La marge vous permettant de ne pas être flashé sur l’autoroute par les voitures radar serait bien supérieure à 130 km/h. Et c’est la sécurité routière qui le dit.
"Eric Zemmour vaut mieux que de devenir la Taubira du camp national", s’agaçait Marine Le Pen en avril 2021, alors que d’aucuns prêtaient à l’éditorialiste des ambitions élyséennes. Pour la fille du Menhir, le risque apparaissait alors très réel : elle craignait qu’il ne l’empêche "d’être présente au second tour" ou, à tout le moins, qu’il ne la prive de sa potentielle première place à l’élection présidentielle. Ce n’est, assure-t-elle dans les colonnes de L’Incorrect dont Le Parisien reprend les informations, pas moins important.
Preuve de plus de son inquiétude, l’héritière de Montretout s’est adressée à son père - Jean-Marie Le Pen -, à qui elle a demandé de discuter avec le polémiste connu notamment pour son passage sur le plateau de On n’est pas couché. Le patriarche, informe Le Point, s’est engagé à échanger sous peu avec Eric Zemmour, dans l’idée de le convaincre de se retirer d’un jeu dans lequel il n’est même pas encore engagé. La force du journaliste, notent nos confrères, c’est précisément ce flou qu’il entretient avec un savant plaisir. "Je ne postule à rien… pour l’instant", lançait-il en effet, à la manifestation organisée par les forces de l’ordre, le mercredi 19 mai 2021.
Eric Zemmour, un meilleur candidat pour l’extrême droite que Marine Le Pen ?
Le polémiste, semble-t-il, a beaucoup de ce qu’il faut pour effrayer Marine Le Pen. C’est en tout cas l’avis du politologue Olivier Rouquan qui s’est déjà exprimé sur la question dans nos colonnes. Comme d’autres candidats supposés dont les noms reviennent parfois dans les médias, Eric Zemmour pourrait incarner le choix d’un homme "hors-système", qui "situe sa notoriété, son charisme, dans une certaine veine politique qui captive l’opinion", explique l’expert. Avant de détailler son propos d’une brève énumération : "le sécuritaire, l’idéologie réactionnaire".
Pour cette première raison, estime-t-il, la plume du Figaro pourrait prétendre à des résultats électoraux conséquents. "Peut-être assez pour faire trébucher la candidate RN et la priver d’un accès au second tour. Tel serait l’intérêt de l’Élysée ou de la droite classique. Le problème à ce jeu, étant que rien ne préjuge de l’incapacité d’une telle candidature à bouleverser plus avant l’ordre d’arrivée du premier tour et pour le coup, à nuire aussi ou au candidat progressiste ou à celui de la droite classique…", détaille-t-il.
Eric Zemmour : un capital politique suffisant pour porter les couleurs de l’extrême droite en 2022 ?
Eric Zemmour, soutient Olivier Rouquan, pourrait potentiellement - la nuance est importante, tant le contexte est changeant - gagner le cœur d’une partie de l’électorat français. Il n’appartient pas au sérail politique et pourrait donc incarner un pied-de-nez fait au système. Théoriquement, du moins, il pourrait être plus simple pour l’électeur moyen de s’identifier à une figure qui n’est pas issue de cette caste de professionnels du scrutin.
Cela pourrait très bien ne pas être suffisant pour l’emporter ; ou même pour prétendre au titre de meilleure oriflamme de l’extrême-droite. La question du capital politique demeure essentielle. Et Eric Zemmour est-il en mesure de coiffer Marine Le Pen au poteau en la matière ? Rien n’est moins sûr.
En février dernier, l’Ifop se penchait précisément sur cette question ; en partenariat avec Valeurs Actuelles. L’institut de sondage concluait alors que "l’éditorialiste n’arrive pas à élargir la base de ses soutiens". "Ainsi, 13% des Français déclarent qu’ils pourraient voter pour lui", apprend-on. Parmi eux, 4% le feraient "certainement" si c’était chose possible. Ce n’est pas assez pour concurrencer la fille du Menhir ; mais bien plus qu’il n’en faut, en effet, pour l’affaiblir.
Eric Zemmour : prêt à se lancer pour 2022 ?
Eric Zemmour, rappelle Emmanuel Rivière (directeur général France de l’institut Kantar), fait l’objet de peu de sondages. Dès lors, il reste complexe d’estimer avec précision son véritable capital politique. Il apparaît cependant évident que 700 000 téléspectateurs seuls ne suffisent pas à remporter une élection.
L’égérie de Cnews en a visiblement conscience. Robert Ménard, l’un de ses amis, déclare en effet, qu’il "a une prise de conscience de la difficulté de l’entreprise". "Il mesure que c’est très compliqué", explique encore le maire de Béziers, dont les propos sont repris dans les colonnes du Parisien. D’autant plus que Marine Le Pen apparaît plus forte que jamais.
Certains éléments continuent cependant de semer le doute. Ainsi, explique L’Express, le polémiste travaille sur son équipe de campagne. Il en accélère les recrutements.
"Plus Marine Le Pen est confortée dans les sondages, moins Eric a de l’espace. Être candidat, c’est une idée qu’il a encore dans sa tête. Mais il ne prendra de toute façon aucune décision avant la sortie en septembre de la suite du Suicide français (Albin Michel)", explique pour sa part l’une de ses proches.