, alors qu’il aurait pu se lancer dans la dissolution de l’Action Française et des diverses associations royalistes, par exemple. Ce qu’il aurait probablement fait si son agresseur était l’un de ces ‘islamo-gauchistes’ avéré ou une militante décoloniale", observe encore le politologue.
Et lui de conclure : "l’absence de réponse donne assez mécaniquement un sentiment d’impunité. Reste à voir ce que fera la justice, qui risque soit de faire de Damien Tarel un martyr populaire, soit d’encourager ce genre de comportement, si elle ne trouve pas le bon arbitrage…"
Il a finalement écopé de quatre mois de prison ferme et de quatorze autres avec sursis, indique Voici.
Encourager (bien involontairement) à gifler le président : une nouvelle victoire pour l’extrême-droite ?
Si ce n’est pas Emmanuel Macron qui profite de la gifle, qui pourrait donc capitaliser dessus ? La réponse, estime Christophe Bouillaud, est assez évidente. "J’ai le sentiment que cet incident ne peut que bénéficier à l’extrême droite. Parmi les Françaises et les Français se trouvent un nombre conséquent d’individus qui se diront, à propos du président, qu’il l’avait bien mérité. Pour eux, la transgression que représente cette claque a un côté symbolique très libérateur", rappelle d’entrée de jeu le politologue.
"En outre, c’est l’occasion pour cette frange de l’extrême droite de sortir de la spirale du silence. Très régulièrement, les électeurs dont les positions sont qualifiées d’extrémistes sont marginalisés et ont le sentiment que personne ne partage leur mécontentement. Cette gifle prouve qu’il existe, que la colère est partagée. C’est un acte qui facilite leur projection", poursuit le chercheur.
"D’une façon générale, et cela se vérifie dans toute l’Europe, les actes de violences commis par des individus d’extrême droite profitent assez à leur famille politique. Pas nécessairement d’un point de vue partisan, mais il faut bien comprendre que l’extrême droite ne se limite pas aux seuls partis qui la représente pendant les scrutins. C’est aussi un véritable mouvement social, qui n’est pas organisé par en haut. Il y a une vraie réaction populaire de colère et de rejet de l’autre qui peut se retrouver dans ce type d’action", souligne encore l’instituteur, qui enseigne les sciences politiques à l’IEP de Grenoble.